54: le verdict

6.8K 672 382
                                    

J'ai longtemps cru que mon cœur était destinée à être torturé jusqu'à la fin de ses jours, et qu'il ne serait jamais vraiment sûr de lui, à moins que le grand certain n'est qu'un mirage

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'ai longtemps cru que mon cœur était destinée à être torturé jusqu'à la fin de ses jours, et qu'il ne serait jamais vraiment sûr de lui, à moins que le grand certain n'est qu'un mirage. Il était bien perdu, du début de mon existence jusqu'à aujourd'hui, et surtout pendant la colonie. Je commence à peine à y voir la sortie. Ce n'était pas simple, j'ai beaucoup réfléchi, mais je pense que tout est un peu plus clair chaque jour qui s'écoule.

Il en a bavé, ce petit cœur bien trop fragile dont l'humeur dépend des autres. Lors de ma dispute avec Zélie, tout était sombre. Lorsque je me suis engueulée avec Abel, j'ai eu l'impression que mon monde s'écroulait. Lors de cette soirée chez Émeric, je me suis sentie très seule, bien plus que n'importe qui sur Terre, même le plus reclus des êtres-vivants. Et j'ai eu envie d'en finir. Immédiatement, rapidement, ma date d'expiration était arrivée à terme.

Puis, mon cœur s'est posé un pansement tant bien que mal. Et maintenant, même si nous crevons de chaud sous ce soleil étouffant, je me sens mieux que jamais.

Même s'il n'est plus torturé, une question reste en suspens : est-il vraiment sûr de lui ? Si on se pose la question, ça veut dire que ce n'est sûrement pas le cas.

C'est en regardant Abel en haut de cet arbre, riant avec lui, que je me rends compte que je me suis complètement trompée. La faute de mon cœur cherchant sans arrêt la bonne voie, dirais-je pour me défendre. Plus le temps passe, plus je réalise que ce n'est pas de l'amour, je cherchais juste à combler le vide qu'Émeric a laissé en moi.

C'est peut-être idiot. J'étais complètement seule et je crois avoir trouvé en Abel une solution pour aller mieux, quitte à m'accrocher à lui sans chercher à comprendre mes sentiments. Je réfléchis, mon cerveau brûle, cherchant la réponse. Tandis qu'il me parle, tout me paraît bien plus clair. Sur le haut de cet arbre, je le regarde rire et je commence à culpabiliser. Surtout que j'ai l'impression d'avoir joué avec ses sentiments.

Lorsqu'on descend de l'arbre, après plusieurs essais, je fais signe à Abel de s'éloigner avec moi pour lui parler. Il ne mérite pas un mensonge, même involontaire, il doit donc être mis au courant. Quand je vous disais que j'étais l'antagoniste, c'était vrai. On s'assoit à l'ombre, pas trop loin du groupe pour qu'on puisse toujours les apercevoir.

Il me regarde, les yeux grands ouverts, sans comprendre. La boule au ventre, j'essaye de prendre mon courage à deux mains mais je ne sais pas par où commencer. Il se passe beaucoup trop de choses dans ma tête. Je me sens observée, trop de pression.

- Alors, c'est quoi ton secret ? me demande-t-il comme un enfant le soir de Noël, trop curieux et impatient.

- D'abord, je voulais vraiment te remercier pour ce que tu as fait par rapport à Zélie. T'étais pas obligé. Et puis, on s'était engueulés. Je pensais que tu n'allais plus jamais me reparler. Donc merci, merci beaucoup.

Il s'allonge alors dans l'herbe, les bras s'étalant sur le sol. Je le suis, faisant de même. Les rayons du soleil passent entre les feuilles vertes de l'arbre, m'éblouissant à certains moments.

DÉTOXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant