Chapitre 8

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*15 mai 837*

Le lendemain où la nouvelle de la décision du Général Zackley avait été annoncée, je fus enfin autorisée à quitter l'hôpital. Ma première sortie depuis mon admission au début du mois. Erna Rosenberg avait eu la gentillesse de me passer deux ou trois robes à elle qu'elle ne portait plus, le temps que je puisse m'acheter de nouveaux vêtements, et l'adresse de la boutique de vêtements au District de Trost où je travaillais. D'après ce qu'elle avait appris de son époux, mes collègues de la boutique avaient hâte de me revoir... et aussi mes amies d'enfance. Meadow Doria et Hilaria Scopoli. Les noms ne me disaient rien. Je n'arrivais pas à me souvenir de leurs visages, ni à y mettre les noms. L'amnésie ne m'aidait pas du tout. C'était rageant de devoir tout à réapprendre quand tu ne te rappelais plus de rien sur ta vie d'avant !
On m'avait bien expliqué que tout dépendrait de la façon dont la mémoire reviendrait, de la rapidité des bribes de souvenirs remontant à la surface, mais jamais je n'aurais pensé que ce serait si compliqué !
La réalité me frappait de plein fouet.
C'est avec appréhension que je fis mes premiers pas à l'extérieur de l'hôpital du District de Shiganshina. Mon corps tremblait, pareil pour mes mains qui serrèrent alors le tissu de la cape que je portais sur mes épaules, mes pieds avaient beaucoup de mal à me guider vers la sortie. J'ignorais ce qui m'attendait dehors, et déjà la crainte me paralysait presque. Que se passera-t-il une fois dehors ? Les agresseurs avaient peut-être réussi à trouver un indice sur l'hôpital où les soldats m'avaient emmenée après l'incendie, et ils m'attendaient à l'extérieur pour me kidnapper et me faire taire pour de bon, dans une ruelle sombre, sans témoin oculaire.
Face à cette crainte plus que probable, je secouai la tête. Allons bon, pourquoi tant d'inquiétudes ? Pour ma première sortie à l'extérieur ? Ma réaction était tout à fait stupide. Si les assassins souhaitaient ma mort, ils n'auraient pas hésité à passer à l'acte depuis longtemps. Ils auraient infiltré l'hôpital et cherché ma chambre, ils se seraient frottés à Erwin qui veillait sur moi tout au long de mon séjour, avant d'être arrêtés... Je me faisais du mouron pour rien.
Franchement, ma pauvre Nasrin, tu t'effrayais pour pas grand-chose, pensai-je. Tout ça à cause de mon amnésie ? Ça faisait des jours que je me trouvais à l'hôpital de Shiganshina, cela expliquait sans doute l'appréhension que je ressentais en m'apprêtant à passer les portes. C'était à la fois excitant et stressant. Ce n'était donc pas étonnant que j'imaginais le pire en premier, une pensée tout à fait irraisonnée.
Et puis je pris une grande inspiration. Toutes les émotions négatives furent chassées de mon esprit, mon cœur dicta ce que je devais faire, et de fil en aiguille mes pas me guidèrent en-dehors de l'hôpital. Après la nouvelle, Erwin était rentré au Q.G. du Bataillon d'exploration situé au District de Trost, hier après-midi ; il m'avait promis de venir me récupérer aujourd'hui, dès qu'il aurait fait son rapport à ses supérieurs.
Et il avait tenu sa promesse : il se tenait là, près de l'entrée de l'hôpital, en compagnie d'une autre soldate du corps d'armée des ailes de la liberté. Ses cheveux châtains attachés en une queue-de-cheval assez ébouriffée, lui donnaient un air de scientifique folle.

 Ses cheveux châtains attachés en une queue-de-cheval assez ébouriffée, lui donnaient un air de scientifique folle

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« 𝓢𝓸𝓾𝓿𝒆𝓷𝓲𝓻𝓼 𝓸𝓾𝓫𝓵𝓲𝒆́𝓼 [SNK ~ Erwin x OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant