35: du bleu et du blanc

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- T'as vraiment défendu Abel ? me demande Zélie, d'un air outré

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- T'as vraiment défendu Abel ? me demande Zélie, d'un air outré. 

Tandis que nous marchons, Zélie démonte morceau par morceau mon discours. Elle est d'accord avec moi sur le fait qu'on peut pardonner mais pas quelqu'un comme Abel. Tout ça parce qu'on s'est battus. Peut-être qu'au fond, j'essaye simplement de me convaincre de reparler à Abel. Peut-être que je me trouve des excuses. Peut-être que c'est un psychopathe qui s'excuse pour me tuer d'ici la fin de la colonie.

- Ta gentillesse te perdra, Danaé.

- Je me trouve pas tellement gentille, j'essaye d'être juste.

Elle soupire.

- Si t'es heureuse comme ça, c'est cool. Et ça me va. Je veux pas faire la pote lourde avec ça.

Après avoir mangé avec Rheanna, on arrive devant la salle des animateurs pour prendre les décorations. C'est notre dernier jour de punition et on a juste à préparer la fête du quatorze juillet de ce soir. Même si installer des décorations pendant tout l'après-midi ne me plaît pas, je suis assez nostalgique. C'est le dernier jour où je suis sûre de me retrouver seule à seule avec Zélie. Je vais tenter d'en profiter au maximum. Aux ordres des animateurs, on prend deux cartons qu'on ramène dans le hall. Dire que tout est parfait ne représente pas la réalité. On en a morflé. Tout ça parce que nos petits bras ne sont pas sportifs, et que porter un énorme carton chacune est l'équivalent de notre sport de l'année. 

- Alors, vous allez les gonfler et faire une arche comme ça, nous explique Tiphaine en nous montrant une photographie sur son portable.

À l'allure des fêtes américaines, je comprends qu'on doit faire une arche de ballon aux couleurs de la fête : blanc et bleu. Puis, avec le reste des décorations des cartons, on doit faire en sorte que ce lycée morbide donne envie de s'amuser. On doit se débrouiller toutes seules, sauf qu'on ne sait pas faire. Lorsque l'animatrice part, je me retourne vers Zélie. 

- Tu sais comment faire ça ? je lui demande.

- On est dans la merde.

Nos deux cartons de ballons au sol, on ne sait pas du tout comment procéder. 

- Bon, attends, je vais aller demander aux animateurs.

Ça aurait été le raisonnement logique de toute personne ne sachant pas comment faire. Mais pas Zélie. Elle veut être dans l'originalité. Elle aime se débrouiller toute seule. C'est ce genre de filles qui se répètent qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. C'est aussi le genre de filles qui aiment faire des conneries. À voir.

- J'ai une meilleure idée.

Elle me prend la main et part. Je n'ai pas d'autre choix que de la suivre et ça ne me déplaît pas tant que ça. On ne peut jamais s'attendre à ce que Zélie va faire. Lorsqu'on passe devant le bureau des animateurs, on s'accroupit. Zélie rigole, et moi je ne peux m'empêcher de sourire. Elle s'approche de mon visage et me chuchote à l'oreille ces paroles.

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