Chapitre XIII : Retour aux sources

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Quand ma mère me vit débarquer sur le porche de sa villa de deux cents mètres carré, elle me réserva un accueil chaleureux. Elle accueillit Alexander avec la même démesure ce qui sembla lui faire ni chaud ni froid. Depuis qu'il m'avait avoué ce dont il souffrait, je le voyais autrement. Chacun de ses gestes et comportements avaient droit à une analyse spécifique, involontaire mais bien réelle.

— Tu vas bien ma chérie ?

Elle prit ma main et m'attira dans le salon où la télévision était allumée.

— Oui, ça va... Je suis heureuse de te voir.

— Moi aussi...

— Je t'ai ramené des chocolats de l'aéroport.

— Merci, ma belle.

Elle m'accompagna jusqu'au canapé, me fit pratiquement m'asseoir, comme une enfant.

— Tu veux une tasse de thé ?

— Oui, je veux bien.

— Alexander, vous en voulez ?

— Non, merci.

— Ne restez pas debout comme un piquet, voyons ! Asseyez-vous !

Le ton autoritaire de ma chère mère avait eu un certain impact sur lui. Elle nous laissa et se présenta à nouveau un plateau à la main.

— Je vous ai ramené un verre de whisky, Alexander, lui annonça-t-elle sans lui avoir demandé son avis.

Elle exagérait mais je ne le lui faisais pas savoir.

— Euh... merci...

Il n'avait pas pu refuser. Le pauvre. Au dîner, il se retrouva à accepter toute la délicieuse nourriture qu'elle l'obligea presque à avaler.

Ma mère était comme ça. Elle en faisait toujours des tonnes, sans s'en rendre compte bien évidemment.

Le surlendemain, je lui proposai de faire du shopping dans un des centres commerciaux de la ville. Elle accepta, évidemment. Elle avait un amour inconditionnel pour les chaussures. Et moi, j'avais les moyens de les acheter.

— Vous avez cette paire en noir ?, demanda-t-elle à la vendeuse qui m'avait reconnue.

Alexander qui donnait l'impression de s'ennuyer à mourir s'était installé sur un des tabourets du magasin.

— Oui, madame. Je vous la ramène !

Ma mère craqua sur deux paires de bottines en cuir que je lui achetai sans réfléchir. Dans les deux boutiques de vêtements, elle succomba à une robe à pois rouge et blanc hideuse et à une paire de lunettes de luxe.

A notre sortie du restaurant, elle s'attarda devant une vitrine de bijoux avant de nous attirer dans un café où une longue queue nous agaça au plus haut point.

— Joyce ?

Un homme avait interpelé ma mère.

— Ethan ! Quelle surprise !

C'était Ethan Chen et son fils, Dylan Chen. Nous étions voisins lorsque j'étais au lycée. Ils discutèrent un moment pendant que je prenais des nouvelles de Dylan... J'avais le béguin pour lui à l'époque. De fil en aiguille ma mère se retrouva à les inviter à dîner le lendemain soir.

— Je me souviens, tu étais prête à tout pour sortir avec ce Dylan !, déclara-t-elle en ouvrant la bouteille de vin qu'elle souhaitait les faire déguster.

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