Part. 24 - LA GENDARMERIE

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Quand nous sommes entrés, un gendarme nous a accueillis et nous a demandé ce qu'il pouvait faire pour nous. Aucun mot n'est sorti de ma bouche, j'étais tétanisée et je me rendais compte que ce moment était enfin arrivé ; j'allais devoir tout dire. Mon collègue prit donc la parole à ma place :

- Bonjour, alors nous venons aujourd'hui pour la jeune fille présente avec moi, je suis un ami et je l'accompagne dans sa démarche. Elle souhaite porter plainte pour violence conjugale.

- D'accord très bien, il va falloir prendre rendez-vous dans ces cas-là, et je ne vais pas avoir de créneau avant demain.

Je regarde le gendarme, puis mon collègue qui lui non plus ne comprenait pas comment il était possible de ne pas être disponible pour ce genre de chose lui dire :

- Mais attendez, vous ne comprenez donc pas ? Si je la ramène chez elle, demain, elle ne pourra pas revenir elle sera morte.

Le gendarme commence à comprendre l'ampleur de l'affaire, me regarde et part dans un bureau sans rien dire. Quand il revient nous voir quelques minutes après, il nous demande de le suivre jusque dans un bureau où se trouve M. Lafitte, le gendarme qui prendra ma déposition et qui suivra l'affaire.

C'était donc le moment, le moment de devoir parler de tout ce qu'il s'est passé. Le plus dur ce n'était pas le fait d'en parler devant mon collègue ou devant des inconnus. Le plus dur, c'était que le fait d'en parler à voix haute cela rendait pour moi les choses réelles.

Il a commencé par me poser des questions et j'y ai répondu timidement, mais quand il a fallu que je parle de mon même et en détail de tout ce qu'il s'est passé, c'est là que ça a commencé à être compliqué, deux gendarmes sont rentrés entre temps dans le bureau pour écouter, nous étions donc 5, mais seulement ma voix résonnais dans la pièce. J'entendais les souffles s'accélérer, les poings de M. Laffite se seraient par moment et mon collègue restait silencieux. Par moments, il me regardait, abasourdi par ce que je racontais, je pouvais deviner de la pitié ou de la tristesse dans son regard.

Après un long monologue et pendant que je reprenais mon souffle, la sonnette de la gendarmerie retentit, quelqu'un alla a l'accueil pour ouvrir et dire à la personne que le rendez-vous est annulé. Mon téléphone se mit à vibrer au même moment, la notification était d'une copine qui habite pas loin de chez moi. Je ne prends pas le temps de regarder et je pose mon téléphone sur le bureau, mais il se remet à sonner de plus belle. M. Lafitte, la remarque et me dit que ça ne le dérange pas si je prends un moment pour regarder. Je reprends donc mon téléphone pour regarder et ce que je vois me fit peur et n'annoncer rien de bon.

Mon collègue comprend directement et prend mon téléphone pour lire les messages, une fois finis il me dit d'en informer le gendarme. Je lui lis donc :

- Je viens de recevoir un message d'une amie qui connaît Eddy. On habite pas loin de chez elle et il est venu la voir pour demander où j'étais, elle lui a dit qu'à force de jouer au con avec moi, j'allais ouvrir les yeux et que j'allais porter plainte. Il lui a répondu que c'était impossible parce que j'étais amoureuse et beaucoup trop conne pour aller porter plainte contre lui. La maintenant, il me cherchait partout.

- Bon , les gars-là, on ne joue plus. Je veux deux voitures à patrouiller partout dans le centre-ville et près de l'église. Je veux qu'on m'attrape ce psychopathe. Mlle G informez-moi si vous avez des nouvelles sur ses déplacements.

Deux des gendarmes présents dans le bureau sont allés prévenir leurs collègues et j'ai pu entendre au loin les voitures partir avec les gyrophares, mon amie me prévenait dès qu'elle le voyait passer devant sa fenêtre. Un coup, il courait vers le centre, il rentrait et repartait à vélo pour finalement menacer un de nos voisins pour qu'il l'emmène en voiture faire un tour de quartier. J'en informais à chaque fois M. Lafitte pour qu'il puisse l'attraper plus facilement, et à chaque fois, il me rassurait en me disant qu'il n'allait pas aller bien loin et qu'il finirait par l'attraper.

M. Lafitte continuait de me poser des questions sur la fréquence des coups, sur les personnes qui sont au courant de cette affaire ect, si j'avais des choses à ajouter sur ma déposition. D'une voix tremblante, je lui dis:

- Il y a une chose que je n'ai pas dite, mais je ne sais pas si je veux que ça apparaisse sur la déposition.

- Oui, dites moi et on voit après si je le rajoute ?

- Je vous ai parlé des rapports qui n'étaient pas désirés, enfin des viols. Mais je ne vous ai pas dit que je suis tombée enceinte de l'un de ses rapports.

À ce moment-là, le gendarme a arrêté de fixer son ordinateur pour me regarder. Mon collègue lui, me fixait aussi. Dans un élan de courage, je finis par dire :

- Quand je me suis rendu compte que je n'avais pas eu mes règles à temps j'ai fait un test de grossesse, mais Eddy est arrivée au même moment. Il a vu le test et a compris direct ce que c'était, il m'a battu pour que le perde. Et je l'ai perdu.

Un silence s'est installé dans la pièce, un silence pesant. Mon collègue se leva d'un coup sec et, avant qu'il ne quitte la pièce en s'excusant, je pus apercevoir une larme couler sur sa joue. M. Lafitte souffla un bon coup et me demanda si je voulais un verre d'eau, ce que j'acceptai. Au même moment, son téléphone se mit à sonner, et après avoir raccroché, il me dit :

- C'est bon, il l'on attrapé.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 25, 2023 ⏰

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