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chapitre cinquième ᵃˡᵉˣᵃⁿᵈᵉʳ
Après un tel combat, je n'ai pas envie d'entendre une histoire horrifiante, mais je n'ai pas le choix et je veux terminer cette mission à bien pour mettre rapidement les voiles.
- Larcy - commence Geralt en s'approchant de l'adolescent posté debout, tétanisé - tu veux bien nous expliquer ton histoire ?
J'approuve, juste derrière le sorceleur. Je croise les bras dans un mouvement de mailles. Le garçon lève les yeux vers nous, cherche à droite et à gauche une issue de secours sûrement rapide.
- Je ne vois pas... je ne sais pas de quoi...
Un menteur en plus de tout. J'approche au même niveau que Geralt, qui, lui aussi a les sourcils froncés. Je lance à mon tour.
- Pas de salades, la vérité, je gronde de ma voix rocailleuse.
- Les Pénitents sont des spectres qui accrochent les esprits coupables d'une terrible faute. Qu'as-tu fait ?
Menaçant, le sorceleur lui donne un petit coup dans l'épaule. Larcy se cogne contre le mur, serre les dents avant de cracher avec hargne.
- Je l'ai vendu ! D'accord ? Je l'ai vendu !
- Vendu quoi ? continua Loup Blanc.
- Pas quoi ! Qui ! fit-il entre mélange de flammes de regrets et de triomphe enfoui.
Silencieux, je contiens ma colère, poings serrés. Geralt l'attrape par le col de sa chemise crasseuse.
- Crache le morceau.
- Ma petite sœur ! Je l'ai vendu ! panique-t-il. Je... sais... je n'aurai pas dû... je suis désolé...
Geralt desserre sa poigne. J'ai de plus en plus de mal à contenir ma colère. Cette injustice me brûle les veines. Mais, j'écoute avant. Toujours entendre les paroles et les mots, c'est mon véritable métier.
Larcy, les yeux fous, se met à rire dans une grimace entre terrible mélancolie et insanité.
- Des soldats sont passés il y a quatre lunes de cela, peut-être... ils ont bivouaqué ici-même dans ses ruines. Avec ma petite-soeur on venait souvent jouer ici, en plein jour c'est plutôt joli - il se frotte les mains, perdu dans ses souvenirs - c'est là qu'on a croisé des soldats nilfgaardiens. Je ne savais pas que c'était des ennemis... ils venaient en mission de reconnaissance, je-
- Les faits, trancha le sorceleur.
- Ils...ils ont vu Mary, ma petite-soeur. Elle a treize ans, mais elle est un peu simplette et muette. Sans sortir leurs épées, calmes et ricanant, ils m'ont dit "ta vie contre la fille". J'ai refusé d'abord, puis ils m'ont fait comprendre que c'était un ordre... j'ai accepté sans me débattre. J'ai totalement laissé faire. Je suis resté un temps à la maison. J'ai raconté une attaque de Noyeurs à mes parents et que j'ai pas pu sauver Mary. Ils m'ont cru. Mais au bout d'un mois, on ne cessait de m'appeler "Laaarcy... Laaarcy !" (le Pénitent, donc) puis, rongé par les regrets je suis allé dans la cathédrale et je suis jamais revenu.
