Chapitre 16

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  Trêve de conversation si sérieuse, j'attrape le bras de ma meilleure amie pour la tirer jusqu'au salon ou une quantité innombrable d'adolescents se déhanchent, des verres remplis d'alcool à la main. Je sens des regards se poser sur nous au moment où nous nous mettons à danser mais tant pis, l'alcool prend vite le dessus sur cette gêne et je continue de plus belle. Lorsque je tourne les yeux en direction des escaliers, je croise le regard de Kerian tenant la main de cette abrutie de Jil. Il doit sûrement l'emmener dans sa chambre, génial ! Même si ça m'étonnerais fortement étant donné ce que Kerian m'a appris tout à l'heure sur le fait qu'aucune fille n'ait jamais passée de temps dans sa chambre. Mon regard inquisiteur semble le faire rire et lorsque je fronce les sourcils pour lui montrer mon mécontentement ce dernier affiche son sourire le plus radieux avant de reporter son attention sur le corps bien trop dénudé de Jil. J'ai un pincement au cœur en le voyant se mordre les lèvres avant de finalement quitter mon champ de vision, je ne sais pas si c'est l'alcool, la haine que je porte pour Jil ou celle que je ressens envers Kerian à ce moment précis, mais une irrépressible envie de pleurer me saisit. J'avale un énième verre qu'un inconnu me tend pour faire passer cette tristesse et retourne à mes occupations avec Rachel.
Les minutes passent et nous sommes attirées vers un stupide jeu d'alcool, les règles sont simples : avaler les cinq shots de vodka alignés sur la table et parvenir à retourner l'ultime gobelet en plastique à la seule force d'une main. Owen remporte avec brio la première manche face à un Peter tanguant de gauche à droite tant l'alcool semble l'avoir consommé. La deuxième manche oppose Evy et Sandy qui gagne à son tour. Tandis que nous commençons à tourner les talons, Rachel et moi nous voyons attirées par la foule au centre du cercle formé par ces derniers. Enivrée par l'alcool absorbé jusqu'à présent j'exécute un clin d'œil à l'attention de ma meilleure amie en lui souhaitant bonne chance puis me place face aux cinq shots. Quand les cris retentissent marquant le début de l'affrontement j'attrape le premier verre que je bois sans problème tout comme les trois suivants, le dernier shot me reste dans la gorge tant le goût brûle celle-ci. Je prends tout de même sur moi, motivée à gagner la compétition et bois le dernier verre avant de me pencher pour tenter de retourner le gobelet à la force de ma main droite. Les lignes de la nappe posée sur la table semblent désormais former des vagues, j'entends tout ce qu'il se passe que ce soit devant ou derrière moi comme si j'étais dans la pièce d'à côté et j'ai une affreuse envie d'aller aux toilettes, mais tant pis. Le premier essai est un échec, je vois Rachel se rapprocher de l'objectif et une pointe d'adrénaline se saisit de mon corps. Le deuxième essai est le bon puisque je parviens à retourner le verre sous les cris et les applaudissements des adolescents autours.

– Bien joué ! Beugle-t-elle tout en m'attirant dans la foule pour laisser la place à quelqu'un d'autre.

Je la remercie et lui fait signe que je monte aux toilettes. Ma tentative de monter les escaliers pour rejoindre les toilettes de l'étage s'avère plus compliquée que prévue, surtout après ce qu'il vient de se passer ! Je tangue tellement que je mets cinq bonnes minutes pour rejoindre la salle de bain, en passant devant la chambre de Kerian un horrible mal de crâne m'assaille ainsi qu'une douleur au ventre, ça me fait énormément de mal qu'il ait oublié si vite ce qu'il s'est passé entre nous et ça me blesse encore plus qu'il couche avec une autre fille le lendemain. Une fois que j'ai fini, je me lave les mains et m'assieds une minute sur le rebord de la baignoire, ce fichu sol semble tourner et mon mal de tête est de plus en plus intense. Sans savoir pourquoi, je me remémore la nuit avec Kerian, cette sublime nuit, magique et totalement utopique. Je ne sais pas pourquoi je l'ai laissé faire, j'aurais dû me tirer en le voyant arriver dans la chambre, j'aurais dû le repousser quand il a commencé à me toucher. Mais au fond de moi je sais que c'est impossible, je ne pouvais ni m'en aller ni le repousser, mes jambes sont, à mon grand damne, si solides que des guimauves lorsque je me retrouve près de lui, mon pouls s'accélère et ma respiration s'accentue. Je ne peux, de toute évidence, pas repousser quelqu'un qui me contrôle plus que je contrôle mon propre corps. Comme si son corps et le mien se complétaient à la perfection, comme si le simple fait de poser ses douces mains sur mon corps faisaient de lui le propriétaire de cette chaire que je pensais mienne au part avant, comme si j'étais indéniablement et irréfutablement destinée à lui appartenir, lui obéir ou plutôt le consentir. De petites larmes se mettent à ruisseler sur mon visage pourtant parfaitement maquillé, mes pensées vagabondent tant dans cet univers utopique de souvenirs que je n'entends pas la porte de la pièce s'ouvrir.

Soulmate - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant