39: incompréhension

7K 744 158
                                    

Après s'être remises à courir, on finit par s'arrêter pour de bon

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Après s'être remises à courir, on finit par s'arrêter pour de bon. Je pars prendre une douche, j'enfile quelques vêtements et j'attends que les deux autres finissent de se préparer tandis que je me gratte la peau autour de l'ongle de mon pouce. 

C'est un peu une vieille amie, cette manie. C'est juste dommage qu'elle n'arrive que lorsque mon cœur se remplit de stress. Je sais que je dois lui dire au revoir et que je n'ai rien à craindre actuellement. Mais elle, elle sent quand quelque chose ne va pas. C'est mon alarme. Je crois que je dois vraiment en parler à Zélie avant que je ne détruise mon doigt. C'est sûr, ça m'angoisse de laisser la situation en suspens. Et je ne sais pas pourquoi.

Ça saigne. Je devrais peut-être fermer la blessure, désinfecter mon doigt puis mettre le produit miracle de Tiphaine. Sauf que je reste assise sur mon lit. Le bruit de l'eau tombant dans la douche résonne dans ma tête. Je sais que Zélie est en train de se maquiller dans la salle à côté, et je me demande si je devrais profiter du fait que Rheanna ne soit pas là pour mettre les choses au clair. Je respire un bon coup. Je ne dois pas être impatiente comme ça. Je devrais laisser les choses se faire, sauf qu'elles ne se font pas, et que j'ai l'impression qu'on me met des bâtons dans les roues.  

Je pense que je ressemble à une psychopathe. Je pense beaucoup trop. Et c'est à force de penser que je m'imagine mille scénarios dans ma tête et que je vais de moins en moins bien. Mes pensées avalent peu à peu mon bonheur. Oui, je suis une toxine. Oui, je me détruis moi-même. Il me faudrait vraiment un traitement. Et parfois, en regardant Zélie, j'ai l'impression que c'est elle, le miracle.

- Tu préfères quelle couleur ? me demande Zélie en entrant dans la pièce avec deux rouges à lèvres, un dans chaque main : son rouge habituel et un violet foncé.

J'imagine la tête qu'elle pourrait avoir avec chacune de ces couleurs sur les lèvres. Je réfléchis, et mon verdict apparaît dans ma tête : j'ai du mal à l'imaginer sans son rouge habituel. C'est un tout. Quand je pense à Zélie, je pense à sa veste en cuir, à ses Dr. Martens montantes et à son rouge à lèvres d'un rouge pétillant de vie. Même si le violet lui irait sûrement bien, parce que tout lui va, je penche toujours pour la routine. 

Je dois rajouter ça à ma liste qui prouve que je suis complètement tarée : réfléchir autant à une question aussi simple.

- Le rouge.

- C'est noté, je le mettrais après le repas... pour ne pas bouffer du cake au rouge à lèvres.

On attend que Rheanna finisse de se préparer et on se rend à la cafétéria. Tout le monde est déjà là. Alors j'ai l'impression d'arriver dans la pièce comme une star de film hollywoodien qui passe sur le tapis rouge. À la différence, personne ne nous calcule, hormis Abel qui me salue au loin lorsque nos regards se croisent. Il est en train de débarrasser son plateau, et je me demande s'il a mangé tout seul. On s'installe à une table. Rheanna est juste en face de moi tandis que Zélie en diagonale.

DÉTOXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant