Cauchemar

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16 octobre 1999

En proie à une crise d'insomnie, Louis lisait tranquillement un livre dans son lit en attendant de tomber dans les bras de Morphée. Son réveil avait affiché une heure du matin il y a de ça quelque minutes mais il ne désespérait pas de réussir à trouver le sommeil. De toute manière, c'était le week-end, alors il ne travaillait pas. Il pourrait se reposer tout en veillant sur son fils. Et peut-être passer la journée avec Éric s'il abandonnait l'idée de voir ce médecin. Ça lui déplaisait de savoir ce que son ami ferait avec lui alors qu'ils pourraient être ensemble. Mais c'était égoïste. Il avait compris les signes maintenant, il savait ce que son ami ressentait pour lui. Sauf qu'il était perdu. L'asiatique avait toujours été à ses côtés, comme une ombre silencieuse qu'il défendait dès qu'on s'en prenait à lui. Puis il y avait eu ce jour... Ce jour où il n'avait pas été là pour le protéger et où il avait failli le perdre. À partir de ce moment, leur relation s'était un peu étiolée. Éric mettait volontairement de la distance entre eux et leurs études n'avaient rien arrangé. C'était Sarah qui les avait rapprochés, juste avant leur mariage, parce qu'elle avait bien remarqué que la situation lui pesait. Sarah remarquait toujours tout de toute façon. Elle avait sûrement deviné les sentiments du chirurgien et elle avait gardé ce secret pour elle. Il se demandait bien ce qu'elle aurait fait, si elle avait été dans sa situation...

Un cri le sortit de ses pensées et il se redressa dans son lit en posant son livre à ses côtés. Ce n'était pas Aaron, il avait trop entendu son fils l'appeler après un cauchemar pour savoir reconnaître sa voix. Cela ne laissait qu'une possibilité. Éric. Il se leva brusquement et sortit en courant de sa chambre sans réfléchir. Le souvenir de son meilleur ami dans les toilettes du lycée passa devant ses yeux et il serra les dents. Ça ne se reproduirait pas. Plus jamais. Il était là pour le protéger, il ne le laisserait plus jamais seul. Il poussa la porte de la chambre d'ami, à côté de la sienne. Il entendait des sanglots s'élever du lit où il devinait la forme d'un corps. Il attendit que ses yeux s'habituent à l'obscurité pour avancer dans la pièce sans risquer de se cogner un orteil contre un meuble. Une fois arrivé à son niveau, il grimpa à ses côtés sur le matelas et alluma la lampe de chevet pour mieux le voir.

Le chirurgien était allongé sur le ventre, la tête posée sur son oreiller auquel ils'accrochait désespérément. Des mèches de cheveux noirs étaient tombées sur son front et s'y étaient collées à cause de la sueur. Ses joues fines, où se dessinaient de jolies pommettes, étaient couvertes de larmes. Louis dégagea son front avec délicatesse et passa les mains sur ses joues pour les essuyer. Il aimerait tellement que le sommeil de son meilleur ami soit plus paisible que ses journées. Il voyait bien, parfois, que son regard était hanté parla douleur. Et il avait compris qu'il faisait partie des choses qui le faisait souffrir. Pourtant, il le gardait égoïstement près de lui. Un soupir passa la barrière de ses lèvres et il glissa sa main dans sa nuque pour caresser les petits cheveux ébènes qui y poussaient. Ce geste avait toujours apaisé Éric...

Et il calmait ses doutes aussi. Il était perdu par ce qu'il avait deviné chez son ami. Et il l'était encore plus parce que son cœur battait un peu plus vite quand il croisait son regard charbon. Il n'avait jamais pris le temps de regarder des hommes avant. Et des femmes non plus, à vrai dire. Il n'y avait eu que Sarah dans sa vie. Plus jeune, il était trop concentré sur ses études pour découvrir ce que les autres découvraient à l'adolescence. Et puis elle était arrivée, si belle, si intelligente, si pétillante, qu'il était tombé sous le charme. Mais peut-être que s'il avait été proche de Éric à cette époque, il serait tombé amoureux de lui. Lui aussi, il avait son charme. Un charme qui l'attirait comme une lumière attirait un papillon de nuit. Mais pouvait-il vraiment être sûr de cela ? N'était-ce pas la solitude qui parlait ?

Un mouvement à ses côtés attira son attention. Le coréen avait arrêté de pleurer et son sommeil ne semblait plus aussi agité. Cependant, le roux n'avait pas envie de bouger. La nuit garderait le secret de sa présence ici, il pouvait encore en profiter un peu, non ? Il s'allongea sur le dos, toujours en caressant la nuque de Éric, et ferma les paupières. Il sentit le corps de son ami se rapprocher, sûrement en quête de sa chaleur. Une main se posa sur son torse. Il ouvrit subitement les yeux et fixa cette main si délicate, si précieuse, aux longs doigts fins. Et il sentait contre sa peau pâle la légère boursouflure au niveau du poignet. La cicatrice le narguait, lui rappelait à quel point il avait été un incapable et à quel point il l'était encore. Il ne voulait pas le faire souffrir mais il lui faisait du mal en ne lui rendant pas ses sentiments et en le gardant jalousement à ses côtés. Il n'avait pas le droit de faire cela. Il n'avait aucun droit sur son meilleur ami. Il le considérait comme acquis alors qu'à tout le moment il risquait de le perdre. Comme il avait perdu Sarah. Il ne voulait plus avoir à revivre ça. Perdre un être cher, une personne à qui l'on tenait, était la pire chose qui puisse arriver. Il ne souhaitait pas cela même à son pire ennemi. Mais que pouvait-il bien faire ? Admettre que son cœur avait battu plus vite quand la main de Éric s'était posée sur son torse ? Il n'avait pas eu de contact peau à peau avec quelqu'un depuis plusieurs mois. La solitude commençait à peser tout simplement. Mais Éric n'était pas une solution. Non, ce serait jouer avec ses sentiments et il en était hors de question.

Il tourna la tête vers Éric et regarda son visage paisible. La lampe de chevet jetait de discrètes ombres sur sa peau mate, le rendant plus anguleux qu'il ne l'était déjà. Il caressa sa mâchoire du pouce et embrassa son front. Le sommeil commençait à le gagner petit à petit et mêmes'il ne voulait pas partir, il préférait que le chirurgien ne sache pas qu'il était venu apaiser son cauchemar. Il prit doucement le poignet posé sur son torse, caressant distraitement la cicatrice sur la peau fine, et le reposa sur l'oreiller. Après un dernier regard pour vérifier qu'il dormait toujours, Louis se leva et éteignit la lumière. Il regagna sa chambre sous les rayons de la Lune qui inondaient le couloir. Une fois allongé dans son lit, il referma les yeux et soupira longuement.

Il fallait qu'il trouve une solution à ce problème de solitude au plus vite avant de faire croire quoi que ce soit à son meilleur ami.

HEEEEEEEEEEEEYYYYYYYY !!!!!

Voilà le chapitre de la semaine ! Il est un peu plus court que les précédents mais toujours tout autant fluffy hein ! D'ailleurs, qui veut frapper Louis ? Allez-y, levez la main dans les commentaires, je veux vous voir ! 

Et en fait, pour ceux qui ne me suivent peut-être pas sur instagram (shiroazumoon) J'AI EU MON SEMESTRE ! 

Sur ce, des bisous et à la semaine prochaine ! 

Un Bouquet de RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant