34: raisons

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Cette première activité ne me plaît pas du tout et je sais qu'on ne peut pas juger sans connaître

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Cette première activité ne me plaît pas du tout et je sais qu'on ne peut pas juger sans connaître. Sauf que là, je connais ça trop bien depuis ma tentative de suicide. C'est comme si je ne peux plus respirer sans que personne ne soit autour de moi, comme si j'ai forcément besoin de quelqu'un pour m'aider, comme si je vais recommencer à avaler ses médicaments en espérant ne plus me réveiller. C'est parfois le cas, parfois non. Et ce n'est pas une sorte de surveillant qui va changer ça. Au début du séjour, j'ai eu l'immense privilège d'avoir un psychologue pour la colonie. Deux problèmes émergent alors : 

Je n'ai pas envie d'avoir un psychologue, déjà que je ne supporte pas celle qui m'a été attitré après ma tentative de suicide.

Loïc n'est pas un vrai psy. C'est un animateur de colonie qui n'a que son BAFA et qui pense pouvoir m'expliquer comment aller mieux. Et puis même un vrai psychologue ne saurait pas m'expliquer ce qu'il se passe dans ma tête toute confuse.

En résumé, je n'ai pas envie de retrouver l'animateur psychologue de la colo détox, et surtout pas avec tout le monde. Petite nouveauté : on sera en groupe. Ça me donne juste envie de crier à m'en casser la voix. Ça va sûrement bloquer tous les adolescents car ils ne veulent pas se faire juger, et surtout moi car il y a Ely et Ava. Je sens que je vais rester cacher, présente et écoutante, mais sans jamais participer à la discussion. Sur l'échelle de la gêne, ils ont fait fort. 

- Je pense que ça pourrait être bien, me lâche Rheanna. 

Assise sur mon nouveau lit dans ma nouvelle chambre, je m'y sens déjà mieux. Mais le simple fait de connaître l'animation du jour me fait angoisser. Après sa réponse, je m'affale sur le dos et soupire. 

- Toi non ? demande Zélie.

- Non... pas vraiment. J'ai l'habitude des psys et ça va me plomber le moral.

Rheanna, assise sur son lit, tient son coussin autour d'elle comme un doudou. 

- Dis-toi que je suis déjà allée à des réunions pour anorexiques. 

Je connais déjà cette histoire grâce à Angie. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Zélie lui pose une question.

- Comment ça ?

- Tu vois les réunions de drogués où ils racontent qu'ils n'en ont pas pris depuis un mois et qu'ils sont fiers d'eux ? 

- Ouais, comme dans les séries.

- Ouais, bah c'était ça... mais pour anorexiques. C'était plutôt du style "j'ai mangé aujourd'hui", et ça me mettait si mal à l'aise car mes parents venaient à toutes mes réunions. 

Je ne suis jamais allée à ce genre de regroupements et je me demande comment ça doit être. Pas spécialement parce que j'ai la folle envie de m'y retrouver, mais par curiosité. Tout est beau dans les films ou les séries, tout est toujours mieux, alors j'ai du mal à imaginer comment l'ambiance morbide de la salle doit être. 

DÉTOXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant