« 𝓢𝓸𝓾𝓿𝒆𝓷𝓲𝓻𝓼 𝓸𝓾𝓫𝓵𝓲𝒆́𝓼 [SNK ~ Erwin x OC] » / TERMINÉ

Chapitre 15

//PDV Erwin\\

*26 mai 837*

J'entrai avec fracas dans la boutique Hauru's Shop, l'air complètement paniqué. Il y a une demi-heure de cela, l'une des vendeuses travaillant avec Nasrin avait alerté l'un des deux soldats du Bataillon d'exploration, chargés de surveiller l'entrée principale du magasin, qu'un homme étrange était passé par-derrière pour donner une lettre à Nasrin. Sans apporter d'autres détails, vu qu'ils n'avaient jamais vu l'homme jusqu'à présent. L'un des soldats avait alors foncé jusqu'au Q.G. du Bataillon d'exploration tandis que l'autre alertait une patrouille de la Garnison pour surveiller le secteur. Tout le quartier avait été rapidement encerclé.
Le soldat était arrivé quelques minutes avant la fin d'une réunion importante dans le bureau du Major Shadis, en compagnie de toute l'escouade de Clémens dans laquelle je faisais partie. La nouvelle qu'il apportait nous avait tous glacés sur place — moi le premier. Mon visage était devenu blême et Akiko et Mike m'avaient chacun attrapé un bras, évitant mon écroulement.
Était-ce le commanditaire du quintuple meurtre chez les Aguilera qui narguait la survivante de l'incendie ?
Ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit quand, devenu sourd à ce qui m'entourait, je m'étais précipité hors du bureau sans écouter la suite. Le Major Shadis, mon chef d'escouade et mes amis m'appelaient dans mon dos, mais je ne les entendais pas. Ou plutôt, je refusais de les écouter. Comment être tranquille lorsque l'un de nos principaux témoins recevait une lettre du meurtrier ? Nasrin avait certainement dû paniquer.
Sa réaction serait tout à fait compréhensible, avec son traumatisme et l'amnésie qui s'en était suivie. Elle commençait tout juste à remonter la pente, à se rappeler de quelques souvenirs avant les meurtres et l'incendie criminel, à reprendre son travail... À sourire, même. Ce sourire que j'admirais tant en secret. Un sourire qui ne s'oubliait pas aussi facilement, une gentillesse à toute épreuve, et une droiture honnête qui la caractérisait tant. Sans le savoir, Nasrin Aguilera prenait petit à petit une place importante dans mon cœur qui s'était débarrassé de toute émotion depuis la mort de mon père, douze ans auparavant.
Il avait fallu une simple lettre pour terroriser la femme que j'aimais.
Nasrin... Je vais bientôt arriver à Hauru's Shop, tu seras mise en sécurité et tout ira bien.

//PDV Nasrin\\

Mes membres tremblaient de manière incontrôlable, ma respiration devenait saccadée, à un point que je crus faire une crise cardiaque. Ce que j'avais lu dans la lettre à mon attention m'avait mise dans tous mes états tandis qu'une question me taraudait l'esprit : comment savait-il que j'avais repris le travail récemment ? M'espionnait-il ? Les soldats du Bataillon faisaient pourtant tout leur possible pour changer de chemin chaque matin et chaque soir, quand ils m'escortaient jusqu'au magasin de vêtements Hauru's Shop. Il arrivait même qu'ils soient en binôme avec un soldat des Brigades Spéciales ou de la Garnison, les deux autres corps de l'Armée Humaine.
Visiblement, leurs efforts n'étaient pourtant pas assez... Quelqu'un nous surveillait malgré toutes les précautions prises pour ne pas nous faire repérer par les assassins et le commanditaire. La source de mes inquiétudes était fondée : Loïk Ravenfield pourrait venir me tuer.
Il n'y avait qu'à lire le contenu de la lettre pour que les angoisses réapparaissent :

Nasrin,
Je sais que tu viens tout juste de reprendre ton travail, sous l'étroite surveillance du Bataillon d'exploration à qui les médecins ont confié la garde.
Ce qui est arrivé à ta famille et aux domestiques n'aurait jamais dû se produire. Mes hommes devaient seulement faire peur à tes parents et te récupérer, dans le calme, sans faire de victimes. Mais ces imbéciles se sont précipités et à cause d'eux, la tragédie que je voulais éviter a fini par se déclarer.
Te faire du mal en te causant tous ces soucis (dont ta perte de mémoire) était vraiment la dernière chose que je souhaitais te faire. Jamais je ne t'aurais fait du mal, je le jure devant les trois Murs ! Je t'aime Nasrin, et je suis prêt à tout pour te récupérer.
Quitte à tuer ce maudit Erwin Smith qui s'est mis en tête de garder un œil sur toi.
L.R.