Le vent se leva, aux abords doux il fut ensuite glaciale et tranchant. Je le regarda une dernière fois en esquissant un sourire et rentra dans la pièce à la chaleur lourde et collante sans un mot. La peur de bégayer m'avait prise les entrailles. Paraître ridicule était l'une de mes plus grands peurs, surtout devant lui. Cela m'aurait mise à nu et ma faiblesse face à sa présence aurait été discernée.
Assise à la table, lors de la deuxième heure après mon arrivé à cette soirée, je sentis qu'il me regardait tandis que j'expliquais les meilleures techniques à acquérir lors d'un Loup Garou, jeu auquel je jouais souvent en colonie de vacance, à un groupe de filles et de garçons. Étant souvent la plus jeune des convives et la moins suceptible d'être écoutée, j'avais pris l'habitude de faire passer autant d'informations que possible dans le plus petit nombre de mots. Je parlais vite, ce qui donnait l'impression que j'étais toujours agité et que je mangeais mes mots. Après que j'eus fini mes explications, je pris conscience du regard attentif à ma gauche. Cela me grisa et me flatta. Il était manifestement intéressé - il m'appréciait. Ça n'avait pas été si difficile, alors. Mais quand, après avoir pris mon temps, je tournai enfin les yeux vers lui, je ne vis qu'un regard froid et dur, quelque chose d'à la fois hostile et distant.
Je fus anéanti. Qu'avais-je fait pour mériter ça ? Je voulais qu'il soit de nouveau gentil avec moi, qu'il rie avec moi comme il l'avait fait un peu plus tôt quand je devais choisir mon verre. Dire que je m'étais presque épris de la peau de ses mains qui tenaient ce verre, de son visage et de son regard, cet autre regard plus aimable qui, lorsqu'il se posait sur moi, venait tel un miracle, comme sur ce balcon. Je ne pouvais jamais soutenir assez longtemps ce regard, mais je me devai de le soutenir quand même un peu pour découvrir pourquoi je n'en étais pas capable.
J'ai dû lui lancer un regard aussi sévère que le sien.
Mais il y avait quelque chose d'à la fois glaçant et déroutant dans la distance soudaine qui s'insinuait entre nous. C'était presque comme s'il le faisait exprès ; me laissait presque perdre confiance, puis retirait brusquement tout semblant de camaraderie.
Il avait dû remarquer que j'en étais peiné, et, dans un effort pour se faire pardonner, il se mit à me poser
des questions sur mes colonies de vacance. J'étais trop sur mes gardes pour lui répondre avec franchise. Il soupçonna en m'entendant chercher mes mots que j'étais peut-être plus affecté que je ne le montrais.
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Jeux de mains (jeux de vilains)
RomantizmMaya, 17 ans, jeune femme sûre d'elle va rencontre Micka du même âge. Un simple regard, une simple soirée va tout chambouler dans la vie de ces deux jeunes. Mais quelle est le secret qui plane autour de cette relation ? La chute sera fatale...