Recueil d'OS

#25 - Guilbe - Chats

- Le chat ! Reviens ici ! Ecoute-moi bordel !

Ça fait 10min que je le cherche dans mon appartement. Il ne me reste que ma salle de bain à fouiller. J'ouvre la porte et... Explose de rire. Mon chat est en train de fixer désespérément le chat de l'appartement d'en face, qui le regarde aussi. Les deux grattent aux fenêtres, c'est aussi mignon que débile.

J'ai une idée... En espérant que le propriétaire du chat d'en face ait un minimum d'humour ; je vais coller un panneau sur ma fenêtre :

"Salut, je m'appelle le Chat, et toi ?"

Je quitte ma salle de bain hilare et fier de mon idée. 

******

- Miaouu

En train de me brosser les dents, je tourne la tête, et reste bouche-bée devant le panneau qui est apparu sur la fenêtre d'en face :

"Salut ! Moi c'est Libe !"

Mort de rire, je me dépêche de faire un autre panneau, sans poser ma brosse à dents :

"Ça te dit brunch-croquettes lundi soir chez moi ?"

Je suis en train de coller le panneau quand je vois une silhouette soulever le rideau d'en face. Problème : ce n'est pas une silhouette de chat... Rouge de honte et m'étouffant dans mon dentifrice, je peine à retrouver une couleur de visage normale. Quand je me retourne, je peux voir un jeune homme très fin, brun aux cheveux indomptés, des lunettes habillant un beau visage rieur. Il tient un panneau où est dessinée une patte de chat faisant un pouce en l'air, avec "19h" écrit à côté. J'en conclus qu'il accepte et que je devrai être prêt pour 19h.

Merde. Le truc c'est que j'aurai jamais pensé qu'il accepterait, et je sais pas cuisiner... Quel naze. Je vais pas nous faire commander UberEats quand même ? Non, j'ai une idée...

- Allô Axel ? Tu veux quoi ?

- Salut petite sœur, moi aussi j'suis content de te parler. Dis, j'ai quelqu'un chez moi lundi soir à dîner, mais tu me connais je...

- J'ai compris. Je te dépose le plat demain.

- Merci, tu me sauves. Salut !

- Ouais salut.

Qu'est-ce que je ferai sans ma sœur... On s'engueule souvent mais elle est là dès que j'en ai besoin.

Enfin bref, aujourd'hui on est samedi, et même si je comptais ne rien faire, je suis obligé de faire le ménage maintenant. Super.

***

Il est 18h50 quand je rentre enfin de la fac. Je devais absolument poser des questions à mon prof et du coup j'ai dû prendre le bus d'après... Enfin, j'ai pas le temps de me plaindre : je mets le four à chauffer et vais prendre une douche très rapide. Je me coiffe rapidement - un coup de main dans les cheveux, en fait...- et retourne dans mon salon. A temps, puisqu'à peine ai-je enfourné le plat que ma sœur a préparé que ma sonnette retentit.

J'ouvre la porte au même séduisant jeune homme que j'avais entraperçu l'autre jour. De près il est encore plus séduisant : ses yeux sont profonds, et sa fine barbe rajoute un côté mature à sa bouille d'enfant. Il doit avoir mon âge.

- Enchanté, je m'appelle Axel. Entre je t'en prie.

- Merci, je suis Guillaume et voici Libe.

Il me montre un chat tigré assez classique mais qui a son charme. Je ferme la porte et appelle mon monstre :

- Le chat ramène toi t'as un pote !!

On entend alors un bruit sourd de chute, des bruits de pas et enfin il pointe le bout de son nez ; il est blanc avec quelques tâches noires.

- Tu l'appelles vraiment le chat alors... Il a quoi à la patte ? 

Je vois Guillaume rire en voyant la patte bleue du chat. Et je le comprends : ça me fait encore rire quand je la vois...

- Il est tombé dans de la peinture quand il est arrivé... Depuis, pour se consoler il mange trois gamelles par jour ce tas.

La conversation est lancée. Nous discutons encore un peu de chats, puis la conversation dérive tandis que nous passons à table. Guillaume est vraiment sympathique, simple - dans le bon sens du terme. En plus, coup de chance : nous avons pas mal d'intérêts communs, donc c'est vraiment agréable de discuter avec lui.

Et à force de blabla, je remarque qu'il est déjà très tard. Je propose à Guill de dormir ici, car même s'il habite en face, au sol il doit marcher un ou deux kilomètres à traverser parkings et routes... Le truc chiant, en gros. Il semble gêné de s'incruster comme ça mais je lui assure qu'il ne me dérange pas et que de toute façon si c'était le cas je l'aurai déjà sorti de chez moi il y a longtemps. 

Le petit matin est arrivé, et il est l'heure d'aller en cours, pour Guillaume aussi. Nous n'avons pas dormi, occupés à parler, à rire et à se charrier. Au fil des heures il m'a plu de plus en plus, et je prie pour que ce début d'amitié soit le début d'un avenir commun bien plus grand.