Chapitre 14

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— Je ne l'ai pas complétement libéré, mais je serrais moins fort au fur-et-à-mesure  que ses paroles m'atteignaient. Ça lui a permis de respirer normalement et de se retourner pour me planter un couteau dans le côté du ventre.

Je pointais mon flanc gauche d'où s'était écoulé mon sang il y a quatre ans. Le visage de Malia s'était décomposé, enfin.

— J'ai titubé sous le coup de la douleur et je me suis écroulée contre l'arbre qui avait accueilli ma tétanie deux minutes avant. J'ai appuyé ma main sur la blessure pour endiguer l'hémorragie. Et je l'ai vu s'approcher de Julie, son couteau sanglant à la main. Il lui a hurlé dessus alors qu'elle était déjà apathique, choquée de ce qu'il lui avait déjà fait. Puis sa voix a repris ce ton manipulateur, sadique, et il a énoncé : " Je vais te faire payer de ne pas m'aimer, de ne pas vouloir être avec moi."

J'étais appuyée sur l'arbre, revivant la scène sans pouvoir empêcher mes souvenirs de venir me torturer.

— Il l'a poignardé au poignet, j'ai entendu les os craquer et Julie hurler de toute sa voix éteinte. Puis dans tout son sadisme et son orgueil de psychopathe bafoué, il a commencé à découper sa peau, doucement, juste pour la faire souffrir avant de parvenir à son but ultime, qu'elle disparaisse de cette terre. Il a recommencé sur son autre bras, puis sur ses jambes jusqu'à parvenir à son visage. Il la regardait en la tailladant de partout. Et il a dit " Tu as vu comme ta soeur ne bouge pas, elle te déteste et elle aime te voir souffrir.". Il parlait de moi. Ma rage a dépassé ma douleur et je me suis jetée sur lui, mais il a appuyé sur ma blessure et m'a rebalancée à l'autre bout de là.

Mes poings étaient serrés, entaillant mes paumes comme les ronces que j'avais placées au cou d'Alexandre.

— J'ai hurlé que je la vengerai, que je le tuerai de mes propres mains. Il a levé les yeux au ciel puis il a planté son couteau dans la poitrine de Julie, encore et encore, en disant que le monde serait mieux sans elle. Je me suis de nouveau relevée et je l'ai attrapé par les épaules mais il s'est retourné en me poignardant de l'autre côté. Puis il a dit "Je ne comptais pas te tuer, mais je crois que tu me laisses pas le choix. " Il m'a de nouveau empalée à l'épaule pendant que je me débattais et je me suis évanouie.

Je me relevais et sortis de ce buisson.

— Je me suis réveillée à l'hôpital le lendemain, mes parents à mon chevet. Les premiers mots que j'ai dit étaient "Où est Julie ?" et au regard de mes parents j'ai compris. J'étais encore sous le choc oui, mais j'ai voulu leur dire. J'ai dit "Alexandre... Le couteau... il l'a ...". Ils m'ont coupée en disant "Oui on sait, il l'a défendue face à cet homme horrible qui l'a violée. Je te promets qu'on fera tout ce qu'on peut pour retrouver celui qui vous a fait ça, celui qui a ... tué Julie."

Le visage de Malia s'était clairement liquéfié. La vérité faisait mal oui.

— J'ai appris après, qu'Alexandre s'était lui même planté son couteau dans la jambe pour faire croire que ce n'était pas lui. Il avait ensuite couru vers la maison la plus proche, couvert de son sang et du nôtre en disant qu'un homme était en train de faire du mal à ses amies. Tout le monde l'a cru. Après tout, pourquoi un enfant de 14 ans mentirait ? Pour le manque de preuves, ils en ont déduit que le malfaiteur s'était très bien protégé. Après ça, je n'ai plus jamais parlé de cette histoire. J'ai voulu oublier que celui qui avait tué ma soeur et qui avait failli me tuer moi était toujours en vie, juste à côté de chez moi.

Je soupirais.

— Voilà mon secret. Ma soeur est morte par ma faute. Parce qu'elle m'aimait et qu'elle ne voulait pas me faire du mal alors que moi je voulais lui en faire.

Je restais silencieuse, regardant Malia dont le visage était désormais impassible. Ses yeux néanmoins brûlaient d'une rage étonnante.

— Tu n'as pas tué ta soeur. C'est Alexandre qui l'a tuée. Tu n'es pas coupable.

Elle s'approcha de moi, m'entourant de ses bras dans un cocon protecteur.

— Tu continues à aimer ta soeur, tu l'honores en venant ici, et tu la regrettes chaque jour. Tu as peut être voulu la tuer, mais tout le monde a déjà eu des pulsions de meurtre envers quelqu'un. L'important c'est que tu te sois souvenue que tu l'aimais plus qu'Alexandre. Tu n'as pas à te culpabiliser d'avoir gardé ce secret, il était plus influent que toi parce qu'il était plus vieux. Il serait peut-être temps de le dire au monde ne crois-tu pas ?

Elle me regardait d'un air interrogateur tandis que je restais impassible.

— Ils me détesteront. Ils me détestent déjà. Tout le monde me déteste.

— Moi je ne te déteste pas.

Je la regardais, surprise. Comment ? Pourquoi ? Elle devrait me détester, elle ne devait pas m'apprécier. Un éclat nouveau, une étincelle que je n'avais pas remarqué auparavant brillait dans ses pupilles.

Je me ressaisis, m'arrachant à ses iris insondables.

— Et toi quel est ton secret ?

Elle sourit en s'allongeant sur la terre rugueuse. Elle observait le ciel tandis que je l'observais. Une lueur triste s'imprégna sur ses traits. C'était fou comme chaque émotion impactait son physique.

Soudain elle se redressa et se tourna vers moi en souriant. Sa main vint se déposer doucement sur ma joue. Je restais immobile, paralysée, ne sachant pas quoi faire. Elle fit courir son pouce sur ma pommette, essuyant les restes d'humidité au coin de mon oeil.

— J'ai toujours aimé tes yeux.

Je la regardais, ne sachant pas quoi faire, décontenancée par sa remarque.

Elle glissa sa main dans ma nuque, effleurant quelques mèches de mes cheveux au passage.

Soudain elle attira mon visage vers le sien et déposa ses lèvres sur les miennes.

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Euh oui. Coucou.

J'ai écris deux chapitres à la suite.

En même temps il faut avouer qu'ils s'enchaînent bien.

Du coup je vous laisse sur ça. Mais vous inquiétez pas, la suite arrivera bientôt normalement.

Bonne journée ❤️

Les Pleurs Du Mal Où les histoires vivent. Découvrez maintenant