L'ART D'AIMER - Nekfeu

CHAPITRE 5

PARIS SUD LA NUIT

Je toque à la porte après 10 minutes sur le paillasson. Celle-ci s'ouvre à la volée sur un grand mec hyper bien sapé, j'avoue.

-Salut, t'es la meuf en retard j'suppose? Il me détaille de haut en bas avant de me laisser entrer. Genre en mode: bon ça va elle est potable, on peut la laisser passer. Gros Lol enfaite.

-Ouais, on va dire ça. Mais j'appelle Cléophée sinon. 

-Enchanté Cléo, moi c'est Sneazzy ou Sneaz comme tu veux. Il me lance un clin d'œil avant de me pousser gentiment vers le salon où sont regroupé tous les gens.

Je n'ai même pas le temps de dire bonjour aux personnes présentes que Heden et Adèle me sautent dessus en me disant que j'étais grave à la bourre et tous le tralala. Comme si c'était un drame franchement!

-C'est bon les gars, laissez la respirer et dire bonjour un peu nan? Lance Leila qui vient à ma rescousse.

Je vais alors faire le tour des canapés pour faire la bise à tous le monde. Je commence avec Framal à ma droite qui est en train de parler à Leila. Ensuite nous avons Mekra qui est en compagnie de mes deux copines ainsi que Doums. Et pour finir, nous avons Alpha Wann qui est en pleine conversation avec LE MEC DU METRO! Nan mais c'est fou comme le monde est petit quand même! Et vu ses yeux écarquillés lorsqu'il m'a fait la bise, je pense qu'il m'a reconnue. Il s'appel Nekfeu d'après ce que j'ai compris. Je m'assois à la dernière place qu'il reste, c'est à dire entre Nekfeu et Sneaz qui vient de m'apporter un verre de rosé.

J'entame alors une discussion avec Sneaz et j'apprend donc que tous les mecs de cette pièce sont une bande de pote et qu'ils sont rappeur. Mais il en manque pas mal de leur groupe d'après ce qu'il me dit. Il me demande ensuite ce que je fais, où je crèche etc.

-Et sinon t'écoutes quoi comme son?

-En vrai ça fait kitch de dire ça mais un peu de tout. Fin j'avoue que j'kiff pas mal les sons genre bressons et tout. Mais j'écoute autant du classique que du grung ou du rap, tu vois?

-Cool, et le son que tu saignes de fou?

-Ne me quitte pas de Brel, genre déjà le perso en lui-même je kiff mais la chanson elle me fait chialer à chaque fois. J'adore.

-Ah bah on en a un autre qui kiff ce son. Hein Nek?

Le mec du métro, se tourne pour planter son regard perçant dans le miens. Ses yeux me scrutent, et j'avoue que son petit sourire en coin est à croquer.

-Ouais. J'aime pas mal ce sons aussi.

-On était fait pour se rencontrer enfaite. Merde. Pourquoi j'ai dis ça! Il va croire que je veux le pécho maintenant! Je sens mes joues chauffer sous la gêne alors je détourne le regard vers la télé, éteinte. Et pour couronner le tout, les gens se sont arrêté de parler en plus. Le mec du métro a d'abord été surpris lorsque j'ai prononcé cette phrase mais cette lueur a vite été remplacée par un regard moqueur lorsqu'il a compris que j'avais été maladroite.

-Attend. Vous vous connaissez?

-Euh...On s'est croisé dans le métro?

-Deux fois même. Et pas plus tard qu'hier. Rajoute Ken en complétant ma phrase.

Je sens les regards du groupe sur nous et ils ont tous l'air extrêmement surpris. En même temps la probabilité pour croiser quelqu'un plusieurs fois dans le métro à Paris est assez minime mais encore plus risible lorsqu'on le côtoie aussi en soirée franchement.

Finalement, tous le monde reprend le fil de leur conversation. Sauf Nekfeu pour qui son regard reste figé dans le mien malgré qu'Alpha lui raconte un truc. Comme si depuis que j'avais dit aimer Jacques Brel, il ressentait le besoin d'apprendre à me connaître. Ou alors peut-être aussi à cause de l'incident de toute à l'heure.

Heureusement, Adèle fini de me sortir de ce jeu de regard en m'appelant pour "qu'on aille s'en griller une". Je me lève donc avec hâte, rompant ainsi tout contacte visuel avec le brun. Et alors que je me dirige vers le balcon, j'ai comme l'impression de sentir son regard de feu le long de mon dos.

-Tiens. Adèle me tend une Vogue ainsi qu'un briquet. Son regard est plongé dans les lumières de Paname.

J'allume ma clope et je tire une première taffe que je prend le temps de savourer. La première est toujours la meilleure je trouve. Tu la sens passer plus que les autres et tu prends plus le temps de la savourer, enfin, c'est comme tout j'ai l'impression.

-Alors ton père, comment il va?

-J'ai vu le médecin ce matin et... Je souffle un bon coup et reprend. Il m'a fait comprendre que c'était la fin là, genre vraiment. Ses jambes c'est mort, ses bras, sa mâchoire. Le traitement qui commence à lui faire perdre la tête, ses souffrances physiques...Y'a plus que son cœur finalement. Alors on attend.

Adèle ne me regarde même pas. Elle me connaît et elle sait que je ne veux pas voir le regard de pitié qu'on lance tous obligatoirement. Et elle sait aussi qu'il ne faut surtout pas me toucher lorsque des sujets sensibles viennent sur le tapis, sous peine que je craque. Sauf qu'il est hors de question que je pleure. Je l'ai déjà trop fait.

-T'as des nouvelles de ton frère?

-Non. Et j'en veux pas. Qu'il reste où il est.

-Et sa femme? Je croyais que t'avais gardé contacte avec elle?

-Tu sais bien que ce genre de truc, au loin tout ça. ça dure pas longtemps avec moi. Ella me manque, mais j'peux pas me pointer là-bas comme ça. Je sais que sa petite fille et Nina y sont pour rien mais j'en veux trop à kostya pour aller leurs parler.

-Et Estelle?

-Pfff. Ma putain de mère a juste pas intérêt à se pointer le jour de l'enterrement parce que je te jure qu'elle va le regretter.

J'ai tellement de haine pour elle aujourd'hui que ça me fait mal à l'intérieur de moi. Une putain de douleur qui s'empare de tes entrailles et qui te paralyse. Cette femme n'était plus ma mère à partir du jour où elle nous a abandonné mon frère, mon père et moi à cause de cette maladie.

-J'suis désolée. Adèle sort de son silence. Et cette fois-ci, elle me fait face.

-Quoi? Pourquoi?

-J'aurais pas du partir. T'as besoin de moi et...

-Hey! Nan arrête ça, j'veux pas que tu penses ça ok? J'vais bien. Et toi t'as ta vie, ton taffe, alors dis pas des conneries pareilles? Regarde, la preuve, on est ensemble ce soir. Donc tout va bien pour moi.

-Ta famille te laisse peut-être mais maintenant c'est nous ta famille et on te laissera pas.