Soulmate - Tome 1

Chapitre 4

 Les réactions fusent et des rires se font entendre de tout part, bousculée par la foule déjantée je me retrouve très vite dans le bureau en question accompagnée d'une vingtaine de filles et d'une quinzaine de garçons. A ma plus grande surprise, je suis apparemment la seule à me demander ce que je fais là. Tous les autres adolescents qui m'entourent ne semblent pas le moins du monde tracassés par les événements. C'est alors que la grande Jil rentre dans la pièce faisant taire tout le monde. C'est fou cette crainte envers les soi-disant reines des abeilles. Je pensais que ce genre de fille n'existait que dans les séries ou dans les films. Mais Jil est de toute évidence le cliché type de la détestable « fille à papa ».

– Merci d'être venus.

Elle ricane tout en fermant la porte de la pièce. Là c'est sûr, quelque-chose de mauvais se trame et j'aurais de toute évidence du écouter mon frère et son conseil sur les soirées de début d'année.

– Comme je vous l'ai dit, nous avons une petite surprise pour vous. Vous ne pensiez quand même pas vous en sortir comme ça et passer une soirée sans qu'on s'amuse un peu ?

Là-dessus, les regards entre nous se succèdent, et à ce moment je regrette d'avoir mis les pieds dans cette fichue soirée. Je regrette tellement mon attitude obstinée et bornée, j'aurais dû écouter Kerian et mon frère. Je n'ai d'ailleurs pas vu Owen de la soirée, mais à vrai dire ce n'est pas vraiment à lui que je pense à cet instant précis. J'allume mon téléphone pour tout de même tenter de lui envoyer un message mais Jil me l'arrache des mains avant même que je n'ai le temps de le déverrouiller.

– Ecoute mini Jensen, je me fous royalement que tu sois la sœur d'Owen, tu n'es pas une privilégiée ici, crache-t-elle en posant mon téléphone sur la table de billard avant de reprendre. Si je vous ai entrainés ici c'est pour un petit jeu. Les règles sont simples, chacun de vous sera choisi par l'un des invités de cette fête. Fille ou garçon je n'en ai rien à faire ! Vous serez à lui, où elle, durant toute cette soirée. Si l'un de vous refuse, vous pourrez dire adieu au peu de dignité qu'il vous reste !

A l'entente de cette nouvelle mon cœur manque un battement, il est inconcevable que « j'appartienne » tel un vulgaire objet à un sombre inconnu qui sera sans doute plus qu'aviné. Mon cœur bat la chamade et je commence à sentir mon pouls s'accélérer et mon estomac se serrer si bien que des crampes surviennent en moi. Mes jambes semblent se transformer en guimauve tant je n'ai plus de force et un horrible mal de crâne se saisit de moi. Cette arrivée de sensations si soudaine me donne la tête qui tourne et une irrépressible envie de revomir tout mon déjeuner me heurte de plein fouet. Pas très classe je dois l'avouer.

– Tu ne peux pas nous y obliger.

Lorsque je prononce cette phrase, miss pétasse explose de rire tout en sortant un paquet de paperasse du tiroir du bureau.

– Théoriquement si, c'est écrit dans le contrat en bas de page.

C'est pas vrai, cette dernière m'a tellement pressé à signer son fichu papier que je n'ai même pas fait attention aux petits caractères en bas de la feuille de papier. Elle range le tas dans le même tiroir duquel il provenait avant de faire volte-face dans notre direction, un large sourire aux lèvres.

– On va commencer par toi, Jensen.

Je crois m'évanouir à l'entente de mon nom. Comme si la situation n'était pas assez gênante, il fallait que je sois choisie en premier, évidement ! Jil agrippe mon bras et nous sortons toutes deux de la salle. Après l'explication des règles, le calvaire commence. Je me sens à ce moment précis comme une marchandise que l'on tente de vendre aux enchères, je ne parviens toujours pas à distinguer mon frère dans l'immense foule, ma peur monte en flèche et les nausées reviennent. Contre toute attente, un beuglement se fait entendre au fond de la salle, épatée par la voix virile de l'homme je penche la tête sur le côté pour tenter d'apercevoir à qui appartient ce rauque meuglement.