Voilà comment j'en étais arrivé à accueillir chez moi un mec complètement bourré, qui en plus, ne me laissait pas indifférent. Sentir son corps peser sur mon flanc tandis qu'il s'abandonnait en toute confiance faisait tourner mon cerveau à plein régime, et c'est avec soulagement que je le déposai sur le canapé-lit. Le cœur battant, les joues rougies par l'effort, je regardai Sacha qui s'était effondré comme une poupée désarticulée. Il n'était vraiment pas en état de faire des galipettes, alors pourquoi est-ce que je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser ? C'était déplacé de ma part, mais son profil fin me donnait envie de glisser ma main dans sa nuque, de mêler mes doigts à ses longs cheveux ébouriffés.
Il est complètement cuit, je n'ai pas le droit de faire ça, me réprimandai-je en secouant la tête.
Il me fallut tout mon bon sens pour résister à la tentation. Heureusement que j'étais sobre. J'allai chercher un verre d'eau et un seau pour parer à tout éventualité, et me rassis à côté de lui.
— Tiens, bois, ça limitera les dégâts.
Il rouvrit péniblement les yeux, se redressa pour boire. En voyant à quel point ses mains tremblaient, je l'aidai pour éviter qu'il le fasse tomber. Une fois le verre vide, je voulus me relever, mais il s'accrocha à moi, et sa force d'inertie me cloua au canapé.
— Reste, murmura-t-il avant de poser sa tête sur mon épaule, glissant un bras contre mon torse.
Je coupai ma respiration, et mes joues me brûlèrent. J'avais beau dire que je ne devais pas me faire des idées, ça devenait de plus en plus difficile de ne pas y croire. Je glissai ma main le long de sa nuque, la caressant doucement. Il posa ses lèvres sur ma clavicule, me faisant frissonner de la tête aux pieds. Nous restâmes un moment comme ça, l'un contre l'autre, sans parler, s'effleurant dans des gestes de tendresse sortis de nulle part. Je sentais mon cœur battre beaucoup trop fort tandis que sa main me caressait la poitrine, le ventre, avant de s'égarer sur les plis de mon pantalon.
Je restai figé dans une explosion de panique intérieure. Je mourais d'envie de lui sauter dessus, mais, étant donné son degré d'alcoolémie, ce n'était définitivement pas une bonne idée. Je sentais sa main peser sur mon sexe tendu à travers mes vêtements, et tout mon corps me brûlait. Je n'avais pas envie de me soustraire à la tentation, mais j'étais en train de jouer avec le feu. Je n'avais plus qu'une chose en tête, l'allonger sur le canapé et lui sauter dessus. Il semblait que c'était réciproque.
Oui mais... il était complètement soûl, il n'était pas dans son état normal, et nous nous connaissions à peine. Ce n'était pas une véritable décision, je ne pouvais pas profiter de lui comme ça. Je n'avais pas le droit. De toute façon, ma dernière expérience de ce genre m'avait refroidi, j'aimais autant éviter de prendre des risques. Peu importe à quel point ça pouvait être tentant.
Tourmenté par mes pensées, je mis un moment à réaliser qu'il s'était immobilisé, que sa respiration avait ralenti. Chaque expiration contre mon cou me torturait délicieusement, tandis que je me rendais à l'évidence.
Il s'était endormi.
Il s'était assoupi, collé contre moi de telle manière que je ne pouvais pas espérer m'écarter sans le réveiller, me laissant le corps et l'esprit en flammes. Bien que pétri de frustration, je songeai que c'était aussi bien comme ça. Qu'il n'aurait pas fallu aller plus loin de toute façon. Que cette soirée imprévue me rendait étrangement heureux. Qu'il serait toujours temps de parler posément le lendemain, quand il serait réveillé et en pleine possession de ses moyens. Je pensais à tout cela dans le studio obscur, laissant mes doigts jouer machinalement avec des mèches de ses cheveux lisses, savourant la sensation de son corps contre moi, de sa chaleur perçant à travers ses habits, de sa respiration à peine perceptible, de son odeur, de la douceur de ses cheveux. J'étais bien.
Je finis par m'endormir sans trop savoir comment, bercé par cette présence apaisante.
Quand mon téléphone vibra dans ma poche et me réveilla, le lendemain matin, je sentis le vide de la pièce avant même d'ouvrir les yeux.
Il était parti.
— Mmh, allô ?
...
ça s'est bien passé ?
...
Tant mieux !
...
C'est une fille, tu dis ?
...
... Félicitations.
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Stray cat
Roman d'amourTout a commencé avec un cocktail, des yeux trop grands et une guitare oubliée. Pour Matt, serveur dans un bar pour payer ses études, cette rencontre est le début d'une relation bouleversante... Stray Cat est une tranche de vie yaoi à l'ambiance méla...