Chapitre 7

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Anabela marcha longtemps. Elle retourna au bar de l'autre soir. Il était assez reculé du centre-ville. Elle était sûre de n'y croiser personne. Elle prit connaissance de son nom pour la première fois « El Deseo ». Elle demanda une bouteille de vodka. Elle partit s'asseoir sur une banquette. Une larme coula de son œil gauche. Elle ouvrit la bouteille et but une gorgée. Puis deux. Puis trois. Son téléphone sonna. Elle l'éteignit. Elle commençait à en avoir marre. Le passé la rattrapait toujours. Elle voulait passer à autre chose. Puis cinq. Elle voulait qu'on lui foute la paix. Puis six. Elle voulait être heureuse. Puis sept. Mais qu'est-ce que le bonheur ? Puis huit.
— Bonsoir. Inspecteur.
Elle leva sa tête. Elle voulut sourire, mais se retint.
Anabela — Monsieur Alto.
Emiliano — Ça ne va pas ?
Anabela — Je suis une grande fille. Je n'ai besoin de personne. Je n'ai pas besoin de ta pitié.
Emiliano — On se tutoie maintenant ?
Puis neuf. La dixième gorgée fut la plus longue. Emiliano lui tira la bouteille des mains.
Emiliano — Calmez-vous. C'est pas de l'eau.
Anabela se leva et prit la direction de la porte. Il la suivit.
Emiliano — Cette fois-ci non.
Anabela — Quoi ?
Il passa sa main sur son visage.
Emiliano — Vous êtes si belle...
Elle leva ses yeux vers lui. Mais la vodka n'avait pas fini de faire effet. Elle était trop lucide pour commettre un acte irréversible. Elle le poussa et reprit sa marche.
Anabela — Rentrez chez-vous. Je n'ai pas besoin de vous.
Ils marchèrent plusieurs minutes. Anabela courut se cacher. Emiliano la chercha et la trouva. Il arriva par derrière et souffla dans son cou. Ils se trouvaient dans une ruelle à demi-éclairer. Il se mit face à elle. Son regard était bienveillant et doux. Anabela sentit que la vodka commençait à effacer toute raison.
Anabela — Il ne faut pas.
Emiliano — Il ne faut pas quoi.
Emiliano lui prit la tête.
Emiliano — Tu sens si bon.
Il sentit son cou, puis ses cheveux. Il l'embrassa, langoureusement, passionnément. Anabela se sentait bien. Pour la première fois, depuis plusieurs années, elle se sentait vivre. Leurs langues se touchèrent, s'entremêlèrent. Il la plaqua au mûr. Il lui touchait ses seins, ses jambes, son entre-jambe. Elle aimait ça. Elle adorait. Elle ne voulait qu'une chose, qu'il la prenne ici, là, maintenant.
Un bruit les arrêta. Elle le repoussa et s'en alla.
Anabela — Je suis flic, vous êtes suspect jusqu'à preuve du contraire. Ne refaites plus jamais ça. Oubliez cette soirée. Oubliez cette nuit. Au revoir monsieur Alto.


Anabela avait à peine fini de prendre sa douche quand elle reçut un appel du commissariat.
Anabela — Lieutenante de la Rovere.
— Nous avons du nouveau.
Anabela — À propos de quoi ?
— L'ordinateur qui avait reçu un bon jet d'eau. Nous avons réussi à récupérer quelques documents.
Anabela — Cela peut attendre demain ?
— Je crains que non.
Anabela — C'est grave ?
— Oui, mademoiselle.
Anabela — J'arrive.


— Qui frappe d'aussi bonne heure.
Le majordome ouvrit la porte aux policiers.
Anabela — Nous voudrions voir Monsieur Alto.
— Père ou fils ?
Anabela — Fils.
Georges — Mais que se passe-t-il ici !
Anabela tendit un document au père de famille.
Toutes les lumières de la maison s'allumèrent.
Anabela se dirigea en direction d'une chambre qu'elle connaissait déjà. Elle ne toqua pas et entra.
Anabela — Monsieur Lorenzo Alto, vous êtes en état d'arrestation pour la disparition et l'enlèvement de Marah Altamira et pour possession de photos pédophiles. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n'importe quel moment d'exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition.
Emiliano — Qu'est-ce que vous faites ?
Anabela — J'ai tout compris, cet ordinateur n'a jamais été le vôtre. Cette nuit n'a jamais été la nôtre. Vous vouliez le défendre à tout prix. J'ai tout compris. Mais la loi est la loi.
Georges et Marina avaient rejoint la chambre de leur fils.
Georges — C'est pas possible ! Je vous jure qu'on n'en restera pas là mademoiselle.
Anabela — Lieutenante. Je suis lieutenante.
Georges — Lorenzo, tu ne dis pas un mot. Tu te tais. Je vais te sortir de là.
Lorenzo pleurait.
Lorenzo — Je n'ai rien fait maman.
Marina — Je sais mon petit cœur. Ton père va te sortir de là. Ne t'en fais pas. Tout ira bien.
Anabela — Allons-y.
Emiliano l'arrêta dans le couloir.
Emiliano — Ce n'est pas un méchant. Il n'a rien fait. Ce n'est pas ce que vous croyez.
Anabela — Qu'est-ce que je crois ?
Emiliano — Vous allez le regretter.
Anabela — C'est une menace ?
Emiliano — Il est innocent. Il n'aurait jamais fait de mal à qui que ce soit.
Anabela — Au revoir monsieur Alto. 

Amour InterditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant