"C'est à mon tour, je suppose ?" tentais-je, après un long silence.
Mon patient m'offrit un grand sourire en hochant la tête. Il avait visiblement hâte que je découvre son secret. Et, même s'il ne semblait rien avoir dans les archives concernant un certain 'Kai', j'allais essayer. Après tout, c'était mon métier.
"Si vous êtes devenu ainsi, c'est sûrement à cause de votre enfance." murmurais-je, les sourcils froncés, en me postant face à lui, mais assez loin afin de garantir ma sécurité. "Je pencherais pour un, voire plusieurs, abus sexuels."
Il se crispait légèrement.
Je sentais que j'avais touché quelque chose. Sûrement aurais-je sourit, dans un autre contexte. Mais savoir que quelqu'un avait osé abuser de lui me rendait folle de rage. Comment un être humain pouvait faire de telles choses...?
"Je pense que vous avez été abusé par une femme de votre entourage." poursuivis-je. "Puisque toutes les femmes que vous avez tuées et violemment violées avant de le éventrées portaient toutes plusieurs caractéristiques physiques similaires." avouais-je.
Son regard devint livide. J'approchais au but. Et je commençais à comprendre à quel point ce jeu pouvait être addictif. Cette envie de savoir, cette curiosité, était presque malsaine... C'était un jeu si pervers, mais si jouissif en même temps...
C'était comme un poker. On gagnait une partie, et on se sentait fort, puissant. Puis on continuait. Mais là, étrangement on perdait. Et ensuite on touchait le fond. Ici, toucher le fond signifiait sûrement faire perdre pieds à son adversaire, ce qui était aussi monstrueux que malsain, ou pervers.
"Cette femme, peut être votre sœur, votre mère, ou même votre grand-mère, je n'en sais rien mais..."
Il n'avait pas réagit à sa sœur, avait froncé ses sourcils à l'appelation de sa mère et avait pouffé à celui de sa grand-mère, me certifiant donc que cette femme n'était pas aussi proche de lui que ça. Elle ne faisait pas partie de sa famille, de son lien de sang.
"Je ne pense pas que ce soit l'une d'entre-elles." fis-je soudainement. "Je pencherais plus pour votre gentille voisine si gentille et pure. Mais qui vous saisit le sexe en plein bain, et qui vous retire toute trace de pureté en un instant."
Touché.
Il se crispait brusquement, et fermait ses yeux. Je voyais de là que son corps devenait bouillant, qu'il transpirait, et que sa respiration devenait aussi saccadée que la mienne. Il finissait par rouvrir les yeux, et à me fixer dans les yeux.
Puis, il se mettait à sourire.
"Zut." surjoua-t-il. "Je crois que vous avez faux."
"Ce n'est pas étonnant." murmurais-je dans un haussement d'épaules. "Je ne m'attendais pas à trouver votre secret du premier coup." souris-je. "Néanmoins, je me sens obligée de complimenter votre jeu d'acteur. Il est sensationnel. On pourrait presque croire que vous étiez un gentil, joli, intelligent et tout pur petit enfant." ironisais-je.
Un sourire malicieux restait accroché à ses lèvres. Je n'avais pas de mal à comprendre que la tâche allait être dure. Son secret allait être facile à découvrir, mais il avait un parfait jeu d'acteur, et son passé avait été caché, peut-être même détruit.
Alors que moi, tout le monde connaissait mon passé, mais pas mon réel nom. Tout le monde connaissait la petite Kang EunJi, et la psychiatre Kang EunJi.
Mais personne n'avait jamais fait le rapprochement.
Et mon histoire était si tordue que mon patient n'était même pas au début de l'histoire.
"Je ne peux pas m'empêcher de me questionner sur les raisons de tous vos choix." avouais-je en m'humectant les lèvres. "Vous êtes une véritable énigme à mes yeux. Une sorte de labyrinthe dont la seule sortie à été clonée en de milliard autres sorties."
"Serait-ce votre premier compliments ?" se moqua-t-il.
"Je dois polir votre égo au moins chaque jours." le coupais-je. "Vous savez très bien que vous fascinez des gens, voire des pays, et peut-être même le monde."
"Mais n'êtes-vous pas, vous aussi, une extraordinaire personne ?" me demanda-t-il. "Si vous avez la chance de me parler, c'est parce que vos capacités dépassent l'entendement."
Je fronçais mes sourcils.
Puis je saisissais le dossier de ma chaise, la tirais jusqu'à moi, et prenais place sans quitter mon patient du regard. J'étais toujours aussi effrayée, mais j'avais l'impression de ne plus rien risquer.
Enfin, pas pendant ce jeu, en tout cas.
"Serions-nous entrain de flirter ?" demandais-je assez perplexe.
"J'en ai bien peur." acquiesça-t-il dans un sourire malicieux.
Je devais avouer être particulièrement gênée. Mon patient était loin d'être repoussant, et son intelligence me charmait autant qu'elle me fascinait. Je savais pourtant ne pas avoir le droit de le draguer et de le laisser me draguer, mais que pouvais-je faire ?
Le meilleur moyen de résister était de céder.
"Vous êtes incroyablement belle, mademoiselle Kang." me souffla mon patient. "J'en aurais presque l'envie de vous laisser vivre." me taquina-t-il.
"Devrais-je vous faire les yeux doux pour essayer de m'en sortir vivante, alors ?" le questionnais-je dans un mince sourire.
"Essayez donc." grogna-t-il. "Mais là c'est vous qui risquerez de me tuer."
"Vous insinuez que je pourrais vous faire mourir en un clin d'œil ?" pouffais-je.
"Mais faites donc un test." me murmura-t-il. "Je suis sûr que c'est ainsi que vous avez séduit votre ex fiancé. Et il n'a même pas pu vous résister tant la beauté de vos yeux l'ont ensorcelé."
Je secouais la tête en me relevant.
"Vous êtes vraiment bon en flatteries." murmurais-je en me retournant. "Mais malheureusement, ce genre de choses ne fonctionnent pas sur moi." déclarais-je en lui faisant de nouveau face.
"Et qu'est-ce qui fonctionne, avec vous ?" me demanda-t-il en déposant ses mains entrelacées sous son menton, l'air terriblement curieux.
"Si je vous le disais, ce ne serait pas intéressant, voyons..."
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