Chapitre 13

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Je tremblais de tout mon corps dans ce petit bosquet, regardant avec autant de détresse qu'il y a quatre ans le sol vierge de tous végétaux entre les arbres et les buissons d'arbousiers. Ici, s'étaient déroulés les pires évènements de ma vie, les images qui se ressassaient sans cesse en surimpression sur mes paupières dans mon sommeil. Mes larmes ruisselaient le long de mon visage dans un flot discontinu, arrosant la terre sèche au goutte à goutte.

Une main vint se déposer sur mes épaules, doucement, comme pour ne pas me brusquer. Je me tournais vers Malia qui me regardait en souriant. Comment pouvait-elle encore sourire ? Je ne méritais pas de voir cette illumination sur son visage.

Je déglutis pour me redonner une contenance et avançait d'un pas, laissant cette main tendue retomber mollement du support de mon dos. Je me tenais maintenant au milieu de la petite étendue où aucun arbuste ne transperçait le sol, comme un piquet branlant devant soutenir un poids trop élevé pour lui.

— Il l'avait plaquée au sol ici, et il commençait à la toucher alors qu'elle se débattait. Elle pleurait et elle me regardait avec une telle détresse dans les yeux que j'ai immédiatement abandonné l'idée de la tuer. Elle m'avait été fidèle jusque là, contrairement à moi, et je voulais me racheter, et surtout, je voulais sauver ma soeur.

Mon visage était impassible malgré les torrents d'eau salée qui continuaient de dévaler mes joues.

— Je l'ai attrapé par les épaules et je l'ai jeté en arrière puis j'ai pris Julie par la main pour l'aider à se relever et on a commencé à courir dans la clairière. Sauf qu'Alexandre s'était redressé. Il a tenu un de ses pieds et elle est tombée face contre terre en hurlant. Ce hurlement... je l'entends encore résonner dans ma tête, il y avait toute la peur et toute la tristesse du monde dans ce cri du coeur. Je n'avais jamais vu ma soeur aussi bas, aussi détruite et je ne l'en ai qu'encore plus aimée.

Je tombais à genoux les poings au sol, retenant un cri de rage. Un bruissement terreux résonna à ma droite, puis la même main que tout à l'heure vint se déposer au même endroit que tout à l'heure. Je relevais le regard vers Malia, agenouillée à côté de moi, toujours ce sourire encourageant flottant sur ses lèvres. Pourquoi ne voyait-elle pas le monstre que j'étais ?

— Je n'ai pas voulu la lâcher mais je suis tombée aussi sa main a glissé dans la mienne. Alors j'ai couru dans le bosquet mais il m'attendait. Julie était prostrée à cet arbre à demi inconsciente à cause de ce connard et elle me criait de partir, mais je ne voulais pas la laisser seule face à lui. Alors je me suis précipitée vers elle et il m'a donné un grand coup dans le dos.

Je passais machinalement la main sur ce sol sur lequel je m'étais écroulée.

— Je me suis retrouvée face contre terre à l'opposé de Julie. Il m'a attrapée par les cheveux et il m'a dit des choses horribles, des insultes et des menaces, mais ce que j'ai surtout retenu, c'était une phrase. "Tu vas aimer me regarder lui faire du mal, la toucher, la tuer, parce qu'au fond tu la détestes et tu le sais."

Je donnais un coup de poing dans la terre durcie, écorchant mes jointures. Je restais ensuite immobile quelques secondes puis lançais une deuxième fois mes doigts fermés sur ce sol qui avait assisté aux pires horreurs de la terre.  Je répétais le même geste, de plus en plus fort, entamant de plus en plus la peau de mes os saillants, malgré qu'elle soit renforcée par mes cours de défense. Bientôt je martelais le sol de mes deux points fermés, hurlant sans relâche.

Quand je calmais enfin ma rage, deux fines mains, enveloppées d'une peau pâle comme le ciel d'hiver qui était spectateur de ce moment,vinrent entourer les miennes dans un geste tendre. Mais que faisait-elle ?

Elle m'aida à me redresser  et à m'asseoir en tailleur, face à elle.

— Que s'est-il passé ensuite ?

Je la regardais droit dans les yeux, un air de défi transparaissant malgré moi aurons de mes pupilles.

— Il m'a bloquée contre l'autre arbre et j'étais paralysée, tétanisée. Je ne pouvais pas bouger, mes muscles ne voulaient pas me répondre alors que je voulais me lever, la sauver. Je suis restée dans cet état de tétanie longtemps. Trop longtemps.

Mes larmes se tarirent. Je n'avais plus assez d'eau dans mes yeux pour pleurer.

— Il l'a guidée, là, sous mes yeux, alors que je ne bougeais pas et que je regardais sans pouvoir détourner le regard. C'était le pire sentiment de ma vie.

Malia me regardait toujours gentiment, un regard que je ne pouvais soutenir alors je fermais les yeux en tournant le visage dans une autre direction.

— Et soudain, j'ai réussi à me lever et je me suis jeté sur Alexandre qui proférait des paroles toutes plus obscènes que les autres. Il me dégoûtait je le haïssais alors j'ai pris une des branches de ronces en m'écorchant les paumes  et j'ai entouré le cou d'Alexandre en serrant. Je lui ai dit "Tu vas reculer gentiment et ranger tes sales mains dégueulasses de tes crimes loin de ma soeur." Il a fait ce que je lui demandais, un sourire sournois sur les lèvres. Il a répondu "Alors Lucille la faible cache une tigresse en fin de compte. Qui aurait cru que l'ombre de Julie la rayonnante était aussi violente. Mais peut-être que c'est pour ça qu'elle se cache qui sait."

— Tu n'es pas faible.

Je regardais Malia avec tant de ressentiment que je ne savais pas comment elle faisait pour soutenir ce regard brûlant de culpabilité haine.

— Ne dit pas ça. J'ai resserré la prise sur les ronces pour le faire taire, mais il a continué à parler, en disant tant de choses qui me correspondaient et qui m'ont fait culpabiliser. Et je l'ai relâché.

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Coucou ça va les amis ? Moi je vais retourner dans mon monde de bisounours pour arrêter de pleurer suite a l'écriture de ce chapitre.

Il reste normalement trois chapitres en tout. Je sais pas si je suis prête à terminer cette histoire en fait ^^'

Sur ce je vous laisse, et je vous retrouve dans un temps indéfini pour le chapitre 14 :)

Les Pleurs Du Mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant