Chapitre II : Elias Turner

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— Kiana ?

— Oui, je suis prête.

Mon assistante, Hayley, me rappela qu'il était l'heure. J'avais été conviée à l'avant-première d'Eternal, un film avant-gardiste utopique réalisé par une des cinéastes les plus en mode du moment, à New York. Cette fois, j'avais opté pour une robe en crayon confortable, pratique et charmante que Scarlett avait immédiatement approuvé. Au diable les longues robes de cocktails qui ne permettaient aucun mouvement !

— Je déteste les flashs d'appareils photos !, avouai-je à Hayley qui m'indiqua le chemin.

Durant une bonne dizaine de minutes, j'avais dû m'exhiber face à tous ces photographes et journalistes. Dieu merci, j'en avais fini. Pour cette fois.

Après une projection d'une heure et demi, j'eus à répondre aux questions indiscrètes sans queue ni tête d'un journaliste sexiste qui ne connaissait rien à mes principes. Puis, suivirent les présentations et les félicitations hypocrites. La chance de rencontrer l'acteur principal d'Eternal à l'after-party se présenta à moi : je ne pus ignorer son charme. Le temps qu'il m'accorda fut bien plus que plaisant.

— Kiana ?

Alors que je venais de me trouver un coin loin des conversations bruyantes, on m'aborda.

— Elias...

— Content de te voir.

Il jeta un coup d'œil au verre que je tenais et moi au costard qu'il portait.

— Et ce film, tu l'as trouvé comment ?, me demanda-t-il, l'air curieux.

— Spécial. Mais, très intéressant. Et toi ?

— J'ai beaucoup apprécié mais je suis d'accord avec toi, c'était spécial.

Il gloussa laissant place à un certain malaise pendant que je l'examinais, ce qui n'était pas moins embarrassant.

— Tu... tu n'es pas accompagné ?

La question que je lui avais posée était indiscrète, mal venue, incorrecte.

— Non, répondit-il en plongeant ses yeux couleur noisette dans les miens.

Lorsque sa réponse atteignit mes oreilles, de nombreuses images et sensations me gagnèrent, aussi étonnantes les unes que les autres. Ne sachant plus où me mettre, je lui souris à mon tour. C'était à lui de m'observer désormais, comme s'il avait pu intercepter une de mes pensées. Notre échange avait atteint les limites de l'embarras alors je décidai de briser le silence.

— Je crois que je vais rentrer.

— Déjà ? Tu t'ennuies ?

— Pas vraiment... En fait, je... je ne me sens plus vraiment à ma place à ce genre de soirée.

J'avais, une fois de plus, essayé de me justifier.

— Comment ça ?

— Plus je vais, moins j'ai envie d'y participer... Bon sang, je gâche tout. On n'est pas là pour parler de moi. Encore moins pour philosopher ! Je suis désolée, Elias.

Je me rendais compte de ma sottise.

— Ne le sois pas. Tu as le droit de ne pas aimer ça. Je te comprends...

Il s'arrêta un instant puis reprit.

— J'connais un endroit à quelques rues d'ici qui pourrait te plaire. On pourrait s'y retrouver et discuter. Tranquillement.

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