Chapitre 8

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-Comment ça, un voyage ?

Mon père pince les lèvres en serrant les mains, pendant que les yeux de ma sœur s'illuminent. Nous sommes tous les trois autour de la table de la cuisine, ce qui n'arrive... jamais, en fait.

-Ce n'est pas vraiment un voyage, reprend mon père, mais ça nous fera sortir de cette maison pendant les vacances. J'ai posé des congés, ça nous permettra de passer plus de temps ensemble.

Ma douleur me relance soudain, comme si elle voulait me rappeler que mon père est un connard. Passer du temps ensemble ? Et puis quoi encore ? Il s'en est toujours bien tapé, d'où ça lui sort ?

-On va où ? demande Julie, toute excitée de fuir cet endroit.

Après réflexion, ça ne me ferais pas de mal non plus de quitter un peu la ville. Je ne suis en bon terme avec personne en ce moment, je pourrais peut-être me reposer et réfléchir tranquillement.

-Dans le sud, à la mer.

-Yes ! crie Julie en se levant.

Elle rejoint mon père et l'enlace en le remerciant. Quant à moi, je prends soin de rester à ma place.

-On part quand ? je demande en fuyant son regard.

-Demain.

*

-Papa, c'est magnifique !

Mon père affiche un grand sourire, ce qui me déstabilise. C'est tellement rare que c'en est devenu une légende.
Ma sœur court jusqu'au bord de l'eau quand on arrive sur la plage jusqu'à ce que ses pieds soient dedans. Elle s'arrête, admire. Je suis mal à l'aise d'être seul avec mon père, alors je la rejoins et l'attrape. Elle crie en riant, puis me supplie de ne pas la jeter dans l'eau habillée. Je la repose et la laisse enlever ses vêtements sous lesquels son maillot de bain rose fluo se trouve déjà. Elle les emmène à l'emplacement que notre père a choisit puis revient me voir, méfiante. Je fais comme si je ne l'avais pas remarquée avant de soudainement lui courir après. Elle reprends ses cris beaucoup trop aigus et court sur le bord de la plage. Je me stoppe et enlève mes tongs avec lesquelles je n'arrive pas à courir, et à ma grande surprise, Julie s'arrête aussi. Elle s'approche de moi avec un regard triste, ce qui m'inquiète.

-Ça va ? je demande.

Elle s'approche encore plus près jusqu'à me faire perdre l'équilibre et tomber dans l'eau.

-Putain, Julie ! T'as pas une sensation de déjà vu ? En plus, je t'avais laissé enlever tes fringues, moi !

Elle rit. Je me relève jusqu'à ce qu'une vague me fasse a nouveau perdre l'équilibre. Des vagues dans la mer, on aura tout vu ! Même les éléments sont contre moi !
Je me mange le sable dans la tête et aperçois vaguement Julie se bidonner à côté. Elle finit par me tendre la main pour me sortir de cet enfer. Je l'attrape et pars vers nos affaires en m'indignant. Ça y est, je suis énervé.
Je m'assois sur ma serviette aux côtés de mon père et inspire cet air plus ou moins pollué. Je fais tout pour éviter son regard ou une discussion en fixant l'horizon, mais ça ne marche pas.

-Fiston ?

Je ne réponds pas. Il soupire.

-Tu sais... On a parfois des disputes un peu violentes. Je ne me contrôle pas toujours. C'est comme si quelqu'un prenait possession de moi.

-Ça m'fait une belle jambe, je crache.

-Je suis au bout du rouleau, continue-t-il sans prendre compte de ma réponse, et je suis tout le temps énervé, même pour des choses totalement ridicules. Tout m'exaspère. Je voulais... m'excuser. Ce n'est pas volontaire que j'agisse comme ça avec toi.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant