Chapitre 3

259 9 7
                                    

J'attends, assis sur mon lit, les genoux relevés contre ma poitrine. Ma respiration est trop rapide, et Julie me perturbe à courir de partout en attendant l'arrivée de son ami. Quant à moi, je ne suis pas à l'aise, et je redoute ce moment. Je ne sais pas si je dois me réjouir que mon père soit à un dîner ce soir. Peut-être qu'il aurait été d'accord avec moi, pour une fois.
Quand il sonne, je sursaute, et ma sœur lève un sourcil, interrogée.

-Bonjour, dit-elle avant d'ouvrir la porte d'entrée avec l'interphone, qui est-ce ?

-Mmmh, je ne m'attendais pas à cette question... Attends, je la refais.

Il re-sonne.

-Oui ?

Sa voix retentit dans l'interphone.

-Bonsoir Madame, nous distribuons des prospectus en rapport avec Dieu. Que vous soyez chrétiens ou pas, aucun soucis, mais sachez que Dieu vous aime et est prêt à vous accept...

-Je t'ouvre, dit Julie en riant.

Il la fait rire. J'ai l'impression que ma sœur ne rit jamais comme ça avec moi.
Je me lève, me mets face à la porte, les bras croisés. Quand on entend ses pas sur le palier, Julie ouvre la porte. Son visage s'illumine, ainsi que celui de Zack.

-Salut, toi ! dit-il en prenant Julie dans ses bras.

-Avec le coup du témoin de Jéhovah, j'ai bien faillit ne pas te laisser entrer.

-Tout le monde aurait fait ça.

Il lâche Julie et lève la tête vers moi.

-Tiens tiens...

-Enchanté, je dis en tendant ma main. Liam.

Son visage affiche soudain un air triste, avant qu'il se reprenne.

-Hum, Zack, dit-il en me serrant la main.

Il me dévisage, et j'essaie de rester sérieux, aussi neutre que possible. Il lâche finalement ma main, se racle la gorge.

-Viens dans ma chambre ! dit Julie.

-Laisse la porte ouverte ! je crie tandis qu'ils sont déjà partis.

Je soupire, retourne dans ma chambre. Je mets mon casque et le garde une bonne demi-heure, en prenant soin de mettre le volume au plus bas. Quand je n'entends plus la voix perçante de Julie, je l'enlève et avance lentement jusqu'à sa chambre. Je discerne quelques mots, qui prennent formes quand je m'approche plus près. Je m'arrête.

-J'aime bien mon frère, tu vois, dit-elle d'une petite voix, mais parfois, j'ai l'impression de ne rien pouvoir faire. Il me surprotège, il a peur que je disparaisse comme notre mère. C'est étouffant.

-Tu sais qu'il fait ça pour ton bien, commence Zack que j'avais presque oublié. C'est normal qu'il s'inquiète, tu es sa petite sœur, et ça prouve qu'il t'aime beaucoup. Je comprends que ça soit étouffant, mais vois le bon côté des choses, tu as ton frère auprès de toi.

Julie baisse la tête, je le vois par la porte entrouverte.

-Excuse-moi, je dois aller au WC, annonce Zack en se levant.

Merde, merde.

-Pas de soucis, c'est au bout du couloir, à gauche.

Je fuis dans ma chambre, mais il est déjà là avant que je ne puisse entrer.

-Tu nous écoutais ? demande-t-il, déçu.

-Qu'est-ce que ça peut te faire ? je crache d'un air hautain.

-Tu peux faire comme si tu ne me connaissais pas si ça t'excite, mais ne me parle pas comme ça.

Il avance jusqu'aux toilettes puis annonce en baissant la tête :

-Je ne te voyais pas comme ça.

Puis il entre.
Je regarde la porte sans trop comprendre. Le fait de l'avoir déçu me sert le cœur. Au quotidien, je m'en moque, mais lui a l'air vraiment touché.

-Tu l'aimes bien ? demande une voix dans mon dos.

Je pousse un cri de surprise, me retourne.

-Non !

Julie lève un sourcil.

-Enfin, oui. Oui oui, je pense que tu peux lui faire confiance, il a l'air sympa.

Elle sourit, m'enlace.

-Merci.

Elle lève la tête vers moi, me fixe.

-Ça veut dire qu'il pourra revenir ?

Et merde.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant