Chapitre XI : Trop tard...

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Un officier de la Garde-côte thaïlandaise me posa des questions que j'entendis à peine. Les coups de feu résonnaient encore à l'unisson dans ma tête. Comme une musique.

— Kiana ? Kiana ?

Une odeur de sang atteignit mes narines.

— Kiana ?

— Alex...

— Ça va ?, s'inquiéta-t-il en s'asseyant près de moi.

— Oui et toi ? Tu-tu es blessé...

— Ce n'est qu'une égratignure, je survivrai... Je m'inquiète pour toi.

Je ne pouvais me tirer le souvenir de cette lame froide contre mon cou de la tête. J'allais mourir, j'étais prête à mourir. Comment avais-je pu me résigner aussi rapidement ?

— Tu es en état de choc. Prends ça, ça va te faire dormir.

Il me tendit un cachet blanc et un verre d'eau que j'avalai sans poser de question. Ce qui se passa entre la prise de ce médicament et le moment où mon avion atterrit sur une piste plongée dans la pénombre avait été dissout par mon esprit.

— Reste, s'il te plaît, demandai-je à Alexander lorsqu'il eut fini d'inspecter ma résidence.

Il m'avait sauvé la vie, j'avais besoin de lui, plus que jamais.

— Je reste, oui...

— Merci... Et, je ne veux pas t'entendre me dire que tu es payé pour ça...

A mon réveil, je le trouvai debout dans le jardin, l'air rêveur.

— Bonjour. Comment ça va ce matin ?, me demanda-t-il illico.

— Ça va, j'ai plutôt bien dormi. Je vais préparer le petit-déjeuner... Je sais que tu aimes les pancakes alors je vais t'en préparer.

— Ne te fatigue pas pour moi.

— Ça me fait plaisir, Alex.

Les pancakes cuits, le jus et le café servis, nous nous installâmes dans le jardin.

— Tu devrais en parler à quelqu'un... A un professionnel.

— Parler de quoi ?... Je ne suis pas prête.

Je versai un filet de sirop d'érable sur mes pancakes.

— Ce genre d'expérience peut traumatiser.

— Je sais.

— Je voudrais que tu ailles voir un thérapeute, Kiana.

Penser ou parler de ce qui s'était passé était la dernière chose que je désirais.

— Et, ta blessure ?

— Kiana, j'ai déjà eu pire que ça... je-je-j'en ai ... se retint-il de dire. Ce n'est pas une petite coupure qui va me tuer !

J'en étais consciente. Ses cicatrices avaient parlé à sa place mais je m'inquiétais. Il m'était impossible de ne pas m'inquiéter pour lui.

— Je m'inquiète pour toi, Kiana...

Une soudaine envie de le sentir fit son apparition. Je l'accueillis les bras ouverts.

— J'ai envie de toi...

— Quoi ?

— J'ai envie de toi.

— Ne change pas de sujet, s'il te plaît.

Je goûtai aux délicieux pancakes pendant qu'il me scrutait, curieux. Ce qui était sorti de ma bouche l'avait touché. Désormais, il avait probablement envie de moi, lui aussi.

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