Soulmate - Tome 1

Chapitre 48

  Cher journal, nous sommes déjà le 5 octobre et je me rends compte que ça fait longtemps que je ne me suis pas confiée à toi. Bien trop longtemps ! A vrai dire, je suis perdue... Je ne sais ni quoi faire ni quoi dire, ça me brise le cœur de devoir ignorer Kerian au lycée et je sais que ça l'affecte aussi. Owen m'a assuré que c'était la meilleure des solutions si je voulais rester amie avec Rachel mais je ne peux que remettre en question ses paroles. Si elle est vraiment ma meilleure-amie pourquoi me fait-elle vivre un tel calvaire ? Et si je lui avais défendu de sortir avec Julian, qu'est-ce qu'elle aurait fait ? Et dire que demain je dois passer la soirée chez elle pour perpétuer le petit rituel du vendredi soir. Plus les jours passent et plus je me dis que ces règles ne riment à rire, je suis consciente d'avoir transgressé la plus importante, et pourtant je ne ressens plus la moindre once de culpabilité. Ce n'est plus le moins du monde important, tout ce que je veux c'est retrouver Kerian. Je donnerai mon âme au diable pour passer un week-end seule avec lui loin d'ici. Mais qu'est-ce que je raconte ! Là c'est sûr, de débloque.

Je dépose mon journal sous mon oreiller avant de chasser une larme perlant sur ma joue. Il ne faut pas que je pleure. Pas encore. J'enfile un sweat-shirt tout en me faisant violence pour ne pas éclater en sanglot, dévale ensuite les escaliers puis enfile mes chaussures. C'est alors que mon frère se plante là, devant moi, les bras croisés et le regard sévère. En réalité, je n'arrive pas à déterminer s'il s'agit de la colère ou bien de la crainte.

– Tu sais où est Kerian ?

– Quoi ? Non, pourquoi je le saurais ?

– Parce-que vous êtes... enfin tu sais ! Il n'est pas rentré hier soir et ne répond pas au téléphone. On va déposer Rachel au lycée et j'essayerai de le trouver après.

J'ai un très mauvais pressentiment. Il ne serait pas reparti chez Charlie sans m'avertir, ça j'en suis sûre. Je ne pourrais pas expliquer cet étrange sentiment mais je sens dans mon fort intérieur que quelque-chose est arrivé. Instinctivement je tente d'appeler ce dernier et tombe directement sur la messagerie. Et s'il était avec Jil ? Je ne peux renier cette hypothèse même si je sens au fond de moi qu'il s'agit d'une chose plus grave.

– Je...

– T'en fait pas, Holly. Il doit être dans un bar ou en train de se promener dans Miami.

Ça ne me rassure pas vraiment mais je ne relève pas, nous montons dans sa voiture et Rachel nous rejoint, elle ne semble pas vraiment inquiète en vue de la situation. En revanche, elle parait furieuse. Mais merde je suis la seule à m'inquiéter pour lui ?

– Toujours aucune nouvelle de lui je suppose.

Le ton ironique dans la voix de mon frère fait grimper ma colère en flèche.

– Quand je le vois, je le tue.

Je ne suis pas d'humeur pour ce genre de blague, si bien que je reste silencieuse durant tout le trajet jusqu'au lycée. Une fois enfin arrivés sur le parking nous nous dirigeons vers les portes avant d'être arrêtés par une grande rousse vêtue d'une jupe en cuir courte, trop courte. Je commence à en avoir marre de la croiser à longueur de journée, ce lycée est définitivement trop petit !

– Dégage, Jil, je ne suis pas d'humeur.

– Oh excuse-moi ! Peter est couvert de blessures par ta faute, alors croit moi je ne suis pas d'humeur raillarde non plus.

– Mais c'est que la pétasse a du vocabulaire !

– Parle-moi encore une fois comme ça et je peux te jurer que tu le regretteras.

– Je suis effrayée !

J'ai toujours le regard cloué sur l'écran de mon téléphone. Je n'ai pas daigné regarder miss pétasse depuis le début de la conversation et je sens bien que ça l'agace.