Le Souverain Gelé - Tome 1 [En Cours]

Partie II - Chapitre 4.1 : Les Orphelins de Kalya (1)

Une dague se planta soudainement sur une table de bois, empoignée par une main ferme et masculine.

Les yeux rivés sur le bout de la lame, il rêvait de colère, de vengeance et de haine. Il était empoisonné par les souvenirs de ses camarades hurlant à l'agonie, se vidant de leur sang ou brûlé vif.

Tout cela pour assouvir la soif sanguinaire du Souverain du Sud.

Combien de temps encore ? Combien de sacrifice devront-ils encore regarder avant de pouvoir sentir le goût de la liberté ?

— Terseth, le repas est prêt, interrompit soudainement une voix basse.

Le dénommé leva ses yeux d'amandes vers le jeunot au pas de sa porte. Un garçon d'une vingtaine d'année, peut-être plus encore, pourvu d'un regard déterminé malgré la fatigue qui ornait son visage.

Les joues creuses prouvaient qu'il ne mangeait pas beaucoup. Il espérait qu'il ne soit pas malade, malheureusement il était courant dans les quartiers abandonnés des Sables Noirs que la maladie l'emporte sur les plus faibles.

Terseth soupira et releva ses cheveux raide mi-longs noirâtre vers l'arrière. Comme la plupart des habitants des sables noirs, sa peau était foncée, adaptée à la chaleur du Roi de Lumière. Pourtant, au fil des années, il avait l'impression que l'air se refroidissait de plus en plus.

Le flocon qu'il avait aperçu l'autre jour lui avait arraché un hoquet de stupeur.

La tempête était pourtant loin, mais il s'agissait d'un signe évident qu'elle viendrait tôt ou tard... comme si elle narguait les Sables Noirs, se moquant de leur passivité face au véritable danger.

Terseth passa une main sur l'une de ses cicatrices sur le visage. Il sentit les rides de sa peau traduisant les hinvels passées, puis croisa ses doigts entre eux en observant toujours le jeunot qui n'osait bouger ni répondre.

L'apparence du chef se révélait intimidante, parfois hostile lorsqu'on ne le connaissait pas : un colosse au regard froid et au visage fermé. Pourtant, le garçon le guettait précieusement, des pépites d'émerveillement brillant dans ses yeux.

— Tu attends quoi ? grogna Terseth d'une voix forte.

— Euh... ben... vous ? osa-t-il d'un ton gêné.

— Je n'ai pas besoin de toi pour aller me nourrir, il me semble.

— Votre repas va refroidir, chef... s'inquiéta le garçon.

Terseth leva ses yeux foncés pour le scruter, ce qui figea le garçon. Il finit par souffler et posa ses pieds sur la table en se calant contre le dos de son fauteuil, comme s'il allait s'assoupir.

— Euh... chef ? hésita le jeune homme.

— T'as qu'à le manger avant qu'il refroidisse.

— Mais... j'ai déjà mon repas, fit-il remarquer en haussant ses sourcils.

— T'es sourd ou tu veux me faire répéter ? gronda l'homme en abaissant un regard perçant vers lui. Prend ma part, ce n'est pas moi le malade ici.

— Mais...

Un couteau siffla aux oreilles du garçon qui se figea sur place. Il déglutit en tournant la tête vers la lame ricochant contre le mur et tombant par terre.

— Si tu ne veux pas te nourrir, autant que je te tue tout de suite ! menaça Terseth en se levant. On n'a pas besoin de personnes aussi faible que toi dans les rangs. Alors soit tu manges ma putain de part, soit je te tranche la gorge. Cela me fera une bouchée en moins à nourrir. Le message est-il plus clair ?