Chapitre 5 : Au balcon

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Les mots de Romain à propos de Sacha restaient gravés dans mon esprit et insinuèrent un doute terrible au fil des jours. Peu à peu, je pris conscience du silence assourdissant de ses journées de disparition, de mes SMS sans réponse. Sans lui, le monde n'était plus qu'un vide béant auquel je tâchais de m'habituer. Je n'arrivais toujours pas à lui parler de mes doutes. J'éludais mes difficultés en cours quand il m'en parlait. Je préférais garder ces sujets sous le tapis et me plonger dans ses yeux, dans ses chansons, dans ses bras.

Lui dire à quel point j'avais besoin de lui, à quel point son absence était douloureuse, était encore plus imaginable. Je préférais prétendre que tout cela me convenait. Cela valait bien de le voir sourire, d'entendre son rire, d'entremêler nos corps. Dans ces moments-là, au moins, il n'était plus qu'à moi. Le reste du temps, à quoi bon être là ? Travailler ? J'avais le sentiment d'étudier, non pas de mon propre chef, mais à cause d'une décision tellement lointaine qu'elle semblait avoir été faite par quelqu'un d'autre et ne plus avoir aucun sens.

Ma moyenne baissait sans que cela ne parvienne à m'émouvoir, je ne sortais plus vraiment, faute de temps et d'occasion. De toute façon, quand j'en avais la possibilité, je préférais l'hypothèse d'un moment passé avec Sacha qu'une soirée dans un bar. Souvent, j'étais récompensé par un appel du guitariste pour débarquer chez moi. Nous mangions, nous faisions l'amour, et je m'endormais en le serrant dans mes bras, le nez enfoui dans ses cheveux.

Souvent, mais pas toujours.

Certaines nuits, celles que je passais seul, je me roulais en boule au fond du lit, terrifié à l'idée que Sacha ait un problème sans que je n'en sache rien, ou qu'il sorte avec un autre. Je peinais à savoir ce qui était le pire. J'aurais pu en pleurer si je ne m'interdisais pas autant de me laisser aller. Durant ces insomnies, je regardais sans m'y intéresser des séries, enchaînant les épisodes et les cigarettes jusqu'à ce que la fatigue me terrasse et que je m'endorme, toutes lumières allumées.

Quelquefois, quand les absences se faisaient trop longues, je me disais que Romain avait raison, qu'il fallait que je me protège, que je mette fin à cette histoire qui me mettait le cœur en vrac... mais il suffisait qu'il m'appelle ou qu'il passe le pas de ma porte pour qu'une déferlante de bonheur annule tous ces tourments.

Après tout, il venait souvent. Quelquefois, il passait plusieurs nuit de suite chez moi, et je me disais que je pourrai mourir sans regrets. Je ne ressentais plus le besoin de fumer, comme si une drogue en remplaçait une autre. Je ne pouvais pas m'imaginer plus heureux que dans ces moments-là. Entre grands tourments et grand bonheurs, je trouvais mon compte dans cet équilibre bancal. J'avais besoin de lui, c'était tout.

Ma vie avançait cahin-caha, les journées d'ennui en cours, les soirées au bar durant lesquels Romain me jaugeait d'un œil sombre, et les nuits entrelacés au fond de mon lit me menant imperceptiblement vers un futur que j'étais incapable d'imaginer. Jusqu'à ce qu'un jour les choses basculent.

Stray catOù les histoires vivent. Découvrez maintenant