Il était deux fois [MxM]

30 - L'intrus, le code et la cave

     Misaki avait envie d'éternuer. Depuis quelques minutes, elle sentait la poussière s'accumuler dans ses narines, et elle devait faire preuve d'un énorme self-contrôle pour ne pas faire foirer leur couverture.

     Duncan, lui avait les yeux fermés et il tentait d'écouter le moindre son. Manque de chance, il ne semblait y avoir qu'une seule personne, qui bien entendu n'ouvrait pas sa bouche pour parler à haute voix. Il entendait vaguement les battements de son cœur, relativement calme, et ses pas. Pour l'instant, il était au rez-de-chaussée, dans la cuisine. Il croisait ses doigts pour que ce soit juste un humain, un simple voleur voulant trouver quelque chose ayant de la valeur dans la maison déserte. Enfin, pas si déserte que ça...

     Clyde, quant à lui, tentait vainement de se calmer. Il était vrai que n'importe où, il n'était jamais enfermé ou dans le noir complet. Même chez lui, quand la porte de sa chambre était fermée à clé, il y avait toujours sa fenêtre qui lui donnait une source de lumière, même faible. Là, ils étaient dans le noir total, et il se sentait transpirer d'angoisse. Il eut un léger sursaut lorsqu'il sentit les doigts du Loup effleurer le dos de sa main. Clyde tourna sa tête pour tomber sur une paire d'yeux jaune, luisants dans le noir. D'un geste tremblant, il entrelaça ses doigts à ceux de Duncan, sans quitter ses yeux.

     Duncan se tendit lorsqu'il entendit les marches de l'escalier grincer sous le poids de l'intrus. Il sentit ses deux acolytes se tendre ; l'intrus était suffisamment près pour qu'ils l'entendent eux aussi. Clyde et Misaki se concentrèrent. Si c'était un Mythe ou une Némésis, ils le sentiraient forcément, de même que Duncan.

     L'intrus sembla fouiller longtemps dans la maison, comme s'il cherchait quelque chose. Il passa plusieurs fois sous la trappe qui menait au grenier sans pour autant s'y arrêter. Les trois adolescents l'entendirent râler, piétiner le sol puis redescendre sans prendre le temps de se faire discret. Qui que ce soit, il n'avait pas trouvé ce qu'il était venu chercher.

     Duncan tendit l'oreille pour être sûr que l'intrus était reparti. Ses bruits de pas écrasèrent l'herbe sèche et il avait du employer la même méthode qu'eux ; garer son véhicule plus loin pour ne pas attirer l'attention. Le Loup souffla et incita Clyde à lâcher sa main pour qu'il puisse ouvrir la trappe. Par sécurité, il fit dépasser sa tête de la trappe, observa les alentours et une fois qu'il fut sûr que la maison soit vide, il fit signe à ses deux autres acolytes qui soufflèrent de soulagement.

« C'était qui ? demanda Misaki en murmurant, c'était pas un Mythe en tout cas.

— Pas non plus une Némésis, ajouta Duncan.

     Les trois adolescents soupirèrent.

— Alors c'était juste un humain ? Mais il voulait quoi ? demanda Clyde.

— Je n'en sais trop rien... Bon. Puisqu'on est au grenier, y'a quelque chose d'intéressant à voir ? dit Misaki.

     Duncan se servit de ses yeux de Loup et regarda autour de lui. Le grenier était rempli de vieux meubles cassés, de vieux journaux et de vieux vêtements sous plastique. Le Loup se releva et s'épousseta.

— Rien d'intéressant ou qui sorte de l'ordinaire.

     Misaki râla.

— Je ne comprend pas. Toutes les photos, sans aucune exception, pointent vers le haut. J'me disais que le grenier était une bonne idée pour cacher des choses.

— C'est une bonne idée, mais c'est une idée qu'un simple humain aurait pu avoir. Il faut qu'on pense comme un Mythe, ou comme Hansel, dit Clyde en réfléchissant à haute voix.

— C'est-à-dire ? demanda Duncan.

     Clyde se redressa, un peu plus confiant lorsqu'il vit que Duncan ouvrait la trappe et faisait descendre l'échelle.