Lust

Chapitre XII : Petite thérapie

Les lunettes lui tombant presque sur le nez, la secrétaire du psychologue m'observa d'un air dubitatif.

— J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part...

— C'est possible... Je suis actrice.

— Ah, en effet ! Vous avez joué dans quoi déjà ?

— Plusieurs films, des séries...

Elle m'agaçait. Je n'étais pas ici pour le plaisir.

— Asseyez-vous un instant, le docteur Honnagan va vous recevoir.

— Super ! Merci...

Ces vingt minutes me parurent une éternité. J'avais le trac, comme durant les cérémonies de remises de prix.

— Parlez-moi de vous.

Je lui avais fait une brève autobiographie qui avait semblé l'ennuyer à mourir. Puis, il aborda le sujet qui était la raison de ma venue.

— Vous souvenez-vous de ce qui s'est passé ce soir-là ?

— Vaguement. Certains détails ne me sortent jamais de la tête alors que d'autres...

— Quels détails gardez-vous en tête ?

— L'odeur du vin que je buvais, la froideur de la lame du couteau, l'odeur du sang de mon garde du corps... Cette odeur... elle était forte... Je l'ai dans la bouche comme si j'y avais goûté...

— Avez-vous été blessée ?

— Non...

— C'est votre garde du corps qui vous a secouru, c'est ça ?

— C'est ça...

— Il s'appelle ?

— Alexander Reed.

— Depuis quand travaille-t-il pour vous ?

— Quatre mois et demi à peu près.

— Parlez-moi de lui...

La tâche allait être difficile.

— Il est... c'est un ancien policier. Il a été dans l'Armée avant ça... Il est gentil et très efficace.

J'avais choisi la carte de l'honnêteté. Il devait respecter le secret professionnel.

— Nous avons une relation très particulière puisque... puisque...

Je ne l'avais jamais dit à haute voix avant.

— Nous avons une relation intime.

Il fit mine de ne pas être surpris. Il tenait un scoop.

— Vous êtes amoureuse de lui ?

— Je tiens à lui mais je ne pense pas que ce soit de l'amour...

Il attendait.

— Nous passons... de très bons moments, sexuellement parlant. Mais, ça s'arrête là...

— Et, depuis qu'il vous a sauvé la vie ?

— Je... n'en sais rien. Je lui suis redevable. J'ai aussi beaucoup d'admiration pour lui... Il m'est d'un grand soutien. Je ne sais ce que je ferais sans lui.

— Vous lui avez demandé ce qu'il ressent pour vous ?

— Ce n'est pas un sentimental... Pour lui, ce n'est que du sexe, je pense.