Chapitre 38

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  Après une bonne heure de discussion sur les pour et les contre de notre relation ainsi que sur ce qu'il vient de se passer avec Peter et Rachel, mon aîné se décide enfin à sortir de ma chambre, me laissant seule avec Kerian.

– De quoi parlait Peter ? De quelles magouilles est-ce qu'il parlait ?

Je ne peux me retirer cette phrase de Peter de ma tête. Qu'est-ce qu'il bien pu vouloir dire ?

– De... du mensonge pour... pour les flics.

Sa voix est hésitante, si bien que je doute un moment de la vérité de cette réponse. Mais je m'en contenterais pour ce soir, je n'ai pas la moindre envie de me disputer avec quelqu'un d'autre à cette heure-ci !

– Je... je peux... dormir ici ?

Sa voix est enfantine et saccadée, j'aime lorsqu'il n'est pas sûr de lui, ça lui apporte une adorable fragilité minaudière bien différente de sa prétention habituelle. J'hésite un moment, après tout, ça aggraverait sûrement les relations que j'ai avec Rachel, mais je ne peux pas oublier le fait que Kerian s'est battu pour moi ce soir. Bien-sûr il était aussi question de Luna, mais je ne peux pas nier ça, peut-être que c'est simplement un prétexte que je tente de me vendre à moi-même dans le seul et unique but de passer une nouvelle nuit avec lui, mais je dois avouer n'avoir aucune envie de rester seule ce soir. J'acquiesce alors d'un signe de tête avant qu'il ne se décide à retirer son tee-shirt blanc tâché de sang ainsi que son jean et ses baskets.

– Tu as besoin de ton tee-shirt ? Je souffle en agrippant du bout des doigts le tissu que je porte en ce moment tandis qu'il s'approche de moi.

Désormais presque collée à la porte de ma chambre, Kerian passe sa main sur ma nuque avant de déposer un doux baiser sur ma clavicule, son souffle chaud parvient en quelques secondes à réchauffer mon corps encore froid du fait de la température extérieure.

– Hum, j'hésite. D'un côté il te va très bien...

Son souffle chaud remonte le long de ma nuque pour arriver jusqu'à mon oreille, il dépose un second baiser sur ma joue tout en attrapant le revers du tee-shirt lui appartenant puis reprend :

– Mais j'ai aussi vraiment envie de te voir sans.

Sa voix rauque parvient à me donner des frissons tandis qu'il ne s'arrête pas de m'embrasser.

– Je... euh...

Il a un surprenant mouvement de recul.

– Pardon, putain, c'est le pire des moments.

C'est bien la première fois que je vois Kerian dans un tel état de doute. Je sens qu'il a besoin de mon approbation pour continuer, j'esquisse donc un petit sourire tout en verrouillant la porte avant de le repousser légèrement jusqu'à mon lit puis de m'allonger sur lui tout en embrassant ses lèvres pleines. Un étrange goût de sel se mélange à nos salives, comme s'il avait pleuré. Kerian, pleuré ? Je ne relève pas. Il dépose ses mains de chaque côté de mes fesses tout en y agrippant la chaire facile d'accès étant-donné la finesse de mon leggings. Il attrape cette chaire à pleine main tandis que nos langues débutent un excitant jeu. Elles tournoient, se caressent, s'effleurent puis se fuient pour se retrouver. Kerian retire son tee-shirt de mon corps désormais brûlant tout en se mordillant la lèvre inférieure, j'aime le voir faire ça, j'aime avoir cette impression d'être désirée, d'être la fille la plus attirante sur cette terre. Je sais que c'est faux et pourtant je le ressens à travers ses sublimes yeux verts, est-ce que ce ne serait pas ça l'important, ce que l'on cherche chez un homme ? Se sentir désirée et belle en toute circonstance, même démaquillée et en leggings ? Se sentir soi-même sans avoir besoin d'artifices ? J'ai l'impression de trouver en Kerian ce que j'ai toujours cherché chez un homme malgré nos nombreuses difficultés et notre histoire complexe, mais je dois avouer que c'est cette attirante complexité qui me manquait.

– Holly... Tu... es... sublime, souffle-t-il entre deux baisers.

C'est incroyable comme nos corps réagissent l'un à l'autre, comme ses courbes suivent les miennes qu'importe le mouvement, je sens nos cœurs battre au même rythme et notre souffle s'accorder. Nous ne formons désormais qu'une masse informe, qu'une chose, qu'un sentiment, qu'un souffle. Cette amour risque bien de brûler totalement mon âme, de la réduire à néant, et je risque de me perdre sur cet étroit chemin que l'on appelle l'amour. Mais tout ça m'importe peu, je sens le feu se déclencher en moi lorsque son regard croise le mien entre deux baisers, je sais que ce beau blondinet que je voyais quelques mois plus tôt comme inaccessible me brisera le cœur. Peut-être sans le vouloir, mais ce jour-là il ne me restera que les doux souvenirs de nos nuits passées ensemble, de nos journées à nous chamailler, nous détester, nous fuir pour nous retrouver comme deux âmes-sœurs, comme deux personnes destinées à vivre cette réalité ensemble. Cette réalité si pitoyable qu'il parvient à rendre incroyable à l'aide de son unique sourire, de sa manière de me regarder, de me contempler comme si j'étais la première femme qu'il voyait.

***

Une bonne heure a passé mais le sommeil ne vient pas, trop perturbée par cette soirée riche en émotions je me tourne et me retourne dans mon lit espérant trouver le sommeil. En vain. Kerian vient juste de s'endormir et je sens sa respiration fraîche tantôt sur ma gorge tantôt sur mes longs cheveux clairs. Ma main posée sur le corps du beau blond redessine les courbes de son sublime tatouage que je pense commencer à comprendre. Je commence à le comprendre car j'ai l'impression de prendre la place de Luna, de cette lune étant la raison des différentes facettes du beau loup que représente Kerian. Je me trompe peut-être, mais je ne vois pas vraiment d'autre explication.

– Tu n'arrives pas à dormir ? Me souffle la voix endormie du beau blond.

– Non, excuse-moi je t'ai réveillé.

– Ne t'excuse pas, j'ai toujours eu du mal à dormir c'est... différent avec toi.

Il se tourne face à moi et sa main droite se pose délicatement sur ma joue, il la caresse gracieusement et j'aperçois son charmant sourire malgré la faible luminosité apportée uniquement par le réverbère extérieur.

– Tu crois qu'on fait une bêtise ?

Je regrette ma question à la seconde même où elle sort de ma bouche, évidemment que s'en est une, évidemment que c'est mal mais ça m'importe peu. Je ne veux plus que ma vie soit dictée par de telles règles.

– Je crois que tu es la plus belle connerie que je n'ai jamais faite !

Il dépose un doux baiser sur le bout de mon nez avant d'en déposer un second sur mes lèvres. C'est étrange comme je me sens à l'aise en sa compagnie. Moi qui ne savais ni comment me tenir, ni que dire ou que faire au part avant lorsque je le croisais, je me retrouve désormais à le considérer comme l'une des personnes avec lesquels j'ai le bonheur de me sentir les plus vivantes.

– Essaye de t'endormir mon ange. Je suis là.

Le surnom attribué par Kerian emplit mon cœur de joie, je ne sais pas si je peux dire que nous sommes officiellement « en couple » mais dans tous les cas je sais que nous sommes ensemble, l'un avec l'autre, l'un près de l'autre. Et c'est tout ce qui compte à ce moment précis.
Je ferme mes yeux et dépose ma tête contre le torse nu du beau blond, sa main exécute des petits mouvements rotatifs dans mes cheveux, je sens bien qu'il n'en a pas l'habitude et ça me touche d'autant plus. Ainsi, je tombe rapidement dans les bras de Morphée chassant les perpétuels doutes et questions gravitant autour de ma personne.

Soulmate - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant