Lust

Chapitre IV : Perdue

Hayley avait préparé la robe que je devais porter pour le gala de charité qui allait se tenir au centre de Los Angeles. Elle avait également choisi un smoking d'une finesse étonnante pour Alexander. Le pauvre ne travaillait que depuis trois jours pour moi et devait déjà se mêler à toutes ces personnalités mondaines. Pendant un instant, je regrettai presque de l'avoir mêlé à tout cela, de l'avoir arraché à sa vie banale que j'enviais tant.

- Tu devrais essayer ce collier. Il irait mieux avec le vert émeraude de ta robe et le teint caramel de ta peau.

Je saisis l'œuvre d'art avec délicatesse sous les yeux indifférents d'Alexander.

- Tu as raison, je vais porter celui-là.

Scarlett, qui avait déjà fait un travail incroyable, aurait été de l'avis d'Hayley si elle avait été présente.

- Bon, on peut y aller. Alexander, tu es prêt ?

- Si tu l'es, je le suis.

- Super, on y va dans ce cas !

Hayley m'accompagna jusqu'au 4x4, la traîne de ma robe entre ses doigts. Elle s'assit près de moi après qu'Alexander ait démarré le véhicule. Lorsque nous sommes arrivés à la soirée, la boule que j'avais l'habitude d'avoir se manifesta.

- Ça va ?, me demanda Alexander après qu'Hayley ait quitté le véhicule.

- Oui, répondis-je lorsqu'il se tourna vers moi.

Toujours installé derrière le volant, il avait senti que je n'étais pas dans mon assiette.

- J'suis là...

Ce qu'il venait de me dire me fit réaliser à quel point j'avais besoin d'une personne aussi rassurante à mes côtés. Lorsqu'Hayley revint, toujours aussi précautionneuse, énergique, je pus enfiler mon masque. Celui que je porte toujours... Et, la soirée débuta.

- Il y a un homme qui n'arrête pas de t'observer bizarrement depuis tout à l'heure, me murmura Alexander en m'effleurant l'oreille.

Le parfum qui agrémentait son costume me caressa les narines. Je jetai un coup d'œil derrière son corps imposant et aperçut Niran.

- C'est mon ex.

- D'accord. Donc ?

- Je n'ai pas envie de lui parler. Mais, si jamais il décide de s'approcher, ne fais rien, s'il te plaît.

- Bien, je reste dans le coin.

- Merci, Alexander.

Niran ne s'approcha pas. Alexander resta dans le coin, en effet. Et moi, je n'étais pas là. L'esprit ailleurs, je souriais, m'efforçais de paraître enchantée. Jusqu'au moment où l'élastique qui tenait mon masque si précieux lâcha. Comme toute chose, il avait ses limites.

Je rentrai donc, mentalement épuisée.

- Ça ira pour ce soir, Alexander. Tu peux rentrer chez toi.

- J'ai vérifié toutes les pièces, RAS. J'ai mon téléphone avec moi, tu m'appelles quand tu veux.

Le nouveau système de sécurité me semblait bien plus efficace que le précédent. Alexander l'avait testé en personne.

- Merci.

Portant encore ma robe encombrante, je l'accompagnai jusqu'à la porte.

- Ça va aller ?, s'inquiéta-t-il.

- Oui...

- Ce n'est pas l'impression que j'ai eue tout à l'heure.

Je baissai la tête.