Chapitre XXVII : Rouge

754 38 8
                                    

J'attendais patiemment que l'heure tourne. La veille, Hayley m'avait transmis le courrier des fans auquel j'avais accordé une importance et un temps considérable. Tenant le dernier d'entre eux entre les mains, j'attendais donc que l'heure tourne.

A neuf heures pile, celui que j'attendais me libéra de cette attente interminable.

- J'ai réservé une petite maison près de Topanga. J'espère que ça va te plaire...

Il avait cessé de regarder la route pour examiner ma réaction.

- Ça me plaira.

Lorsque nous avons atteint la région du Topanga Canyon, ce qui se présenta à moi déterra un souvenir que j'avais enfoui à l'intérieur de mon esprit troublé, sans que je ne puisse comprendre comment... J'avais perdu son enfant. J'avais, malgré ma volonté, failli à la tâche. A partir de ce moment, ce souvenir et la culpabilité qui l'accompagnait s'accrocha à ma peau, plus tenace que jamais.

- Tout va bien ?

Je secouai la tête pour lui dire oui.

- Tu es plus bavarde que ça d'habitude.

- Et toi, moins bavard.

- C'est vrai... Ce n'est pas ce que tu voulais ? Que j'arrête de me braquer, de me fermer comme une huître ?

- Si. Ça me fait plaisir... Tu... tu... aimerais avoir des enfants, un jour ?

- Quoi ? Pourqu-

Il réfléchit un instant.

- Non, pas vraiment. J'veux dire... ça ne fait pas partie de mes projets de vie. Concrètement...

La question que je lui avais posée n'était qu'un prétexte. Pendant ce temps, j'avais laissé un peu de place à la culpabilité ce qui, à force, causa une montée de larmes qui finit par s'écouler sur mes joues.

- Tu pleures ? Kiana ? Ne me dis pas que tu pleures...

J'avais tourné la tête vers la vitre et il avait sa réponse. Mes lunettes de soleil n'avaient rien dissimulé.

- Pourquoi tu pleures ?, insista-t-il en me prenant à nouveau la main.

- C'n'est rien...

Visiblement insatisfait de ma réponse, il s'arrêta sur le bas-côté de la route encadrée d'arbres, dès qu'il put.

- Kiana ? Qu'est-ce qui se passe ?

Une larme récalcitrante se libéra sans mon consentement.

- Tu veux rentrer ?

- Non, j'ai envie de rester avec toi...

- C'est cette histoire d'enfant, c'est ça ?

Je secouai la tête. Il me connaissait parfaitement.

- Je m'en veux tellement, Alexander !

- Je m'en veux, moi aussi. Si je n'avais pas... sorti mon arme, si j'avais gardé mon calme, tu n'aurais peut-être pas stressé comme ça... et... et... tu n'aurais peut-être pas perdu le bébé. Et si Niran n'avait pas été là... tout ça ne serait peut-être pas arrivé.

Ce qu'il m'avoua me permit de voir la situation autrement. Cette fois, je la voyais de son point de vue, à lui. Avec ses yeux et son ressenti.

- Ensuite, j'ai compris que ce n'était la faute de personne. Tu avais un bout de cuivre dans l'utérus et le bébé n'a pas survécu à ça, c'est tout. C'était inévitable...

Il baissa le son de la radio, repoussa ses cheveux courts avec ses lunettes solaires et plongea ses yeux dans mes yeux humides.

- Je ne t'en veux pas. Personne ne t'en veut. Alors tu devrais arrêter de t'en vouloir de cette manière. Tu te fais bien trop de mal.

LustOù les histoires vivent. Découvrez maintenant