Les Pleurs Du Mal

Chapitre 16

Alors, vous lui pardonnez toujours ?

Je vous ai emmenés dans ce périple, je vous ai demandés de faire un choix, de faire appel à votre coeur et à vos opinions. Pourquoi me direz vous.

L'humanité.

Qu'est-elle ?

Que sommes nous ?

Nous sommes des humains. Et un humain fait des erreurs. Mais surtout un humain croit en son prochain, il croit à la beauté des choses. Et certains croient en des personnes qui ne croient plus en elles mêmes. C'est ce que tous ceux qui pardonneront à Lucille après avoir appris ce qu'elle a fait sont. C'est ce que Malia a fait.

Un humain peut être horrible.

Mais un humain peut aussi être beau, gentil, altruiste et profondément exceptionnel.

Un humain est la boue, qui n'attend que d'être transformée en or.

Baudelaire, cet alchimiste des mots le fait lui. Il transforme le dégoût de sa condition parmi les piètres humains en textes magnifiques.

Mais je ne suis pas d'accord avec lui. Ce n'est pas les choses dégoûtantes qu'il faut transformer en or. Ce sont les humains eux-mêmes.

Que vous le vouliez ou non, on a transformé de la boue en or avec cette histoire. Les Pleurs du Mal, de Lucille, ses actes, ils ont formé une mélasse visqueuse que nous avons récupérée. Cette histoire.

Nous l'avons transformée en or, moi avec mes mots, vous avec votre confiance. Lucille est devenue cet or pur, provenant de la boue, une renaissance, une transformation dont nous avons été les alchimistes. 

Alors, je terminerai sur ces mots, cette aventure qui a pris bien plus d'ampleur que je ne le soupçonnais :

Anges revêtus d'or, de pourpre et d'hyacinthe,

Ô vous, soyez témoins que j'ai fait mon devoir,

Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.

Car j'ai de chaque chose extrait la quintessence,

Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or.  

Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal,
" Ébauche d'épilogue à la deuxième édition des Fleurs du mal"
1861.