14 février 2003
Louis fixait la boîte entre ses mains, un grand sourire aux lèvres. Il avait le meilleur cadeau de Saint-Valentin juste sous les yeux. Comme il était heureux ! Il accéléra le pas en la rangeant dans sa mallette. Le temps était passé si vite depuis qu'il était avec Éric... En trois ans, leur couple avait peu à peu évolué. Il avait appris à assumer et à oser se montrer main dans la main avec un homme. Désormais, la famille de Sarah était elle aussi au courant qu'ils étaient ensemble, mais la nouvelle n'avait pas semblé les choquer. Certes, le voir refaire sa vie sans leur fille avait été dur, mais il ne pouvait pas souhaiter son malheur. Et puis... Il y avait leurs sourires quand ils se regardaient, si rayonnants, et rien ne semblait pouvoir les atteindre. Rien, si ce n'est que l'État refusait à Éric le droit d'adopter Aaron et que ça leur brisait le cœur.
Il passa la porte de leur toute nouvelle maison, toujours de bonne humeur. Ils avaient emménagé il y a de ça quelques mois dans cette spacieuse maison un peu en périphérie de la ville. Ils s'en étaient rapprochés pour éviter d'avoir trop de route à faire chaque jour. Aaron avait eu du mal à quitter leurs voisins, Jean et Christian, alors ils allaient les voir certains week-end.
- Bonjour, papa !
- Coucou, petit prince... Tu as passé une bonne journée à l'école ?
Le jeune garçon, âgé de huit ans maintenant, hocha la tête avant de reprendre ses devoirs. L'assiette de gâteau abandonnée à ses côtés sur la table de la cuisine lui permit de deviner qu'il avait goûté en rentrant de son école. Le roux retira tranquillement sa veste puis alla déposer ses affaires dans son bureau avant de rejoindre son fils. Il commença à se préparer un chocolat chaud et lui demanda :
- Appa a appelé ?
- Non, mais je crois qu'il a eu pas mal d'opérations aujourd'hui...
- Parfait, ça veut dire qu'il ne va pas rentrer trop tôt ! Je vais pouvoir lui préparer sa surprise de Saint-Valentin !
- Beeeeeurk... Je peux pas aller chez tonton Paul ?
- Oh que non, rigola Louis en posant une tasse devant lui, ça te concerne aussi.
Le petit roux haussa un sourcil, tentant de savoir ce que mijotait son père. Mais ce dernier se contenta de lui répondre par un sourire mystérieux avant de lui demander ses devoirs pour les vérifier.
~~~
Quand Éric poussa la porte de la maison, il la trouva plongée dans la pénombre. Un léger sourire naquit sur ses lèvres et il serra le bouquet de roses qu'il avait acheté contre lui. Il avait encore fait dans la démesure, avec son énorme bouquet de roses rouges, mais il adorait voir la tête de Louis quand il apparaissait derrière les fleurs. C'était le meilleur moment de la Saint-Valentin ! Bon, il y avait aussi le sourire des infirmières et infirmiers de son service quand il leur offrait une rose pour les remercier de leurs services, mais ça ne valait pas Louis. Rien ne valait Louis, de toute façon. Il retira rapidement ses affaires et alla dans la salle à manger, où il découvrit une jolie table.
- Bonsoir, mon amour, susurra une voix dans son oreille alors qu'un corps se collait dans son dos, joyeuse Saint-Valentin.
- Joyeuse Saint-Valentin, Louis, répondit-il dans un sourire.
Il se retourna et tendit le bouquet à son compagnon qui s'empressa de le mettre dans un vase non loin. L'asiatique entendit des petits pas venir du salon et son sourire s'agrandit encore plus quand il vit Aaron arriver vers lui. Il le prit dans ses bras en le saluant, avant de se diriger vers la table. Il déposa le jeune roux dans sa chaise avant d'aller à sa place. Louis en profita pour aller chercher rapidement le repas dans la cuisine.
- Hum, Louis, ça sent le Bulgoji !
- C'est ça, j'ai appelé ta mère pour avoir la recette, répondit l'avocat en posant l'assiette de bœuf grillé avec des légumes sautés devant lui.
- Aaaah trop génial !
Louis pouffa très légèrement. Son amant avait une forte tendance à s'émerveiller devant les petites choses de la vie et c'était parfois assez marrant. Mais en général, il essayait de s'émerveiller avec lui, parce qu'il avait remarqué à quel point ça lui faisait du bien. Et ça lui permettait aussi d'exprimer un peu plus facilement ses émotions...
Ils mangèrent tous les trois en discutant joyeusement de leurs métiers mais aussi de l'école avec Aaron. Le petit était un bon élève et rêvait déjà d'être avocat comme son papa et sa maman. Il faisait des progrès hallucinants au piano, et ses professeurs étaient très fiers de lui. Mais, au grand désespoir de Éric qui s'en inquiétait, il ne semblait pas avoir énormément d'amis. Il espérait que cela se règle avec le temps et il n'osait pas trop interférer dans sa vie. Il ne voulait pas que les autres enfants se moquent de lui parce qu'il avait deux papas...
- Bon ! J'ai quelque chose d'important à vous montrer, s'exclama l'avocat à la fin du repas.
- Important ? Qu'est-ce que c'est ?
- Mon cadeau de Saint-Valentin, si on peut dire, répondit-il en lui tendant la boîte.
Son amant leva un sourcil en la prenant, avant de l'ouvrir. L'anneau en argent où étaient finement gravées leurs initiales qu'elle contenait le laissa bouche-bée. Des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues mates alors qu'il tentait de trouver les mots justes.
- Je sais qu'on ne peut pas encore espérer un mariage mais... en attendant, tu veux bien te pacser avec moi, Éric ?
- B-Bien sûr ! Ce... c'est... merci...
- Tu n'as pas à me remercier, voyons, chéri...
Éric ne put s'empêcher de pouffer avant d'enlacer Louis. Ce dernier répondit à son étreinte en embrassant son front. Il sentait le regard de Aaron peser sur eux avec curiosité. Il se fit la promesse de tout lui expliquer un peu plus tard, une fois que l'euphorie du moment serait retombée...
En attendant, il y avait un homme dans ses bras qu'il avait très envie d'embrasser, sans se douter que dix ans plus tard il pourrait enfin se marier avec lui...
VOUS LISEZ
Un Bouquet de Roses
RomanceLouis a une vie bien construite. Marié à une femme magnifique et père d'un jeune garçon, tout semble lui sourire. Jusqu'au jour où il reçoit un appel de l'hôpital qui va faire basculer sa vie et le laisse seul avec Aaron. Seul ? Non, pas tout à fai...