2 - Prendre des nouvelles

633 61 11
                                    

     Il se souvenait des autres Mythes, et de ses anciennes vies. Tout comme un doux rêveur ne pouvant se défaire réellement de ses songes, il continuait malgré tout de se raccrocher à ses vies passées, dans l'espoir de se consoler de celle-ci.

     Il se souvenait des maisons où il avait vécu, bien plus chaleureuses et accueillantes que l'appartement froid dans lequel il vivait actuellement. Il y avait tant de choses qui lui manquait de sa première vie. Cela allait des simples repas que lui faisait sa mère, jusqu'aux fleurs aux couleurs chaudes qu'il cueillait à-même le sol de son jardin. La chaleur du soleil. Les été à n'en plus finir. Les couleurs chatoyantes de l'automne. Les marrons chaud lorsqu'il l'hiver le plus froid était là. Le chemin de pierre qu'il empruntait pour se rendre au marché.

     Il savait que sa première vie n'avait pas été de tout repos, mais s'il voulait la comparer à d'autres, il devait reconnaitre que la première avait été très bonne ; peut-être même la meilleure. Malgré ses quelques encombrements ; il se souvenait que son sens de l'orientation avait toujours été atroce, mais également du...

     Un livre s'abattit sur sa tête.

« Bishop ! cria une voix dans ses oreilles, les heures de retenues ne sont pas faites pour palier un manque de sommeil !

     Clyde essuya le filet de bave qui avait coulé sur sa joue et son menton et se redressa tant bien que mal sur sa chaise. Dehors, le ciel gris et couvert de nuages s'obscurcissait peu à peu. Il pouvait sentir de sa chaise l'humidité de la pièce et celle de l'extérieur, sans compter les égouts qui semblaient avoir une énième fois remontés un peu trop, octroyant à tout le monde une odeur nauséabonde.

     Il s'attela à la dissertation qu'il avait laissé juste avant de s'endormir et tenta de s'y consacrer pleinement. Autant que ses heures de colles servent à quelque chose.

— Eh, Bishop ! murmura une voix à côté de lui.

     Clyde attendit que le professeur qui gérait la salle des collés soit suffisamment loin pour se tourner vers son interlocuteur. Il s'agissait de Warren, l'un des élèves qui l'avait agressé il y a quelques années, et qui n'avait cessé de redoubler. Maintenant, il avait un nez tordu.

— Tu rêvais de quoi ? De ton copain qui te la mets profond ?

     Clyde le dévisagea.

— Tu regardes des mecs dormir ? C'est assez malsain, ça, finit-il par répondre.

— Putain, tu paies rien pour attendre, répondit-il visiblement vexé par la réponse de Clyde.

     Le professeur se tourna vers eux.

— Eh, pas de bavardages ! C'est une salle de colle, pas une salle de repos !

     Warren se pencha vers lui.

— Je t'ai loupé une fois, mais je te jure que c'était la seule fois, Bishop, murmura-t-il.

— Désolé, répondit Clyde, t'es pas mon type. Je les préfère avec des engins plus gros et grands que le petit asticot qui pend entre tes deux jambes.

     Warren se leva brusquement et Clyde eut malgré lui un mouvement de recul. Après tout, il faisait une tête de plus que lui, et sa cuisse faisait la taille du biceps de Warren.

Une règle en bois s'abattit sur la table de ce dernier.

— Félicitations monsieur Brooks, vous venez de gagner une semaine supplémentaire de colle, et septembre n'est même pas écoulé. Vous battez des records au fil des années.

Warren ouvrit la bouche pour protester, avant de la refermer lorsqu'il aperçu le regard tranchant du professeur. Clyde en profita pour lui adresser un doigt d'honneur.

Il était deux fois [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant