Chapitre 2

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-Allez, viens en cours, insiste ma sœur en me tirant le bras.

-Non.

-Tu vas rater ton bac sinon !

-Je l'ai déjà raté.

-Quel optimisme, dit-elle en soupirant.

Elle se met soudain à me dévisager, tout sourire.

-Ce serait dommage que tu ne me vois pas de la journée, tu crois pas ?

A mon tour de la dévisager.

-Comment ça ?

-Je vais chez un ami, ce soir.

-Hors de question ! Notre père ne sera jamais d'accord, de toutes façons.

-Peut-être que j'ai un peu modifié l'histoire en disant que j'allais chez Léa...

Je sers les dents. Déjà que je n'aime pas qu'elle aille en boîte, mais alors qu'elle reste seule avec un garçon, c'est cent fois pire !

-S'il-te-plait, dit-moi qu'il a au moins quatre ans de moins que toi, que tu vas seulement faire du babysitting.

Elle appuie sur mon nez, fait un bruit bizarre.

-Négatif ! C'est un terminal. Il est su-per sexy.

Elle se met alors à rêvasser, ce qui m'agace au plus haut point.

-Je t'interdis d'aller chez lui.

Elle pose ses mains sur ses hanches.

-Tu n'as rien à m'interdire. Il est nouveau ici. D'ailleurs, ça m'étonne que tu ne m'en ai même pas parlé.

Je n'étais simplement pas au courant qu'il y avait un nouveau, mais je ne le lui en fait pas part.

-Il était seul, reprend-elle, alors en super femme que je suis, je suis venue le voir, et on s'entend super bien !

-Qu'il vienne ici.

-Pardon ?

Je me lève de mon lit, ouvre la fenêtre.

-Je veux qu'il vienne ici, pour voir à quoi il ressemble. Sinon, tu ne le verras pas du tout. Il est hors de question que...

-Tu me laisses aller chez lui, bla bla bla...

Je me tourne vers elle, fronce les sourcils.

-Je suis sérieux.

-Mouais, il faudra que je le prévienne. Après tout, c'est mieux que rien.

Je sens son regard sur moi, mais je fixe l'horizon.

-Comme tu voudras, moi, je dois aller en cours. A tout à l'heure, frérot !

-Ne m'appelle pas...

Elle est déjà partie. Comment fait-elle pour être si énergique... On dirait qu'elle est branchée sur 10 000 volt, et qu'elle a la recharge rapide.

Deux heures plus tard, j'enfile ma veste et sors de chez moi. Je demande à mes amis s'ils peuvent sortir, mais ils sont tous en cours. Je prends alors le bus pour aller en centre-ville, rôdant sans trop de raisons dans les rues bondées de cette grande ville. La présence des gens m'apaisent. Bien sûr, eux sont pressés, désagréables, ils ne prennent pas conscience de ce qui les entoure, de la chance qu'ils ont de tout avoir autour d'eux. Alors, je savoure ce qu'eux n'arrivent pas à savourer. J'essai de leur voler cette infime partie de bonheur qu'ils piétinent chaque jour, histoire de me sentir vivant.
Mon ventre finit soudain par gargouiller, et je ressens instantanément une faim immense. Je marche jusqu'au vendeur de sandwichs du coin, où attendent déjà deux/trois personnes.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant