Le Souverain Gelé - Tome 1 [En Cours]

Partie II - Prologue 1.2 : L'Ombre d'une Souveraine

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Elle passa sa langue sur une perle rouge proche de sa bouche. Puis elle abaissa ses yeux vers la mare de sang. Elle y trempa son index, s'approcha de sa coiffeuse et s'installa devant son miroir aux royales bordures. Elle laissa glisser son doigt ensanglanté sur ses lèvres, puis s'admira un instant.

— Oh... C'est beau, s'émerveilla-t-elle devant son reflet.

Soudainement, la porte de sa chambre s'entrouvrit doucement. Un homme, portant une longue toile blanche décorée de brochures couleur soleil, entra en souriant tout en fermant la porte derrière lui.

— Encore une autre tentative d'assassinat échoué, princesse Serevith ?

La dénommée Serevith détourna la tête vers lui. L'homme en face d'elle était âgé d'une quarantaine d'hinvel et était dépourvu de chevelure sur son crâne. Ses joues se révélaient creusées, laissant ressortir ses os malaires.

Son nez était loin d'être fin et gracieux, mais malgré son air tordu loin des critères de beauté, il dégageait un certain charme sournois. En dépit de son corps assez corpulent, il était assez grand et robuste.

Il l'observait la princesse d'un air bienveillant, mais ses yeux ressemblaient à ceux d'un serss.

Elle se tourna vers lui sans se lever de son siège et croisa ses jambes, haussant les épaules d'un air détendu.

— À vous entendre, je pourrais croire que vous êtes déçu, Maître Setith des Apôtres.

— Quelle saugrenue idée, damoiselle Serevith, indiqua-t-il en souriant en coin.

— Pourtant, ne saviez-vous pas qu'il allait venir ?

Elle leva ses yeux vers lui avec un sourire mesquin. Il s'en amusa et s'inclina respectueusement.

— Vous étiez si prise dans votre mélodie que je n'ai osé vous interrompre. Et puis...

Le regard de Setith glissa sur le cadavre d'un air intéressé.

— Je savais bien que vous n'auriez pas besoin de moi...

Serevith pencha la tête sur le côté en étirant ses coins de lèvres, alors qu'il s'agenouilla devant elle en lui prenant délicatement sa main blessée.

— Mais vous devriez faire plus attention, intima-t-il en retournant la paume de main vers le ciel. Vous restez humaine.

— Quelle importance puisque je ne ressens rien ?

Les yeux de l'Apôtre se levèrent vers le visage de la princesse qui exprimait un cynisme effarant qui le faisait frémir d'émerveillement.

— Il est vrai que la déesse vous a offert une bien étrange bénédiction... murmura-t-il.

— Ou une malédiction, haussa-t-elle des épaules.

— Il ne tient qu'à vous de choisir votre vision de la réalité, princesse.

Elle l'observa d'un air pensif, puis détourna ses yeux vers le balcon ouvert qui leur offrait un magnifique tableau d'art sur les dunes du royaume : un océan noir immobile, sous un plafond de diamant scintillants.

— Il arrangerait certaines personnes que vous disparaissiez dès maintenant, votre Altesse... J'espère que vous en êtes consciente.

Serevith détourna un regard vif et perçant vers lui, tandis que son visage révélait une expression rieuse.