Chapitre XIV : Le Karma

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Quand ma mère cuisinait, il valait mieux rester à l'écart et la laisser faire. Elle y mettait de l'énergie, de l'Amour et de la dévotion. Et, un peu de ses épices et herbes spéciales dont je n'avais toujours pas connaissance.

- Il boit quoi ton Alexander, du thé ou du café ?

- Mon Alexander ?

- Alors ?

- Du café, plutôt.

Elle posa une tasse là où elle avait décidé qu'il s'assiérait.

- Qu'est-ce qui se passe entre vous ?

- Rien.

- Arrête, ma chérie... Je suis ta mère, tu peux faire semblant devant toutes ces caméras ou appareils photo mais pas devant moi.

Je baissai la tête.

- Je vois la façon dont vous vous regardez, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et même un aveugle le sentirait... Donc, vous avez une liaison ?

- On s'amuse, c'est tout.

- Ce n'est qu'une histoire de sexe, donc ? Les histoires de sexe n'ont pas d'avenir, Kiana.

Pour une raison inconnue, je me sentis offensée par ses remarques.

- Certaines relations « sérieuses », non plus !

Elle savait que je faisais référence à Niran. A celui qui, à travers son narcissisme, était parvenu à me briser.

- Tu devrais prendre ton temps, Kiana... Ce n'est pas la meilleure des façons de passer à autre chose !

- Il me frappait, maman ! Je passerai à autre chose mais je n'oublierai jamais ! Je... je...

A bout de souffle, je tentai de contrôler cette rage mise en sourdine.

- Je l'aimais... Le mal que... qu'il m'a fait, je n'pourrai jamais l'oublier ! Passer du bon temps avec Alex me fait du bien, alors je ne m'en priverai pas...

Je me levai de ma chaise, les larmes aux yeux. Je me laissai guider par une rage mêlée à une détresse profonde qui me poussa à fuir les lieux.

- Kiana ?

J'ignorai Alexander.

- Kiana ? Attends, où vas-tu ?

- Laisse-moi tranquille !

Il m'emboita le pas, me vit prendre les clés de la voiture et alla jusqu'à s'interposer entre la portière de celle-ci et moi.

- Laisse-moi tranquille, Alex ! Dégage de là !

- Non ! Calme-toi, s'il te plaît... Discutons, d'accord ?

Convaincue que je pouvais l'extirper de là, je le repoussai de toutes mes forces. J'étais incapable de contrôler cette rage qui devenait de plus en plus insistante.

- Tu m'énerves ! Tu m'énerves ! Laisse-moi partir !

Je me défoulai un peu plus sur lui jusqu'à ce qu'il me saisisse les bras et m'immobilise contre son corps. Je ne contrôlais plus rien, l'énergie qui m'animait avait pris le dessus. Contenue par la force d'Alexander, j'explosai, enfin. Alors que mes jambes ne me soutenaient plus, des larmes se déversèrent sur mon visage.

- Alex..., geins-je, lorsqu'il me prit dans ses bras.

- J'suis là, j'suis là, Kiana, me murmura-t-il en me sauvant.

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