Tout a commencé avec un cocktail, des yeux trop grands et une guitare oubliée. Pour Matt, serveur dans un bar pour payer ses études, cette rencontre est le début d'une relation bouleversante...
Stray Cat est une tranche de vie yaoi à l'ambiance méla...
— Je... je m'en foutais pas, de toi, tu sais ? murmura-t-il d'un ton hésitant. J'ai jamais voulu te faire autant de mal. Je suis désolé, j'aurais dû m'en rendre compte avant... j'aurais dû...
Je fermai les yeux, laissant ces mots résonner dans ma tête. Je n'avais pas réalisé à quel point j'avais besoin d'entendre ça.
— ... Je ne voulais pas que tu t'en rendes compte, avouai-je.
— Tu me manques aussi, tu sais... En y repensant, je crois que tu es le meilleur ami que j'aie jamais eu.
— Vraiment ? Il faut que tu arrêtes de coucher avec tes amis, ironisai-je.
— Hé ! Te fous pas de moi !
— Tu peux bien me laisser ça, fis-je remarquer.
Il y eut un silence honteux à l'autre bout du fil, comme s'il se rappelait que derrière ce rire, il y avait un ex au cœur brisé.
— Tu voudras qu'on se revoie... en tout bien tout honneur ?
Je me mordis la lèvre. Bien sûr, j'en crevais d'envie. Mais les autres avaient raison : cette relation m'avait détruit. Je savais que si je le revoyais, la guérison serait d'autant plus longue et douloureuse.
— Hum, est-ce qu'on a déjà réussi à se voir sans déraper ? fis-je remarquer.
— Non... je vois ce que tu veux dire, murmura-t-il.
— Tu commences tout juste ta relation avec Jonathan, essaie d'être monogame au lieu de tout foutre en l'air comme je t'en sais capable.
— Hé !
— Tu sais que je n'ai pas tort.
— Oui... pardon.
J'étais bercé par sa voix, la tête dodelinant sur le bord du canapé.
Si on s'était rencontrés à un autre moment, peut-être que ça se serait passé différemment.
— Oui, peut-être.
C'était vrai, nous avions été bien ensemble. Les étreintes, les heures passées à parler de tout et de rien. C'était des moments précieux auxquels je n'avais pas pu renoncer pendant longtemps. Si c'était sur moi qu'il avait jeté son dévolu, j'aurais été le plus heureux des hommes... mais ça n'avait pas été le cas, et cette histoire m'avait laissé en miettes.
Ce qui me terrifiait, au fond, c'était de me rendre compte que malgré mon état, je ne parvenais pas à réellement regretter notre rencontre. Après tout, serait-il retourné sur ses pas si je ne l'avais pas forcé à faire face à Jonathan ? Sans doute pas. Est-ce que ça valait le coup de se détruire à ce point pour quelqu'un d'autre ? Tout mon entourage me disait que non, mais... J'étais vraiment le pire des imbéciles, le plus suicidaire des cœurs d'artichauts, pour continuer à raisonner comme ça.
Il y eut un silence. Le bruit des travaux de la rue montait par ma fenêtre ouverte, une brise chaude annonçait l'été, et il faisait un temps tellement magnifique que je n'avais même pas envie d'être triste.
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