Lust

Chapitre VI : Fruit défendu

La tête dans les étoiles, j'écoutais à peine ce que Scarlett me disait. Elle faisait de mon visage, de mes cheveux son œuvre d'art.

- Allô ? Tu m'écoutes ?

- Oui, oui, mentis-je, sans remords.

- Kiana, c'est de notre marque dont on parle là !

- Je sais, je t'écoute !

Depuis quelques mois maintenant, Scarlett et moi avions commencé à travailler sur la création d'une gamme de maquillage de qualité et abordable. Ce soir était le grand soir. Un cocktail avait été organisé pour que nous puissions présenter nos produits dans les règles de l'art. Quelques célébrités, plusieurs journalistes et influenceurs avaient été conviés.

Toujours fidèle à son poste, Alexander m'avait ignoré pendant plusieurs jours depuis notre escapade à Hawaii. La distance qu'il avait réussie à mettre entre nous depuis qu'il travaillait pour moi n'avait jamais été aussi pesante. Pourtant, je lui plaisais... Et moi, je le désirais comme je n'avais jamais désiré qui que ce soit.

- Je vais te mettre un peu plus de fard à paupières... Ne bouge pas... Voilà, parfait ! Tu es parfaite !

- Merci, je vais me changer.

Lorsque j'eus terminé d'enfiler ma tenue, Alexander frappa à la porte de ma chambre d'hôtel. Scarlett le fit entrer.

- Elle est prête !, dit-elle en parlant de moi.

Ils échangèrent un regard complice ce qui me laissa perplexe. Scarlett quitta la chambre pour rejoindre la sienne me laissant seule avec mon garde du corps.

- On devrait pouvoir partir dans une quinzaine de minutes.

- Très bien.

Je m'assis sur le lit minutieusement fait par la femme de chambre quelques heures plus tôt. Alexander évitait mon regard par tous les moyens possibles. Pendant qu'il guettait la rue par la fenêtre, je le contemplais supportant péniblement son silence.

- Ton téléphone n'arrête pas de vibrer, dit-il alors que celui-ci se trouvait à l'autre bout de la pièce.

- Ah bon ?

J'allai donc vérifier s'il disait vrai : c'était mon ex qui m'harcelait.

- C'est Niran.

Il ne réagit pas, concentré sur ce qu'il se passait dehors. Il garda cette attitude durant toute la soirée ce qui amplifia considérablement ma frustration. Je me mis donc à douter de notre entente professionnelle...

***

Deux semaines après le lancement de notre marque, Scarlett et moi avions pu faire la promotion de nos produits à Paris. Par la force des choses, Camila avait réussi à entrainer Scarlett, Lucy Riviera et moi-même dans un bar où un célèbre rappeur se produisait.

Ce soir-là, j'eus à expérimenter le remord, la honte et la paranoïa, tout à la fois. Lucy Riviera ne se doutait pas que son petit-ami si parfait aux yeux de tous avait échangé ses fluides corporels avec les miens. Personne ne s'en doutait d'ailleurs... Avec Alexander posté dans un coin quelque part, je tentais de mettre de la distance entre elle et moi.

Vingt-quatre heures plus tard, je me retrouvai dans un avion qui se dirigeait vers le territoire américain.

- C'est bon, R.A.S. !, m'annonça Alexander après avoir inspecté la maison.

- OK... Tu peux rentrer chez toi, merci. Je n'ai rien de prévu pour le weekend qui vient donc normalement... je n'aurais pas besoin de toi. Je t'appellerai si jamais...