— Il était une fois deux soeurs, deux princesses, qui s'aimaient plus que tout au monde. Un jour, elles rencontrèrent un prince des plus charmants qui leur fit découvrir le monde et devint rapidement leur ami.
— Mais un prince charmant, il peut pas être ami avec les princesses !
— Pourquoi donc, Mimou ?
— Mais parce que les princesses devraient savoir que les princes charmants veulent juste les faire tomber amoureuses d'eux !
— Tu as raison Mimou, mais écoute l'histoire d'accord ?
— Oui désolé, Lulu.
Je fis une petite pause avant de reprendre mon histoire. Liam pouvait être si lucide et réfléchi sur certains points que c'en était presque culpabilisant. Je pris une grande respiration et recommençai à parler.
— Le prince charmant devint donc ami avec les deux soeurs et ils restèrent ainsi pendant plusieurs années. Ils s'amusaient ensemble, ils allaient faire de longues balades dans la forêt, ils mangeaient ensemble, ils riaient, faisaient des jeux de société, et tout allait pour le mieux.
— Il va y avoir un gros problème j'en suis sûr.
Le marmonnement qui s'était échappé de la bouche de Liam me fit sourire. Il était vraiment la personne la plus réconfortante que je connaisse. Je lui ébouriffais les cheveux en me levant pour fermer les rideaux.
— Que dis-tu d'avoir la suite demain ? On pourrait faire comme pour l'histoire de l'éléphant, ça serait drôle tu ne crois pas ?
— Oh Oui ! Ça serait trop bien !
— Va pour la suite demain alors.
Je lui passais son doudou éléphant, celui-là même qui m'avait inspiré l'histoire de l'éléphant quand j'avais dix ans.
Je l'embrassais sur le front en lui murmurant un " Bonne nuit " étouffé. Je sortis ensuite de sa chambre en refermant soigneusement la porte afin de ne pas le réveiller.
Je descendis ensuite pour souhaiter bonne nuit à mes parents et remontai dans ma chambre.Je refermai la porte et restai debout, immobile, les yeux rivés sur la paume de ma main. Je remontai le long de mon index et effleurai la cicatrice qui courait tout du long avec mon pouce et replaçai mon bracelet sur mon poignet, tics nerveux dont je ne parvenais pas à me débarrasser. Je balançai mes pantoufles à l'autre bout de la pièce et me laissait tomber sur mon lit. Je me roulais en boule en me tournant vers le mur.
Mes yeux se posèrent alors sur le dessin d'un lion, un magnifique lion dessiné à la perfection avec des crayons de couleur. J'en connaissais chaque détail, chaque trait, chaque défaut, mais je me prenais encore à l'admirer le soir.
— Les mots sont inutiles. Ils compliquent les choses. Un dessin est bien plus clair, il montre directement l'image de la chose au cerveau, murmuré-je pour moi-même.
Je marquais une courte pause en continuant de détailler le dessin. Le regard du lion, empli d'une tristesse que j'étais sûrement la seule à détecter, traversait la pièce pour se poser sur le mur d'en face.
— Mais les mots peuvent sauver des vies.
Le dessin que je regardais était tout aussi magnifique, et l'animal représenté tout aussi majestueux. Un loup, le regard dans le lointain, tourné vers la fenêtre, semblant vouloir quitter le monde physique pour s'envoler dans les rêves ; il avait les yeux aussi foncés que ceux du lion et ils semblaient avoir plus de ressemblance que deux animaux de la même espèce.
Je baissais le regard vers le sol.
— Les tristesses de la Lune font la beauté des vagabondes.
Comme chaque fois, un torrent d'émotions m'emplissait lorsque je prononçais ces phrases. Je ne pus empêcher une larme de rouler le long de ma joue.
***
Il était 8h30 un lundi matin, l'atmosphère qui régnait au lycée n'était donc pas la plus joyeuse. L'avantage des lundis matins pour une personne comme moi, c'était que la morosité avait atteint toute la population adolescente du lieu, et peut-être même les adultes, ce qui ne leur donnait pas envie de se moquer de moi ou de tenter de m'embêter pour quelque raison farfelue que ce soit.
Le professeur arriva et nous entrâmes dans la salle de classe afin de commencer le cours. Je m'installais à ma place attitrée, au premier rang, toute seule, personne ne voulant avoir affaire avec "la rabat-joie".
Lorsque nous fûmes tous assis sur nos chaises, et alors que le professeur allait commencer son cours, on toqua à la porte. Celle-ci s'ouvrit sur deux personnes.
Il y avait le proviseur adjoint avec son visage sérieux des grands jours et une jeune fille, celle-là même que j'avais vue à ma sortie du bureau de l'homme qui se tenait à sa gauche. Elle dégageait quelque chose de phénoménal, une aura de malheur et de rébellion l'entourait. Elle avait des cheveux châtains qui tombaient en de longues cascades sur sa colonne vertébrale, mais ils étaient rêches et abîmés, comme s'ils n'avaient pas connu de soin récemment. Elle gardait la tête baissée, les mains enfoncées dans les poches de son sweat oversize.
Le proviseur s'avança vers le centre du tableau accompagné de la froideur et la nonchalance de l'ange déchu qui trônait à ses côtés. J'étais quasiment certaine que si je me retournais je verrais tous mes camarades de classe les yeux rivés sur cette entité originale au possible. Tout en elle respirait la rancoeur et la révolte, surtout le soupir qu'elle poussa lorsque le proviseur adjoint la fit venir devant nous.
— Je vous présente Malia qui rejoint votre classe pour le reste de l'année.
Le silence qui régnait jusqu'à lors devint encore plus lourd. Chacun retenait sa respiration, attendant une quelconque réaction de l'intéressée.
C'est alors que dans un long mouvement de tête, un pli méprisant inscrit sur les lèvres, elle releva lentement le regard.
Et des éclairs nous foudroyèrent tous.
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Hey !
Comme vous le savez peut-être, je n'étais pas censée publier pendant les vacances mais il s'avère que les délais ont été prolongés ce qui signifie que vous aurez ( je l'espère) au moins deux chapitres durant celles-ci (en comptant celui-là).
Je vous remercie de votre lecture et vous invite à me donner vos avis 😊🧡

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Les Pleurs Du Mal
Fiksi UmumOn voit souvent des personnes parfaites passer dans la rue. C'est à ce moment que l'on remet notre vie en question en général. Lucille elle, ne la remettait jamais en question puisque sa vie était clairement définie. Sa vie était de faire respecte...