Chapitre 14

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//PDV Nasrin\\

*26 mai 837*

Neuf jours s'étaient écoulés depuis la visite à Hauru's Shop et le flash, et à part quelques petits détails sur ma vie avant l'accident qui revenaient au fur et à mesure, aucun gros souvenir n'était réapparu. C'était frustrant mais ça arrivait petit à petit. Et le souvenir montrant que je travaillais bel et bien à cette boutique de vêtements m'avait fait beaucoup de bien. J'avais découvert ce jour-là que des personnes (collègues, amis, les connaissances et les collègues de mes parents) m'appréciaient et s'inquiétaient sincèrement pour moi, et essayaient de m'aider du mieux possible.
Les médecins ayant fini par donner leur autorisation en apprenant la bonne nouvelle qu'était ce souvenir revenu en mémoire, tous ceux ayant personnellement connus mes parents défilaient pour prendre de mes nouvelles. Chacun leur tour. Ils me racontaient plein d'anecdotes sur eux, leurs personnalités, l'amour sincère qu'ils se portaient l'un envers l'autre, et autres détails que je notais scrupuleusement dans le carnet. Il y avait tellement de points de vue, je ne voulais pas oublier toutes ces informations si précieuses. Cela me permettra sans doute de retrouver la mémoire ? Allez savoir.
Toujours aucune trace de Loïk Ravenfield. Les soldats des trois corps d'armée faisaient de leur mieux pour mettre la main sur lui et employaient les grands moyens, sans succès jusqu'à présent. Ça se voyait rien qu'au regard sombre des hauts-gradés chez les Explorateurs.
L'autre jour, j'avais confié mes pires craintes à Erwin : que Loïk Ravenfield vienne terminer le travail en m'abattant. Il faisait partie de mes amis, d'après Hilaria et Meadow venues témoigner auprès du Major Shadis pendant notre absence, à Akiko et moi, cette théorie pouvait tenir. Elle me terrifiait, mais Erwin m'avait rassurée en disant que cela n'arriverait pas.

//quelques jours plus tôt, le 17 mai 837\\

- Et s'il me retrouvait pour terminer la sale besogne ?
Un silence pesant et lourd de sens s'installa. Erwin fut pris de court. Même si cela était fort possible que ça arriverait tôt ou tard, on n'y pensait pas forcément, on refusait de croire à cette théorie tirée par les cheveux. Néanmoins, ce n'était pas improbable.
Mes mains tremblaient rien que d'y songer. La peur que cela devienne réalité ne me quittait pas depuis que c'était sorti à voix haute — au point de m'angoisser terriblement !
La peur, l'angoisse, ne pas savoir comment se sortir ces idées sombres de la tête... Terminer comme mes parents... La tête commençait à me tourner, sans m'en rendre compte.
Après quelques minutes qui semblaient durer une éternité, Erwin s'avança vers moi. Et à ma grande surprise il me prit dans ses bras. Assez maladroitement. Totalement prise au dépourvu, les joues rougies par ce geste, je ne sus pas trop comment réagir. La force pour le repousser ne m'effleurait même pas l'esprit.
Les mots que prononça Erwin par la suite me laissèrent sans voix :
- On retrouvera les responsables de l'incendie de ta maison, du meurtre de tes parents et des trois domestiques. Ceux-là même qui t'ont blessée et rendu amnésique ! Je te fais ici le serment que le Bataillon ne cessera de continuer les recherches jusqu'à ce qu'ils soient dénichés pour être entendus sur leurs crimes. Tu n'as pas à t'inquiéter !
J'ouvris de grands yeux choqués. Était-ce mon imagination qui me jouait des tours, ou avais-je bien entendu ? Mais non, j'avais bien toute ma tête ; Erwin semblait bien déterminé à tenir sa promesse. Cela se vit au plus profond de ses yeux. Un nouveau sentiment naquit en moi : celui de l'apaisement. Je ne saurai dire pourquoi, mais ses propos m'avaient rassurée sur-le-champ. Tous mes doutes s'étaient envolés et ma peur avec

//retour dans le présent\\

Depuis ce jour-là, Erwin veillait constamment sur moi, il restait à mes côtés toute la journée. Il me faisait oublier mes peurs et me rassurait du mieux possible en racontant les anecdotes du Bataillon, son rêve depuis le décès de son père. Sur ce point, j'avais eu la sensation que sa voix déraillait légèrement en parlant de son père. S'en voulait-il pour quelque chose ?
C'était possible, mais je ne voulais en aucun cas le blesser en posant une question indiscrète.
Les médecins chargés de me soigner lors de mon séjour à l'hôpital de Shiganshina avaient fait part de leur verdict aux haut-gradés : suite à la remontée de souvenirs neuf jours auparavant, ils me donnaient l'autorisation de reprendre un « semblant de vie normale », je cite, en reprenant mon travail à la boutique de vêtements Hauru's Shop, à la seule condition que ce soit partiellement. En d'autres termes, quelques heures par jour au lieu d'un temps complet. Ce n'était pas parfait mais ça faisait du bien de pouvoir sortir un peu et de voir du monde... même si l'amnésie n'aidait pas vraiment dans ces moments-là.
Wendy Fuyumi, ma patronne, et mes collègues étaient ravies en me voyant arriver quelques jours auparavant, accompagnée par deux soldats, et en leur apprenant la bonne nouvelle. La joie qui les animait montrait à quel point elles étaient heureuses de mon retour — même partiellement. À noter dans le carnet : mes collègues m'appréciaient vraiment beaucoup.
Depuis une semaine que j'avais repris, il n'y avait pas que mes collègues de Hauru's Shop qui semblaient ravis de mon retour : les clients également. Dont une cliente régulière, Sina Edwards, et sa fille de 13 ans, Megan. Tous ne me cachaient par leur inquiétude quand ils avaient entendu parler de cette sombre affaire concernant le décès de mes parents et des domestiques, l'incendie, les blessures des deux associés de mon père, et moi dans le coma et davantage blessée ; ils craignaient pour nos vies à tous les trois. Me voir reprendre le travail à la boutique de vêtements — malgré l'amnésie, le suivi médical et le fait que je sois sous protection, les tueurs étant encore en fuite à l'heure qu'il est — les soulageait.
On ne va pas se mentir, moi aussi je suis soulagée de reprendre un « semblant de vie normale ». Tourner en rond à l'hôpital de Shiganshina après mon réveil du coma, puis au quartier général du Bataillon d'exploration au District de Trost, très peu pour moi !
Je n'aurais pas pu le supporter encore longtemps si les médecins n'avaient pas entendu parler de la remontée des souvenirs et avaient dû décider de me contraindre au repos...
Face à la perte de mes habitudes concernant la tenue des tâches à réaliser dans la boutique, mes collègues eurent la gentillesse de tout me réexpliquer depuis le début. Ils possédaient cette patience tellement bienveillante, je ne me retiendrai pas pour laisser tomber quelques larmes de joie et leur bafouiller ma reconnaissance, mais je me retins. Bien que ce soit difficile de réapprendre les gestes, je ne rechignais pas à la tâche — chaque seconde je me battais pour les retrouver rapidement.
Je ne voulais pas causer davantage de soucis à mes proches et à mes collègues de travail, ou être un poids.
Lesdits gestes revenaient petit à petit, si on ne comptait pas les petites erreurs ici et là, mais j'ignorais qu'un événement bizarre allait arriver au cours des quelques heures de travail à Hauru's Shop.

« 𝓢𝓸𝓾𝓿𝒆𝓷𝓲𝓻𝓼 𝓸𝓾𝓫𝓵𝓲𝒆́𝓼 [SNK ~ Erwin x OC] » / TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant