Chapitre 18

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Voilà deux semaines que je suis chez Zack, et aucune trace de son père. Je ne sais pas quel métier il exerce, mais je peux ressentir la solitude de Zack. Rester seul chez soi, sans même un frère ou une sœur à qui parler... Je ne pourrais pas vivre ça.
Zack sort de la cuisine et m'apporte une tasse de café. Je sors mes mains du plaid et la prend doucement. Il fait un léger sourire et s'assoit à côté de moi, me caresse le dos.

-Comment ça va ? demande-t-il.

Je n'en ai aucune idée. Je me sens toujours aussi vide et dénué d'émotion. J'arrive à prendre un peu plus de recul sur ce que j'ai vécu, mais je tremble à chaque fois que j'y repense. Cependant, je ne veux pas inquiéter Zack. Il est là pour moi et je vois tous ses efforts pour me remettre sur pied.

-Mieux, je souffle finalement.

Je porte la tasse chaude à ma bouche en fuyant son regard pour ne pas avoir à l'affronter. Il sait quand je mens. Du moins, la plupart du temps.

-Tu... Tu veux qu'on en parle ?

Je fais non de la tête.

-Liam... Je sens que tu ne vas pas bien. Je te comprends parfaitement, mais je pense que ça te ferais du bien qu'on en parle. Il faut que ça sorte.

Je soupire, pose la tasse sur la table basse. Je me lève et il me regarde, incompréhensif.

-Je vais bien, je te dis. Je t'assure. Tout ça c'est derrière moi, ça ne sert à rien de remuer mes douleurs du passé.

Il me lance un regard triste. Je lui souris alors et essaie de m'échapper de cette situation gênante.

-Je vais prendre une douche.

Je me dirige vers la salle de bain quand Zack m'attrape la main.

-Je t'aime, lance-t-il, l'air vraiment perturbé.

Je le regarde sans trop savoir quoi répondre. Je finis par hocher la tête avec un léger sourire, puis il me lâche la main.
Je me déshabille et entre dans la douche. J'allume l'eau et déclenche le pommeau avant qu'elle ne soit chaude, ce qui me fait lâcher un juron. L'eau finit par se réchauffer, et je peux enfin la laisser couler sur mon corps. La douche de Zack n'est pas très grande, ce qui parait étonnant en voyant le reste de sa maison.
Je m'empare du shampoing et commence à frotter mes cheveux, quand un flashback me prend. Jordan en train de me tirer les cheveux pour me forcer à faire quelque chose que je ne veux surtout pas faire. Moi, les larmes aux yeux, avec cet impression de mourir de l'intérieur.
J'enlève rapidement mes mains de mes cheveux et les regarde. Je sens quelque chose en moi monter et grossir, jusqu'à exploser. Alors je fonds en larmes. Je m'assois dans la douche et colle ma tête à mes genoux, les enroulent de mes bras. Je n'arrive pas à oublier. Chaque jour c'est pareil. Chaque minute, chaque seconde. Cette scène fait à présent partie de moi et y restera jusqu'à la fin de mes jours. Je ne peux m'en défaire, et c'est une souffrance que personne ne peut comprendre. Même pas Zack, qui frappe à la porte depuis cinq minutes en me demandant si tout va bien.

-Ça fait un moment que l'eau coule. Réponds-moi Liam, tout va bien ?

Je ne lève pas la tête, ne cille même pas quand je l'entends défoncer la porte. Je ne l'entends pas à cause de bruit de l'eau mais le sens s'approcher de moi. Il s'accroupit face à moi et enroule ses bras autour de mon corps. L'eau lui tombe dessus ainsi que sur ses vêtements, et ils deviennent rapidement trempés. L'étreinte de Zack est forte et pleine d'amour, d'empathie, mais également de tristesse et de culpabilité. Il ne lâche pas et reste dans cet position pendant dix, trente minutes, peut-être une heure. Ma conception du temps est parti avec mon estime de moi-même.

Sous son emprise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant