Introduction

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Il était bien trois heures du matin quand je poussai la porte de chez moi. J'avais garé la poubelle qui me servait de voiture au bas de la rue, extirpé Sacha et son sac et peiné à lui faire monter les escaliers qui nous séparaient de mon studio. 

Soupirant tandis qu'il s'excusait pour chaque marche sur laquelle il butait, je ne pus m'empêcher de secouer la tête avec un sourire désabusé. J'avais ramassé un chat errant trop alcoolisé pour le ramener chez moi, alors que je le connaissais à peine. Comment m'étais-je retrouvé dans cette situation absurde ?

En vérité, cela avait été un enchaînement de circonstances très inhabituelles. Quand le téléphone de Romain, le patron du bar où je travaillais, avait sonné pour lui annoncer que sa femme était sur le point d'accoucher, il s'était précipité pour la rejoindre, me laissant la gestion des lieux aux côtés de Lara, fraîchement arrivée. Du haut de mes dix-neuf ans, je n'en menais pas large... mais j'avais commencé à travailler comme serveur dès que j'en avais eu l'âge légal, ce qui finissait par faire une bonne expérience.

Me persuadant que j'avais les compétences nécessaires, puisque Romain m'en avait cru capable, je m'étais retroussé les manches et je m'étais mis au boulot, servant des pintes, encaissant les commandes, récupérant des pourboires. 

Heureusement pour moi, les partiels approchaient, et les étudiants qui passaient le plus gros de leur soirées en sorties s'étaient exceptionnellement cloîtrés chez eux pour réviser, nous donnant moins de travail que d'habitude. Pour être honnête, j'aurais dû en faire autant... mais j'avais un loyer à payer, et je ne pouvais pas dépendre de mes parents. J'avais donc appris à subvenir seul à mes besoins.

Cela aurait suffi à rendre cette soirée exceptionnelle, mais cela ne s'était pas arrêté là. Quand un garçon était entré d'un pas vacillant et s'était installé au bar, posant contre le bar un sac de voyage et un étui à guitare, j'avais pressenti que sa présence allait être une source de complications. 

La vingtaine au plus, plutôt petit et maigrichon, les cheveux noirs plaqués en catogan, son aspect atypique me plut aussitôt : il avait un visage fin et triangulaire, des yeux bleu clair aux pupilles trop grandes qui m'évoquaient un chat. Son regard écarquillé semblait vidé par le désespoir, me donnant comme un coup dans l'estomac. En le voyant, je ressentis une pointe d'inquiétude et je me sentis aussitôt responsable. C'était sans doute ce qui me poussa à entamer la conversation.

Stray catOù les histoires vivent. Découvrez maintenant