Après une tentative de suicide et plusieurs rendez-vous chez le psychologue, Danaé se voit forcée d'aller dans une colonie de vacances pour l'aider : la colonie de détoxication des mauvaises pensées, soit la colo détox. Qui aurait pu croire qu'elle...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Tout ce que j'ai retenu, c'est qu'elle ne veut pas m'écouter. Après tout, personne n'a envie de parler de malheur lorsque tout va bien. Nous passons alors tout l'après-midi à décorer tandis que je n'ose plus trop parler. Ma crise diminue toute seule. Plus j'y pense, plus je trouve cette situation complètement ridicule. Pourtant je reste bloquée, et froide par la même occasion. Les animateurs finissent par nous aider. La cafétéria est aménagée pour la soirée, les couleurs bleus et blanches animant les pièces, sans oublier l'arche de ballon à l'entrée. Je suis assez fière de notre travail et je suis épuisée.
La fête commence à dix-neuf heures, ce qui me laisse une heure pour me préparer.
- Tu veux qu'on se prépare ensemble ? me propose Zélie.
Je n'ose pas. Je suis ridicule en jean. Et puis je ne peux pas m'empêcher de me répéter ces paroles dans ma tête. Alors que je ne devrais pas. Peut-être qu'elle ne s'en rend pas compte et qu'elle ne s'en rendra jamais compte mais j'ai été blessée. J'aurais aimé qu'elle m'écoute. Peut-être que j'ai l'air d'être une tarée, sauf que j'aurais aimé que quelqu'un m'aide à me calmer quelques minutes. Me préparer avec elle ne m'enchante pas. Non parce que je ne l'apprécie pas mais parce que je n'ai pas envie de ressembler à un boudin à côté d'une bombe.
- Euh... je dois faire quelque chose avant, Tiphaine m'a demandé d'installer un dernier truc avant le début de la fête.
- Quel genre de truc ? Je peux t'aider, si tu veux.
Étrange, elle ne lâche pas aussi rapidement l'affaire que lorsque je lui ai demandé de m'écouter.
- Pas la peine... Va te préparer. Met ta jolie robe... et fais comme tu fais d'habitude.
- Ce que je fais d'habitude ?
Bien s'habiller dans n'importe quelle situation ? Élégante mais pas trop, séduisante mais pas provocante, c'est un super-pouvoir. Mais jamais je ne dirais ça.
- Les trucs que tu mets sur ton visage.
Elle rigole doucement, puis me regarde droit dans les yeux en souriant.
- C'est ce qu'on appelle du maquillage, Danaé. Je t'attends là-haut... Amuse-toi bien à décorer cette prison dans la solitude.
Je la regarde partir, puis je m'en vais loin d'elle. Le côté positif est que je n'aurais pas à me sentir mal à l'aise jusqu'à la soirée. Le côté négatif est que je dois faire semblant d'aller voir Tiphaine. Pour faire passer le temps je vais faire le tour du lycée. Comme ça je ne ferais pas repérer par la fille de mon lycée. Je prétexterai quelque chose lorsque je reviendrai. Je dirais que je ne me sentais pas bien et que j'étais à l'infirmerie. Ou sinon, je dirais que j'ai pris une heure à tout installer.
J'ai l'impression que j'enchaîne les mensonges. C'est peut-être ça, mon super-pouvoir.
Maintenant, je dois trouver où je vais me cacher pendant une heure. Après avoir fait le tour du lycée pour sortir, je marche aveuglément dans le terrain d'herbe. Il a beau être dix-neuf heures, j'ai l'impression d'être en pleine journée. C'est pour ça que j'ai toujours aimé l'été. Pas parce que j'adore me trimbaler en vêtements courts, ni pour qu'on voit mes grosses cuisses mais plutôt parce que la nuit tombe très tard. Et même lorsque le ciel est couché, il fait chaud. Je peux alors admirer les étoiles sans risquer de tomber malade.
