Soulmate - Tome 1

Chapitre 19

  Les minutes passent et un silence de mort règne entre Peter et moi, il finit d'avaler son burger et soupire un grand coup.

– J'ai l'impression d'avoir plombé l'ambiance, Jensen.

Je finis le mien quelques secondes plus tard et me met à rire, je ne veux absolument pas qu'il pense que j'ai accepté de sortir avec lui uniquement pour parler de Kerian. C'est justement tout le contraire.

– Non, excuse-moi, ma nuit a été...

– Agitée ?

Peter me coupe la parole, un sourire sournois apparait sur ses lèvres avant d'enfourner une frite dans sa bouche. J'explose de rire en lui lançant une frite qui atterrit à mon plus grand plaisir sur le front bronzé de l'adolescent.

– Hey, je ne te permets pas, Peter !

– Excuse-moi, Jensen c'était plus fort que moi et puis ça ne m'aurait pas étonné.

Je le menace avec une autre frite et il s'excuse tout en riant à gorge déployée. C'est agréable de sortir avec Peter, ne pas avoir à se cacher de ma meilleure amie et de mon frère, ne pas se poser des dizaines, que dis-je, des centaines de questions à la minutes sur le pourquoi du comment, si c'est mal, si je devrais arrêter ou aller plus loin, c'est également très agréable de ne pas devoir ignorer ou repousser toute irrépressible envie de sauter sur la personne !
Nous changeons de sujet et évoquons son parcours scolaire, il m'avoue vouloir entrer en faculté de médecine tout comme son père et je le félicite tout en tentant de lui apporter du courage, je lui présente ensuite mon idée de vouloir me spécialiser en journalisme tout en lui promettant d'un jour écrire un article sur le « beau Peter O'Neil m'ayant emmené manger le meilleur des burgers ! ». La serveuse nous apporte ensuite un milkshake à la vanille pour moi et un au chocolat pour Peter. Nous passons ensuite une bonne heure à critiquer si bien gentiment que très méchamment les profs du bahut en passant par l'adorable monsieur Georges mon professeur de sport et par le flippant monsieur Mayers. Nous rions en évoquant le jour où Stephanie Sumers, une petite bourge du lycée, est tombée avec son plateau à la cantine ainsi que nos sublimes souvenirs de cet été. Le bel adolescent évoque ensuite la rupture brutale de ses parents l'an dernier et son départ à New-York avec son « connard de nouveau mec ». Son vocabulaire fleuri me fait rire intérieurement.

– Ecoute, Jensen, j'ai une petite envie de faire un plongeon ça te dirait de venir à la maison ?

Je déglutis. Attendez une minute, est-ce que ce n'est qu'une impression ou bien tous les amis de mon frère se comportent de manière excessivement gentille avec moi ces temps-ci ? Bizarre. Voyant ma mine hésitante, Peter reprend :

– Ou bien... à la plage.

– Je n'ai pas mon maillot, je bredouille avec une mine un tantinet boudeuse.

– Pas grave, je te file mon short et tu peux y aller en soutif, je t'ai déjà vu en maillot je ne vois pas ce qu'il y a de différent ! Je t'en prie, Hollywood Beach est de loin le meilleur spot de cette foutue ville !

Accepte Holly, voilà plus de deux heures que tu n'as pas pensé à Kerian, il faut que ça continue !

– Bon, d'accord ! Pour la plage.

Il exécute un clin d'œil en lançant trente dollars en billets sur la table avant que je ne me lève, je suis très gênée de le laisser me payer le restaurant, mais lorsque je lui fais remarquer il se met à rire et pose son bras sur mon épaule. Je ne bronche pas et nous sortons pour regagner sa voiture. En montant, l'adolescent allume l'autoradio tout en mettant une vieille musique de 50 cents me rappelant les soirées sur la plage durant mes somptueuses vacances ! Je me déhanche dans la voiture, ce qui le fait beaucoup rire, le trajet est normalement plutôt long pour se rendre jusqu'à Hollywood Beach, une bonne demi-heure. Enfin normalement ! Nous arrivons au bout d'une vingtaine de minutes grâce à la conduite, loin d'être irréprochable, du beau métisse, puis Peter se gare sur un parking à côté de la plage. Un très grand supermarché regroupant attrape touristes hors de prix et bouées en formes de licornes, chevaux ou bien flamants roses plus ou moins résistantes est posté devant l'immense plage. Nous passons devant tout en nous moquant de touristes ne comprenant pas un traitre mot de notre langue puis traversons la belle plage de sable clair, le vent est plus fort qu'il y a quelques minutes mais ce n'est en rien dérangeant. Hollywood Beach est vraiment sublime à cette période de l'année, un tas de jeunes en skateboard ou rollers sillonnent la petite allée entre le parking et la plage, des échos de musiques de toutes origines retentissent dans les bars bondés de touristes, des enfants courent sur le sable avec un large sourire aux lèvres, des éclats de rires se font entendre aux quatre coins de la plage et le doux bruit des rouleaux de la mer créent une ambiance relaxante et un décor digne de carte postale.
Le beau Peter me tire jusqu'à un endroit qu'il désigne comme étant « le meilleur de tout Hollywood Beach », je ne comprends pas vraiment pourquoi il pense que cet endroit est le meilleur étant donné que la plage n'est qu'un vaste étendu de sable chaud !