𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟷𝟾 ~ 𝙲𝚊𝚙𝚝𝚒𝚟𝚒𝚝𝚎́

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       « Une prison, ce n'est pas strictement un cachot avec des rats. Une prison, c'est tout prosaïquement un endroit dont on ne peut sortir. D'où on ne peut pas s'échapper. Peu importe que la prison soit une cellule ou un chalet, un terrier ou un immeuble entier. On est en prison quand on ne peut pas être ailleurs. »

La captivité, l'enfermement, l'emprisonnement. Ces mots ne sont pas similaires en catégorie orthographique, mais ils signifient pourtant la même chose. Le fait d'être dans un endroit dont on ne peut sortir, qu'on ne peut pas choisir. D'être contraint à rester dans cet endroit que nous finissons tant par haïr. L'emprisonnement est le contraire de la liberté, la tristesse de la vie...Mais et si l'emprisonnement allait bien au-delà d'une barrière physique, parfois ? Et si il touchait quelque chose de plus profond, de plus intime...Et si l'emprisonnement était aussi bien moral ?

Et si l'emprisonnement était aussi bien moral ?

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Je trébuche, je manque de tomber. Mon corps est toujours douloureux et mes muscles me tirent. Je ne cesse de vaciller. L'homme a une poigne de fer, ce qui m'empêche de me stabiliser sur mes deux petits pieds encore engourdis. Il marche à une vitesse rapide, en faisant de grands pas que je n'arrive pas à suivre. Ses doigts agrippés à mon corps me font atrocement mal, si bien que je sens ses ongles entailler ma peau malgré mon haut à manches longues, initialement censé me protéger. Mon regard ne croise jamais le sien. Il ne dit pas un mot durant notre marche que je qualifierai personnellement de course. Ses yeux sont rivés vers le devant, mais débordent malgré tout de rage.

Les couloirs dans lesquels nous déambulons avec empressement sont fait de pierres grises, accompagnées de quelques gravures les sculptants, écrites en une langue qui m'est inconnue. Les murs qui m'entourent ont un aspect peut rassurant. Une bourrasque glaciale provenant de l'extrémité du couloir inquiétant me balaye le visage, faisant voler mes cheveux longs alors détachés au-dessus de ma tête. Je tourne la tête vers l'arrière. Je ne vois pas le bout du long tunnel dépeuplé. Je déglutis avec peine. Tout sur l'île de Kephos me paraît sombre et glacial, dépourvu de quelconque émotion. Je lève la tête vers le plafond. Il est également noir, pourvu de petits points blancs lumineux qui éclaire très faiblement l'environnement dans lequel je me trouve. Cela me fait penser à une nuit étoilée, paisible. Je dois plisser les yeux pour distinguer les murs qui m'entourent, tellement la lueur est faible. Aucun bruit ne résonne, si ce n'est celui de mes talons noirs contre le sol de marbre de même couleur que ceux-ci.

Je frissonne. L'inconnu et moi même sommes seuls, sans la moindre apparition d'un individu. Subitement, il tourne avec élan vers la droite, et je me prends le mur de plein fouet. Je grimace mais je tente de ne pas laisser apparaître ma douleur. Mon menton me brûle et je sens un liquide chaud et visqueux couler contre celui-ci, et venir dégouliner dans le creux de mon cou. L'homme me regarde avec une lueur d'énervement et d'amusement. Il croit que je vais me plaindre. Je relève fièrement la tête, et je le regarde avec défi. Sans ciller et sans le quitter des yeux, j'essuie mon menton sanguinolent d'un geste vif. Il lève alors ses yeux jaunes au ciel, et me pousse vers une porte de métal noir cloué, qu'il ouvre alors avec agressivité. Celle-ci se fracasse contre le mur dans un vacarme sans nom, laissant un trou dans la paroi dure.

Don't Call Me AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant