« 𝓢𝓸𝓾𝓿𝒆𝓷𝓲𝓻𝓼 𝓸𝓾𝓫𝓵𝓲𝒆́𝓼 [SNK ~ Erwin x OC] » / TERMINÉ

Chapitre 5

*9 mai 837*

Il n'avait pas fallu longtemps pour que la nouvelle du réveil de Nasrin Aguilera fasse le tour de la caserne. Au point qu'au moment d'aller dîner, hier soir, tout le monde était au courant. On n'avait parlé que de ça au cours de la soirée. Ce n'était pas étonnant, vu que l'inquiétude avait grandi dans nos rangs jusqu'à ce que l'on craigne pour la vie de notre témoin, qu'elle emmène ses secrets jusque dans la tombe. Au fond, on flippait.
Même moi, la crainte s'était fait ressentir. Je voulais comprendre le pourquoi du comment de l'incendie criminel qui l'avait privée de ses parents.
Et allez savoir pourquoi, mais... je ressentais une émotion nouvelle, vis-à-vis de Nasrin Aguilera. De la compassion ? De la tristesse ? Mon cœur s'était serré en pensant qu'elle ne pourra plus jamais revoir ses parents. Peut-être parce que j'avais vécu la même chose, avec la mort de mon père. Depuis ce jour funeste, depuis que mon cerveau avait réalisé que c'était ma propre sottise qui l'avait conduit à sa perte, je m'étais refermé et n'avais plus jamais reparlé de la théorie de mon père à qui que ce soit. Même si à l'époque mon jeune âge était la raison de ma naïveté enfantine, je ne pouvais m'empêcher de me reprocher ce qui était arrivé. C'était ma faute si mon père s'était fait descendre par les Brigades Spéciales du centre, si je n'avais pas eu la chance de le revoir.

Je culpabilisais, et cette émotion ne me quittera jamais. Je n'arrivais plus à m'attacher à qui que ce soit. D'où la raison de mon personnage froid et calculateur.
Seuls Clémens et Erna, Nail, Mike, Akiko, Hansi, June, Lexie, Ilías, et aussi Honey (aujourd'hui décédée) m'étaient suffisamment chers pour laisser tomber les masques et me confier sur ce que je ressentais réellement.

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*   *

Nous nous étions levés aux aurores pour prendre le bateau en direction du District de Shiganshina. La veille en fin d'après-midi, après avoir appris la nouvelle du réveil de Nasrin Aguilera, Clémens nous avait annoncé qu'il valait mieux attendre le lendemain pour l'interroger. Elle venait à peine d'ouvrir les yeux, et si on la poussait trop dans ses retranchements avec nos questions, l'interrogatoire risquerait de l'épuiser, ou alors elle se rétracterait. C'était fort probable que ça arriverait. Clémens nous avait avoué que ça ne lui plaisait pas plus qu'à nous d'attendre le lendemain, mais il n'y avait pas le choix, notre témoin devait se reposer et il était peut-être probable qu'un autre problème de santé pouvait apparaître. On ne l'avait pas vu sous cet angle, mais ça pouvait parfois arriver.

J'espérais qu'Erna avait su à trouver les mots justes pour calmer Nasrin Aguilera à son réveil, hier après-midi. En tant qu'infirmière en chef de l'hôpital de Shiganshina, elle était très professionnelle et compétente, et arrivait à apaiser les craintes de ses patients. On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas faire son travail.
Sur le bateau qui descendait le fleuve pour nous emmener à Shiganshina, une multitude de questions se bousculaient dans ma tête. Quelle sera la réaction du témoin à notre arrivée ? Acceptera-t-elle de nous recevoir, et d'éclaircir le mystère de l'incendie qui avait ravagé sa maison ? Connaissait-elle les hommes en noir qui avaient pris la fuite au cours de l'incendie ? Si oui, qui étaient-ils ? Pourquoi s'en étaient-ils pris à sa famille, au point de vouloir leur mort à tout prix ? Quel était le mobile de cette attaque ? Tout cela n'avait aucun sens — ça faisait des jours que tout le monde s'interroge, et jusqu'à maintenant aucune réponse probante ne venait éclaircir nos questions. Comme Mike le fit remarquer, on n'avançait pas beaucoup.
Akiko, qui comprit ce qui n'allait pas en regardant les traits de mon visage, tenta de me rassurer.
- On découvrira le pot-aux-roses, Erwin, tu n'as pas à t'en faire. Les responsables de l'incendie se cachent peut-être quelque part pour se faire oublier, mais ils commettront des erreurs là où ils s'attendront le moins.
- Puisses-tu dire vrai, Akiko, répondis-je en soupirant, en m'accoudant sur le bord. J'ai l'impression que plus on tente de résoudre le mystère, et plus le brouillard l'entourant s'épaissit davantage. C'est une affaire vraiment délicate !
- Oui, c'est le cas de le dire. Mais le côté délicat de l'affaire semble un peu trop parfait à mon goût. Nous sommes sans doute passés à côté de quelque chose d'important.
Évidemment, c'était ce que je m'étais dit, à un moment. Cette affaire sans queue ni tête était trop parfaite en ce qui concernait le manque d'indices. C'était comme si le temps jouait contre nous ! Avec les suspects qui disparaissaient dans la nature et les indices qui étaient trop peu, le dossier d'enquête se retrouvait au point mort. C'était à se demander comment nous allions nous débrouiller pour trouver de nouvelles informations...