Aimer

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6 janvier 2000

Quand Éric rouvrit les yeux, il fut surpris de reconnaître les murs blancs d'une chambre d'hôpital. Il se rappelait avoir perdu connaissance sous les coups de Yves. Serait-ce lui qui l'avait amené à la clinique ? Ce n'était pas impossible mais qu'avait-il raconté aux médecins ? Un homme roué de coup ça ne passait pas inaperçu...

- Tu es enfin réveillé, chéri ! Je m'inquiétais !

Il se figea en entendant la voix du neurochirurgien. Non. C'était un cauchemar. Louis aurait dû être à son chevet. Pas ce monstre qui l'avait tabassé jusque l'inconscience. Il grimaça quand Yves mit une lumière devant ses yeux pour vérifier qu'il réagissait bien et tenta de s'éloigner. Mais le médecin ne semblait pas de cet avis puisqu'il attrapa son bras et qu'il le serra avec force, jusqu'à ce que l'asiatique couine de douleur.

- Ton ami va se faire arrêter pour t'avoir tabassé, compris ? Et toi, tu vas rester avec moi. Je n'hésiterais pas à recommencer.

Éric trembla. Comment avait-il pu se dire que cet homme serait idéal pour recommencer sa vie ? Il se sentait idiot. Il aurait aimé lui crier d'aller se faire foutre mais les mots étaient bloqués dans sa gorge. Il avait peur. Il était paralysé. Il se mit à prier de toutes ses forces pour que quelqu'un arrive, n'importe qui, afin qu'il ait l'impression d'être un peu protégé face à ces yeux glacés qui le fixaient aussi intensément.

~~~

Arrivé à l'hôpital, Louis se hâta de rejoindre Christophe et son collègue. Les deux policiers semblaient diviser sur la culpabilité de Yves, mais ils se turent avant que l'avocat ne puisse en savoir plus. L'ami de Éric lui fit signe de les suivre et ils traversèrent les longs couloirs de l'établissement pour rejoindre la chambre où était hospitalisé l'asiatique. Le roux aurait bien aimé courir sauf qu'il ne savait pas où aller et il aurait été embêtant qu'il se perde. Et il se rendait aussi compte que venir ici faisait remonter des souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Mais Éric avait besoin de lui, alors il allait rester fort et rejoindre son meilleur ami.

Il sortit de ses pensées quand les policiers s'arrêtèrent devant une porte. Ils s'apprêtaient à frapper, cependant, il ne leur en laissa pas le temps et les bouscula un peu pour entrer. Éric était là, réveillé. Mais ce putain de neurochirurgien était au-dessus de lui, en train de serrer son bras. Il vit rouge, et, si Christophe ne l'avait pas retenu in extremis, il se serait sûrement jeter sur lui pour le tabasser.

- Monsieur l'agent, je peux savoir ce que vous faites ici avec cet homme ? Il faut l'emmener au poste, s'exclama Yves en se redressant.

- Justement, monsieur, nous souhaiterions interroger Éric à propos de ce qu'il s'est passé ce matin. Et savoir s'il reconnaissait son agresseur, répondit le collègue de Christophe, vous pouvez nous laisser quelques minutes ?

-Bien sûr... Mais ne forcez pas trop, il vient à peine de se réveiller. Je te laisse, chéri, murmura-t-il en caressant la joue du pauvre Éric qui palissait à vue d'œil.

Il sortit de la pièce et Louis relâcha aussitôt la pression. Il courut au chevet de son meilleur ami et caressa doucement ses cheveux, sachant à quel point ce geste l'apaisait.

- Tu vas bien ?

- J'ai mal partout mais maintenant qu'il est plus là ça va mieux...

- C'est donc lui qui vous a agressé ?

Éric hocha la tête pour répondre au policier. Christophe vint se placer à ses côtés avec un petit carnet et lui demanda de tout raconter en détail, afin qu'il puisse enregistrer sa déposition. L'asiatique fut un peu réticent au début, ne voulant pas le faire devant Louis. Mais en même temps, il ne voulait pas que l'avocat le laisse seul. Alors il raconta ce qui s'était passé le matin même, sans omettre un seul détail. Les deux agents le remercièrent et lui souhaitèrent un bon rétablissement avant de sortir la pièce, non sans lui avoir promis qu'ils s'occuperaient de tout.

- Tu m'as fait peur, chuchota le roux une fois qu'ils furent partis.

- Désolé... Je ne pensais pas qu'il serait... comme ça.

- Ce n'est pas de ta faute, Éric. On ne peut jamais vraiment savoir qui sont les gens.

- Toi, je sais qui tu es.

- Non, tu ne sais pas.

Le médecin laissa ses yeux noirs plongés dans ceux de son ami, curieux de savoir ce qu'il entendait par là. Louis rougit, maudissant sa peau si pâle de le trahir ainsi, et il détourna le regard. Il ne devait pas oublier ce qu'il s'était dit en venant ici. Il devait tout avouer à Éric. Tout ça n'avait que trop duré. Il l'aimait, il lui disait, et advienne que pourra. Il prit une grande inspiration et chuchota :

- Je... je suis tombé amoureux de toi.

- Tu... tu es quoi ?

- Amoureux de toi, répéta le roux un peu plus fort.

Éric ouvrit la bouche. Et la referma. S'il s'attendait à ça. Pourtant, il voyait dans le regard de Louis qu'il était sincère. Il voyait à ses joues rouges qu'il était gêné et que lui-même ne comprenait pas parfaitement ce qui lui arrivait. Il avait l'impression de rêver. D'être mort et que le paradis c'était de vivre aux côtés de la personne qu'il avait le plus aimé dans sa vie. Pourtant, il sentait toujours une douleur dans ses côtes, comme un rappel qu'il était bien vivant. Bien vivant et aimé.

- Tu... Tu peux dire quelque chose ?

- Je suis dans le plus beau rêve du monde, Louis. Ne me réveille surtout pas.

Louis haussa un sourcil en regardant son sourire béat et il explosa de rire. Il était décidément beaucoup trop sérieux. Mais après tout, c'était ce qui faisait son charme.

- Moi aussi, je suis amoureux de toi. 



HEEEEEEEYYYYY ! 

Je suis (enfin) de retour ! Désolée pour cette très longue absence durant le confinement ! 

J'espère que ce petit chapitre vous plaira !

Des bisous !!

Un Bouquet de RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant