Je fis un pas en avant. Nous n'étions plus séparées que par quelques dizaines de centimètres. Sa bouche forma une moue appeurée tandis que la mienne s'incurvait en un sourire à la limite du sadisme. Je ne contrôlais plus mes gestes. La fureur m'avait domptée et me manipulait à sa guise, et étonnamment, ça ne me déplaisait pas tant que ça.
Elle eut une hésitation, un infime mouvement de recul qui me fit comprendre que j'avais gagné.
— Écoute moi bien, Malia, nous ne sommes pas là pour nous amuser, tu le sais aussi bien que moi, et je ne suis pas d'humeur à laisser passer la moindre incartade. Je te prie donc de me laisser être rabat-joie comme je le souhaite.
Je m'étais encore rapprochée d'elle, et, bien que mes mots ne soient pas insultants, elle semblait être complètement effrayée à l'instant.
— Mais ils s'amusent juste.
Ces paroles s'étaient échappées de sa bouche dans un murmure presque silencieux, une sorte de gargouillement teinté de peur et d'incompréhension. Malia était un fort caractère, cela se voyait au premier coup d'oeil, et elle avait cru pouvoir mater le mien en un clin d'oeil. Elle s'était largement trompé.
Je m'avançais encore vers elle. J'étais plus petite qu'elle mais j'étais tellement déterminée et furieuse qu'elle semblait bien plus petite que moi à ce moment.
— La vie n'est pas faite pour s'amuser.
Je me reculais, ma colère soudain envolée. Je jetais un regard au cercle de crétins qui s'était formé autour de nous.
— Vous le paierez tous.
Je me détournai, et traversai la ligne de personnes qui s'écarta à mon passage. Ma rage envolée, l'éclat était devenu terne, fade. Mes yeux brillaient pourtant, mais de tristesse cette fois. Par chance pour moi, le professeur de physique-chimie, qui avait tout de même un quart d'heure de retard, choisit cet instant pour nous appeler en classe. Je m'engouffrai d'un pas rapide dans la salle et balançai mon sac sous le regard effaré du professeur.
***
Je poussais la porte de la chambre de Liam, le même sourire triste que lorsque j'étais entrée en physique flottant sur mes lèvres. J'espérais parvenir à lui raconter la suite de l'histoire sans trembler.
Je n'avais pas eu le courage de la continuer et je lui avais lu d'autres histoires pendant le temps qui c'était écoulé. Il m'avait demandé pourquoi, j'avais répondu que j'étais en train d'inventer la suite.
— Lulu ?
La voix de mon petit frère me sortit de mes pensées.
— Oui Mimou ?
— Tu me racontes une histoire ?
— Je vais même te raconter la suite de l'histoire des princesses. J'ai enfin inventé la suite.
— Ouiii.
Il tapa dans ses mains.
Je pris une grande inspiration et commençai à parler, gardant le visage le plus neutre possible.
— Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ?
— Le prince charmant était devenu ami avec les princesses et, il fit des guillemets avec ses doigts, tout allait pour le mieux.
Je souris devant son visage excédé.
— C'est ça.
Je marquais une courte pause en passant instinctivement mon doigt sur la cicatrice de mon index.
— Les deux princesses aimaient beaucoup le prince. Et plus elles grandissaient, plus elles commençaient à l'apprécier d'une manière différente. Arriva un moment où elles réalisèrent qu'elles étaient amoureuses de lui. Elles parlaient souvent toutes les deux, car elles se faisaient confiance et n'avaient rien à se cacher. Elles apprirent donc qu'elles l'aimaient toutes les deux.
Les deux soeurs n'étaient absolument pas pareilles sur le point du caractère. L'une était souriante et voyait toujours le meilleur en chacun. Elle s'appelait Sara. L'autre était renfermée sur elle-même, ne parlait pas beaucoup mais souriait souvent. Elle était reconnaissante envers sa soeur de toujours croire en elle.Je m'interrompis, fermant les yeux pour empêcher le flot de larmes de couler le long de mes joues.
— La suite demain ?
Ma voix tremblait légèrement.
— D'accord.
Le ton sérieux de mon petit frère me permit de comprendre qu'il avait vu mes yeux briller. Et il le respectait. Je ne le méritais décidément pas.
Je m'empressais de le border et de fermer la porte de sa chambre. Je fermais la mienne à clé.
Je me figeais entre mon lit et mon bureau qui se trouvaient de part et d'autre de la porte. Je restais ainsi, immobile, en proie au flot débordant de mes émotions. Mais je ne pleurais pas.
Mes doigts tremblaient tandis que je retenais les larmes. Quand j'étais dans cet état-là, une seule solution s'offrait à moi.
Je me dirigeais vers un coin de ma chambre. On y trouvait une porte dérobée, dissimulée par un renfoncement dans le mur. Je la déverrouillai avec la clé qui se trouvait dans la petite boîte qui trônait dans un coin de mon bureau. J'attrapais mon piano électrique et son support puis je les installais dans un coin de ma chambre.
J'approchais ma chaise de bureau pour être installée confortablement. Je posais alors délicatement mes mains sur les touches.
Je pris un grande inspiration et fermais les yeux.
Mes doigts se mirent alors a courir tous seuls sur les touches, envahissant la pièce d'un son clair et bouleversant. J'y mettais toute mon âme, tout mon corps toute mon énergie, et tandis que l'air familier résonnait dans le silence, je murmurai les paroles aussi bas que ma voix teintée de chagrin me le permettait.
"Together, against the World,
We were strong,
And we were bold,
But you weren't there for the end of the song."~~~~~~
Hello les guys !
J'espère que tout se passe bien de votre côté !
Tout d'abord je suis extrêmement désolée du temps extrêmement long qu'il s'est déroulé entre la dernière publication et maintenant. Je n'ai pas vraiment d'excuse excepté un manque conséquent de motivation. Mais voilà ce chapitre qui, j'espère, vous plaira.
Bonne soirée à vous !

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Les Pleurs Du Mal
General FictionOn voit souvent des personnes parfaites passer dans la rue. C'est à ce moment que l'on remet notre vie en question en général. Lucille elle, ne la remettait jamais en question puisque sa vie était clairement définie. Sa vie était de faire respecte...